Ma tite contribution au sujet :
Les grandes énigmes, Larousse, 1992, Pg. 184. a écrit:
Une "Esquimaude" dans la campagne française
En septembre 1731, en France, une fillette d’une dizaine d’années pénètre dans le village de Sogny, non loin de Châlons-sur-Marne. Elle est nu-pieds, vêtue de peaux de bêtes et un morceau de calebasse lui tient lieu de chapeau. Armée d’un gourdin, elle parvient à tuer un chien lancé contre elle par un paysan. Après sa capture, on découvre qu’elle possède des pouces très développés et que sa peau, sous la crasse, est de couleur blanche. Les témoins lui trouvent un type physique proche de celui des Esquimaux.
Pendant un temps, l’enfant reste muette. Son régime alimentaire se compose alors essentiellement de petits animaux qu’elle attrape et mange crus. Au fil du temps, la fillette finit par apprendre à parler et des détails de sa vie passée sont enfin connus. Ainsi, il apparaît qu’elle a eu pour compagne, au cours de sa vie sauvage, un autre enfant à qui elle a brisé le crâne lors d’une dispute. Or, certains paysans disent avoir en effet entr’aperçu auparavant une fillette noire. L’Esquimaude raconte également avoir été recueillie un moment pas une femme qui lui a donné des vêtements. Auparavant, il semble qu’elle ait vécu nue.
Par la suite, les « bienfaits » de la civilisation paraissent avoir un effet des plus néfastes sur la jeune fille. Elle ne s’accoutume pas au régime alimentaire de ceux qui l’ont adoptée. Elle perd ses dents et tombe souvent malade. Des médecins peu inspirés y voient une rébellion de sa nature sauvage et pratiquent des saignées pour affaiblir celle-ci… La sauvageonne manque alors de périr pour de bon, puis tout finit par rentrer dans l’ordre. Elle est placée dans un couvent parisien, sort fréquent des enfants perdus, avant et après elle. Entrée dans la « normalité », on perd dès lors sa trace…
Une origine non élucidée
Que la fillette ait réussi à survivre à l’état sauvage dans la campagne française du 18e siècle constitue plus un record d’endurance qu’un vrai mystère. La véritable énigme est l’origine des deux enfants. Car la sauvageonne se trouve incapable de dire quoi que ce soit sur sa vie avant son arrivée en France, si tant est qu’elle ait été effectivement d’origine étrangère. Elle ne conserve que le souvenir d’un gros animal vivant dans l’eau, et celui d’avoir traversé la mer par deux fois. L’animal aquatique pourrait constituer une mince preuve supplémentaire de son appartenance à une peuplade d’Esquimaux, ceux-ci étant réputés pour leurs chasses aux cétacés et aux phoques. Sa compagne noire et l’indication d’une double traversée maritime appuient l’idée d’une origine nord-américaine et non nord-européenne. Peut-être ces deux enfants n’étaient-elles que des « souvenirs » rapportés, puis perdus, par un voyageur français revenu du Nouveau Monde… Quoi qu’il en soit, l’Esquimaude de la Champagne défraie suffisamment la chronique de l’époque pour que le grand naturaliste suédois Carl von Linné l’incluse parmi les neuf spécimens d’Homo sapiens ferus, une sous-espèce imaginaire de l’humanité, créée par lui, dans son ouvrage Systema naturae, publié en 1758.