Si un Chastel était responsable de quelque chose, ce serait plutôt Antoine, l'un des fils de Jean. Hirsute, un peu garde chasse, un peu ermite, il a plusieurs fois côtoyé le chemin de la Bête.
Un jour, il a essayé de persuader plusieurs femmes de traverser un bois pour aller plus vite. Heureusement pour elles, elles ne l'ont pas fait. La Bête rodait justement dans ce bois. Hasard ou autre chose ?
Maia87 a écrit:
« Cavaliers »...Comme ce fameux « cavalier » qui a accompagné la Bête à cheval le long d'une route, en la guidant avec un bâton...Jusqu'à ce que les deux comparses arrivent à une ferme, et que la Bête saute dans le jardin pour attaquer une fillette de 11 ans.
Je ne pensais pas à lui, mais oui. 28 janvier 1765, à Lastic. A coups de gourdins, le cavalier parvient à lui faire lâcher prise à trois reprises. L'arrivée des villageois à cet instant met la Bête en fuite.
Je ne le vois donc pas comme un complice de la Bête, mais comme un naïf qui a cru la contrôler.
Je pensais plutôt à des témoignages comme ceux-là :
- 16 avril 1765. La Bête attaque un homme à cheval et le désarçonne. Le cavalier parviendra à se défendre contre l'animal avec un gros bâton ferré. Ne parvenant pas à le mordre, la Bête se retire lentement, en montrant les dents.
- 1er mai 1765. Vers 18 heures, dans les pâturages du Marlet, l'aîné des frères La Chaumette aperçoit la Bête se diriger vers un vacher de 15 ans qui garde le troupeau. Il s'arme aussitôt avec son frère aîné pendant que le troisième frère, prêtre, se dirige vers la Bête pour la rabattre. Mais l'animal s'éloigne dans la direction opposée avant que les La Chaumette soient en position. Heureusement, des paysans lui coupent la route. L'un des frères la tire alors à 67 pas. La Bête tombe et roule deux ou trois fois mais se relève. Un deuxième coup de feu la projette contre un rocher. Une fois encore, l'animal se relève et s'enfuit. Les frères La Chaumette, parmi les chasseurs les plus réputés de la région, la poursuivent en vain jusqu'à 21 heures. Mais, enfin, la Bête est blessée (au côté droit du cou, déclarent deux paysans qui la voient passer). Elle laisse de nombreuses traces de sang.
- 10 juillet 1765. Près du hameau de La Besse, la Bête se jette sur deux Clarisses, des religieuses mais des laboureurs la mettent en fuite.
Là, j'interpole un peu mais ces braves nonnes étaient souvent des nobles qu'on ne pouvait se marier faute de dote et qui finissaient au couvent. Certaines y entraient quand même de leur plein gré.
- 20 mars 1766. Antony de Salsettes est attaqué près de Julianges par la Bête alors qu'il est en selle. Il devra son salut à Jean-Pierre Pourcher, aïeul de l'abbé Pourcher, 1er historien de la Bête.
- avril 1767. Quatre femmes étrangères au pays, dont deux sur le même cheval, marchent près de Servilange lorsqu'elles sont accostées par un
homme hirsute, crasseux, aux cheveux très longs, tenant un fusil couvert de rouille et la main toute velue et qui leur annonce qu'il va tuer la Bête. Il les retrouve plus tard à Pompeyrin pour leur recommander un raccourci par les bois de Favard. Effrayées, les femmes pressent le pas pour s'éloigner de cet homme. Plus tard, des villageois viennent leur recommander la prudence. La Bête rôde dans les bois du Favard. Les gens du pays supposent que l'homme doit être Antoine Chastel.