Bonsoir,

un ami vient de perdre un de ses enfants dans des circonstances difficiles...

D'après votre expérience, quels sont les mots qui peuvent apaiser un arrachement si profond ? Quelle est la meilleure attitude à avoir face à lui ? Dois-je le laisser tranquille ou au contraire le "bouger" ?

La perte d'un enfant est quelque chose de vraiment déchirant pour un papa et une maman, peut-être une des douleurs morales les plus dures à supporter, je me sens perdu pour l'aider...

Merci pour votre aide.

Nico.

La perte d'un enfant est bien ce qu'il peut arriver de pire ( je n'ai pas d'enfant, mais rien que d'y penser... ), ce n'est pas dans l'ordre des choses.
Mais tu vois, je ne crois pas qu'il y est de réponse toute faite... Tu peux dire que son enfant est dans un monde meilleur, qu'il est plus heureux etc... mais s'il n'est pas croyant, qu'est-ce que cela peut bien lui faire ? D'autant que dans ce genre de situation, on doit avoir envie de ne plus croire en rien...

Je crois que la personne la plus à même de trouver la réponse, c'est toi, est personne d'autre. Si tu es son ami, tu le connais mieux que nous tous, non ? Sois sincère et aimant, ne cherche pas le mot juste, je crainds qu'il n'y en ait pas pour une telle situation... d'ailleurs, ne cherche pas de mot, cherche en toi l'élan d'affection qui t'attache à lui.
Tu vois, si j'étais à ta place, je crois que je ne dirai rien du tout... je sais que les "garçons" ne sont pas toujours très démonstratifs, mais parfois il faut mettre sa timidité de côté, non ? Je me contenterai de le serrer très fort dans mes bras, simplement. Sois présent pour lui, et pas seulement physiquement, mais avec ton âme et ton coeur... Crois moi, les sentiments les plus profonds se passent de mots...

Difficile de répondre précisément à tes questions, tout dépend de la personne touchée par le drame, ses croyances, etc.

Il doit être dans une période de révolte, il se pose des questions, il se sent peut-être coupable, pourquoi mon enfant, etc.

Je pense que le mieux est de le laisser en paix tout en restant proche de lui, mais sans l'étouffer, sans excès de compassion, qui provoque parfois l'inverse de l'effet d'apaisement recherché.

Tu dois le soutenir, l'accompagner discrètement pour l'amener à accepter le fait, souvent le temps apaise la douleur, il n'efface jamais le pénible souvenir, il gardera la cicatrice, mais il apprendra à gèrer.

C'est à toi de voir, de sentir, puisque tu le connais bien, tu dois trouver le chemin pour l'amener à accepter et à vivre son deuil.

Plus tard, peut-être que tu pourras en discuter avec lui d'une manière plus sereine. Mais actuellement, il est sous le choc, il est effondré, il ne parvient peut-être plus à penser d'une manière claire et logique.

Les premières semaines après la perte de l'être cher vont être déterminantes pour le reste de son existence, là tu devras le soutenir.

Dragon et Chimère ont raison. Ne tente pas quelquechose de réconfortant à tout prix. Laisse ton ami endurer la chose, car il est le seul à pouvoir le faire. Reste près de lui sans l'étouffer.

Perdre un être cher n'est jamais facile et la cicatrice ne se referme jamais. Il faut du temps pour tourner la page.
Et il est difficile de répondre, en effet, à ces questions. Chacun réagit différemment.
Donc, la meilleure méthode consiste à laisser la personne faire son deuil et à être disponible en cas de besoin. C'est à ça que l'on reconnaît les vrais amis.

Quelle que soit la situation, il est toujours important de laisser une personne faire son deuil. Forcer une personne à "se bouger" trop tôt, est, en toute circonstance, une erreur, car quelle que soit le caractère de la personne, il est sain qu'elle passe une période de deuil qui lui permettra de laisser cicatriser la douleur de la perte. Ne pas le faire laissera immanquablement des traces, une blessure ouverte, qu'on ne pourra plus refermer de la même manière si on laisse trop de temps s'écouler.

Cette période peut durer quelques jours à quelques mois, selon la personne, et évidemment, le manque pourra toujours être là après des années, c'est le souvenir, la cicatrice... Alors je crois qu'il faut simplement être présent et être attentif à l'évolution de son état d'esprit... Lorsque la personne commence à se remettre, en revanche, il devient important qu'elle sorte de son état de deuil. D'abord laisser évacuer la douleur, mais ensuite ne pas se complaire dans les résidus de celle-ci, je crois que c'est ça, qui est important... Après, l'intensité des réactions, et leur rythme, dépendent entièrement du caractère de la personne, de son vécu, des circonstances... Là c'est du ressort de la sensibilité personnelle, pour le sentir...

Enfin, pour ce qui est de l'enfant, je suppose que, quelles que soient les croyances de la famille, il existe un environnement de deuil, non ? Dans notre société laïque, le travail de deuil se fait de plus en plus mal, les âmes des morts ne sont plus souvent accompagnées suffisamment par leurs proches, et lorsque les âmes sont mal accompagnées, c'est tout l'entourage, qu'on y croit ou non, qui en subit les conséquences, car le deuil psychologique obligatoire se prolonge et est perturbé par le mauvais départ de l'âme.

Ceci n'est pas un point de vue religieux, c'est le point de vue des chamanes, qui ont l'habitude de faire ces accompagnements, en dehors de tout dogme religieux. Je tenais à ajouter cela, car on néglige bien souvent cet aspect du problème, dans notre société matérialiste, parfois nihiliste à l'égard des morts... Maintenant, c'est à vous de voir, mais je pense que croire que le deuil n'est que l'affaire de ceux qui restent est une grave erreur...

Merci pour toutes ces réponses intéressantes ainsi que pour les MP que vous m'avez envoyés.

Il semblerait que tout le monde soit d'accord pour une attitude souple et surtout patiente...

Par contre, je ne sais pas comment faire pour favoriser l'accompagnement de l'âme de l'enfant ? y a-t-il des pratiques particulières ? ou l'y a-t-il que les chamanes qui soient aptes à le faire ?

Merci encore pour votre soutien.

sincèrement,

Nicolas.

Non, toutes les religions disposent de rituels qui vont dans ce sens, mais ils sont tous d'inspiration chamanique, du point de vue de l'histoire des religions.

Ce qui est dommage, c'est que bien souvent, de nos jours, plus personne n'accomplit ce rituel, même dans l'église catholique: il y l'enterrement du corps, mais la veillée de deuil qui permet non seulement d'aider psychologiquement l'entourage et d'accompagner l'âme de la personne décédée n'est que rarement accompli...

Bien sûr, nul n'est obligé de croire à l'existence de l'âme ou à l'utilité de ces rituels, pourtant personnellement, j'insiste sur leur necessité... Après c'est à chacun de voir... De toute façon, il est sans doute maintenant trop tard, mais ce n'est pas bien grave... La plupart du temps ça se passe très bien sans le rituel, car les pensées de la famille suffisent souvent à accompagner l'âme, en réalité...

On ne croit plus vraiment en l'au-delà, souvent, pourtant la plupart des gens se disent qu'il y a peut-être quelque chose, alors inconsciemment, ils aident l'âme à partir... C'est surtout lorsque ceux qui restent "refusent" le décés qu'il se produit des effets négatifs pour l'âme...