Le végétarisme et son voisin le végétalisme sont des questions complexes, auxquelles il est difficile de répondre... Sachant que les partisans pour et contre se limitent rarement au factuel, il y a toujours une idéologie sous-jacente (même s'ils essayent de s'en cacher et se drappent dans une objectivité de bon aloi).
C'est ce qui rend les discussions très compliquées et polémiques dès qu'on aborde ce sujet.
Arkayn a écrit:
Ce qui me vient à l'esprit, c'est que si la nature avait voulu que nous soyons végétaliens ou végétariens, elle l'aurait fait il y a des millions d'années, non ?
La nature ne "veut" rien et n'impose rien aux êtres humains. Les hasards et nécessités de l'évolution ont fait de nous des animaux plutôt omnivores (avec un ratio alimentaire quand même un poil plus herbivore que carnivore, à l'état naturel)...
... mais ça ne veut pas dire pour autant qu'on est enchaîné inexorablement à notre condition d'omnivore est qu'on ne puisse pas s'en défaire. Au contraire, nous en posséderions techniquement les moyens.
Minia a écrit:
Ca ne pose pas de problème de conscience aux animaux carnivores de se bouffer entre eux, ou de boustifailler un humain....
Je ne vois pas le rapport.
Baba yaga a écrit:
Personnellement, je ne penses pas que de devenir végétarien (encore moins végétalien) soit la bonne réponse. L'homme est un animal omnivore, on y peut rien. Nous avons des molaires de végétarien mais des canines et des incisives de carnivore. Se passer totalement de viande ou de produits animaux me paraît revenir à rompre un équilibre.
[...].
Un peu comme toi, j'ai essayé de me convertir au végétarisme mais ça n'a jamais vraiment marché. Par goût, je l'avoue, d'une part (j'aime trop la viande pour pouvoir complètement m'en passer, c'est psychologique). D'autre part, je fais beaucoup de sport depuis quelques temps, et mon mode de vie n'est absolument pas compatible avec une alimentaire végétarienne (ou alors je finirai assez rapidement carencé et épuisé).
Du coup, à défaut, j'ai adopté les mesures que tu cites ci-dessus (limiter ma consommation de viande, acheter des produits de qualité et peu transformés, privilégier d'autres sources protéiques...). Ce n'est pas la panacée, mais c'est mieux que rien.
Minia a écrit:
Certes, mais la vie du poulet au moyen-âge était-il meilleur ? Peut-être pas. Sauf qu'à l'époque, on s'en tapait. Plus sérieusement, j'ai l'impression que le bien-être animal est quelque chose de tout à fait récent. Et puis maintenant, normalement, si tu achètes bio ou label rouge, tu es censé manger "meilleur". C'est à dire, des animaux qui n'ont pas été maltraités.
Des animaux qui ont eu des conditions de vie nettement plus décentes que celles des animaux de l'industrie intensive, oui, c'est certain. Avec un vrai espace pour vivre et s'ébattre, un ciel au dessus de leur tête et de la terre sous leur sabots/griffes, des relations sociales "normales" avec des congénères...
En revanche, il ne faut pas se leurrer : la souffrance reste la souffrance, un animal en bio/label rouge subira les mêmes choses en abattoir qu'un animal issu d'un élevage conventionnel. D'autant plus qu'il n'y a que peu d'abattoirs réservés exclusivement à la filière bio.
De même, je ne sais pas si vous avez pu assister à une cochonaille à la campagne, mais ce n'est pas triste non plus. Le cochon qui pousse des cris à décoller le papier peint alors qu'on l'attrape, puis qui est pendu par les pattes et qui est saigné d'un coup de couteau, parfois à vif, parfois maladroitement étourdi à coup de matraques... Comme tu le notes, le bien-être animal est une préoccupation récente et même de nos jours, peu de gens s'en soucient dans nos vertes contrées.
Donc, non, manger bio ou local ne résoudra pas ce problème de la souffrance lors de l'abattage. D'ailleurs, en toute rigueur, manger local n'est absolument pas un gage de qualité de la viande ni du bien-être animal, c'est une considération essentiellement économique et sociale.
Baba yaga a écrit:
Le bien être animal est une question récente parce qu'elle est posée par les méthodes d'élevage récentes.
Un exemple: dans "Le Livre noir de l'agriculture" Isabelle Saporta...
Comme je le disais ci-dessus, le végétarisme est une idéologie et il faut prendre avec beaucoup de prudence ce qui est affirmé dans les livres en faisant l'apologie. Et garder à l'esprit que
"Le livre noir de l'agriculture" est un peu aux bouquins ce que
"Le monde selon Monsanto" est au reportages d'investigation : une oeuvre de propagande, souvent bourrée d'erreurs ou de raccourcis faciles...
Les choses ne sont pas toutes noires ni toutes blanches. L'industrie de l'agro-alimentaire a ses travers, il faut les dénoncer, mais ce n'est pas non plus l'incarnation sur terre de l'Axe du Mal.
Par exemple, juste pour le plaisir de me faire l'avocat du diable :
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"aujourd'hui, en élevage intensif, les cochons sont enfermés dans des bâtiments, parfois de véritables immeubles sur plusieurs étages" -> pas en France, à ma connaissance. Surtout que l'UE a fait passer tout récemment une nouvelle résolution qui impose aux élevages d'augmenter l'espace disponible par porc... Résultat : un bon paquet de petits élevages vont devoir mettre la clé sous la porte, car incapables d'endosser les coûts d'une telle mise au norme. Seuls les gros élevages industriels s'en sortiront. Comme quoi...
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"où il n'ont pour se coucher que des barreaux en aluminium, qu'ils rongent d'ailleurs allègrement car ils n'ont que ça à faire(et l'alu se retrouve dans la viande)" -> que les cochons rongent les barreaux de leur cage sous l'effet du stress, c'est certain. Que cet aluminium se retrouve dans la viande (et en quantité assez élevée pour être toxique), cest nettement plus douteux.
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"Les truies sont sélectionnées pour avoir le plus de mamelles possible et faire le plus de petits possibles" -> sélections qui ne sont pas propres aux élevages industriels, elles remontent au moins au Moyen-Age et ne font que se poursuivre aujourd'hui.
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"quand il y en a trop, on fracasse le crâne des surnuméraires sur un coin de ciment" -> c'est peut-être vrai, mais invérifiable, douteux (il n'y a que rarement "trop" de porcs dans les élevages industriels, et un porcelet au crâne fracassé, c'est une perte de revenu pour l'éleveur), et reposant potentiellement sur de grosses ficelles de manipulation du type "untel est méchant, il a noyé d'innocents chatons dans la rivière".
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"En plus ses races sélectionnées sont très faibles génétiquement et doivent recevoir des doses massives de médocs pour tenir le coup" -> Les races sélectionnées sont globalement moins robustes, c'est vrai, mais les médicaments ont surtout pour but d'éviter les maladies qui peuvent être fulgurantes et dévastatrices dans un élevage. On aurait le même souci si on confinait un grand nombre de porcs d'une race très rustique dans un tout petit espace.
Quand aux médicaments données aux animaux, leitmotiv des végétariens, c'est une pratique extrêmement réglementée et encadrée (en France du moins, aux USAs c'est très différent), ce n'est pas franchement à ce niveau là qu'il y a des risques sanitaires pour l'homme.
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"Sans parler des déjections, qui sans la paille sont du lisier très nocif pour l'environnement" -> oui et non. La paille modifie la rapport C/N de l'effluent et donc la minéralisation de l'azote. En résumé, un lisier paillé sera plus lent à restituer de l'azote dans le sol qu'un lisier sans paille... Mais la quantité d'azote épandue reste grosso-modo toujours la même, au final.