je ne suis pas tout à fait d'accord avec votre définition, ou vos définitions, de la liberté. Surtout qu'apparemment, cela dérive uniquement sur le "social" ou la "pseudo-liberté".
Pour prendre ton exemple Dragon de prisonniers, on ne se place là alors que sur le plan de la liberté physique.
Car finalement, qu'enlève-t-on aux prisonniers à part le pouvoir de se déplacer physiquement ?
Dans nos sociétés occidentales, les prisonniers ont même la possibilité de faire des études par exemples, et n'est-ce pas une liberté de l'esprit ?
Dans des cas plus extrêmes encore, des gens innocents incarcérés, ont été privés de liberté "physique", je pense plus particulièrement aux populations juives incarcérées dans des camps par l'ignominie nazie, oui certes, ils n'étaient plus libres, mais leur a t-on enlevé l'essentiel ?
Ces gens étaient encore libres d'être dignes.
Et aussi incroyable que cela puisse paraître, certains avaient un comportement qui allait même au delà du courage et de la dignité. Ils n'étaient pas "enfermés" spirituellement. Ils étaient maltraités, mais n'ont jamais oublié qu'ils étaient libres mentalement.
Et à leur sortie (pour ceux qui en sont sortis), ils étaient maigres à faire peur, malades, amoindris mais en aucun cas, jamais, ils n'ont perdu leur liberté véritable et profonde.
Les monstres en uniforme pouvaient parader, ils étaient moins dignes que le plus malingre des rescapés, tout simplement parce que la liberté à un prix.
Elle n'est pas due, elle se gagne, c'est ce qui fait sa valeur.
Je suis assez d'accord avec Etaï-Lion lorsqu'il dit que la liberté dépend de nos perceptions et qu'elle est relative.
Par contre, j'ajouterais simplement que cette liberté, si elle ne procède pas d'un parcours personnel intérieur, elle ne vaut rien.
Libre de quoi ? De rien en fait à la base.
D'un point de vue social, la liberté n'existe pas. Il faut bien travailler à l'école, puis il faut travailler pour gagner de l'argent, puis il faut payer pour avoir de l'eau, de l'électricité, un toit, etc...
Nous sommes plus libres de nos agissements, c'est certain, que le prisonnier moderne, mais sur un plan social, je ne vois pas en quoi nous avons plus de liberté que lui.
Les règles paraissent plus souples parce qu'elles sont assimilées, mais elles n'en sont pas moins présentes. Si l'on se réfère aux seules règles sociales, la liberté n'est nulle part, puisque le principe d'une société, c'est justement d'imposer des règles à chacun pour le bien-être de tous.
Dans ce cas là, seuls les parias pourraient être considérés comme véritablement "libres" puisqu'échappant aux règles sociales.
Or, la liberté véritable ne se situe certainement pas pour moi dans les règles sociales que nous suivons.
C'est au contraire des carcans (utiles et nécessaires, mais carcans tout de même).
Si l'on ne situe pas la liberté dans la seule liberté physique ou sociale, il faut alors aller la chercher dans le domaine spirituel, bien plus complexe mais probablement plus satisfaisant sur le long terme.
Cela veut donc dire, se sentir libre malgré les nombreuses contraintes imposées par l'extérieur.
Je continue sur l'exemple du prisonnier de Dragon :
si l'on considère qu'il est le moins libre d'entre nous, comment définir alors le plus libre ?
Le prisonnier ne peut aller nulle part, les autres décident pour lui des moindres choses, de ses repas, etc...
Celui qui peut le plus voyager et décider de quand il mange serait donc a priori le "plus libre" ?
Vous pouvez voyager où et quand ?
Demain ? Là tout de suite, quand vous en avez envie ?
Non, il faut prendre un congé pour cela.
Vous pouvez manger à l'heure que vous voulez ?
Cela dépend des boulots bien sûr, mais en règle général, c'est plutôt entre 12 et 13h00 non ?
Alors, où est la différence profonde avec le prisonnier ?
Vous pouvez regarder la télé le soir ?
oui, le prisonnier aussi...
La société étant un ensemble de règles, définir la liberté par rapport à elle revient à dire qu'elle n'existe pas. Ou alors seulement en se mettant au dehors de celle-ci, ce qui n'est pas forcément la meilleure chose à faire pour la plupart d'entre nous.
La liberté, profonde, véritable, unique, viscérale, incompressible, c'est celle de l'esprit. D'ailleurs le simple concept de "liberté" est purement spirituel, tout le reste n'est qu'ersatz et faux semblants.
Bien sûr qu'être banquier à Paris ça aide déjà plus à se sentir libre plutôt que d'être clodo à petzouille-les-oies, mais au fond de nous, on se rend bien compte que s'il n'y a pas ce "petit truc" en plus, cette façon d'envisager ce qui nous entoure, ce besoin d'universalité, alors on a beau être plein de pognon et sans murs physiques qui nous entourent, nous ne sommes pas libres pour autant.
Jean-Paul Sartre a écrit : " Etre libre, ce n'est pas pouvoir faire ce que l'on veut, mais c'est vouloir ce que l'on peut".
Rien ne me parait plus juste que ces mots...et vouloir ce que l'on peut, cela ne dépend plus de l'argent ou des murs qui réduisent votre espace physique. Cela dépend de l'esprit. De lui seul découle la liberté.
|