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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Mar Mai 24, 2016 16:45 
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Maia87 a écrit:
Correction : c'est bien Antoine Chastel qui est soupçonné...après la publication du roman de Chevalley. :mrgreen: :mrgreen:


A vrai dire je doute que l'opinion publique ait eu le besoin d'attendre la publication de ce roman (ni celui d'Henri Pourrat d'ailleurs) pour se forger sa propre idée. Le passé judiciaire des Chastel père et fils constituait déjà un premier élément déclencheur suffisant pour attiser les rumeurs. A cela faut-il ajouter les circonstances au cours desquelles la fameuse Bête avait pu être abattue d'une seule et unique balle (une belle performance !) là où des battues de plusieurs millers d'hommes avaient échoué. Légitimement la tradition populaire a vraisemblablement eu quelques raisons de tomber dans la suspicion au sujet de Chastel.

De toutes les façons, on se perd en conjectures sur une affaire vieille de 250 ans qui laisse encore apparaître bien trop de zones d'ombres pour que l'on puisse se permettre d'en conclure quoi que ce soit. Rien d'étonnant dans ces circonstances à ce que le mythe soit continuellement alimenté par les légendes populaires.

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On ne voit bien qu'avec le coeur, l'essentiel est invisible pour les yeux. (Antoine de Saint-Exupéry)


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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Mar Mai 24, 2016 17:49 
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De toutes les façons, on se perd en conjectures sur une affaire vieille de 250 ans qui laisse encore apparaître bien trop de zones d'ombres pour que l'on puisse se permettre d'en conclure quoi que ce soit.
Pour bien cerner cette affaire, il faudrait déjà éliminer les âneries des conteurs et des romanciers venus se greffer à la véritable histoire comme des parasites.

La dernière BD en date sur le sujet, « La Malbête » de l'ancien journaliste Aurélien Ducoudray, multiplie les erreurs historiques grossières que l'on retrouvait déjà chez Chevalley, Pourrat, M.Louis. C'est en arrêtant d'accuser Morangiès, les Chastel, de se tromper dans les dates, d'appeler le chasseur du Roi « Beauterne », et ainsi de suite, que l'on ira de l'avant.

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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Mar Mai 24, 2016 19:54 
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Maia87 a écrit:
C'est en arrêtant d'accuser Morangiès, les Chastel
Pourquoi ? Tu n'y crois pas, mais cela reste ton opinion. :wink:

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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Mer Mai 25, 2016 07:17 
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Tu n'y crois pas, mais cela reste ton opinion
Ce n'est pas une question de croire, c'est une question de preuves. La théorie du comte sadique mégalomane est bidon. Tous les arguments avancés ne sont que des affabulations qui ne reposent sur rien de concret. Molette de Morangiès a été défendu par Voltaire et Simon-Nicolas-Henri Linguet devant le Parlement de Paris de son vivant pour ses affaires de dettes, et aucun soupçon n'a jamais pesé sur sa personne concernant un quelconque penchant pour le sadisme...Et le souvenir des Grands Jours d'Auvergne de 1665 (durant lesquels Louis XIV prit la défense du peuple contre la tyrannie des nobles dans les provinces reculés du Vivarais et du Gévaudan) était encore très présent dans les mémoires.

Une fois acquitté, Morangiès est retourné vivre dans son château du Gévaudan jusqu'en 1801, fatigué, où il finira lâchement assassiné par sa femme. La tradition orale elle-même n'a jamais évoqué son nom dans l'histoire de la Bête.

Quelques ouvrages historiques à lire pour mieux cerner la personnalité du comte (facilement trouvables aux Archives nationales ou Google Books) :

- Mémoire pour demoiselle Geneviève Gaillard et François Liegard Dujonquay...contre le comte de Morangiés (P.-G. Simon, Paris, 1772)
- Précis du procès de M. le comte de Morangiès, contre la famille Verron (Voltaire, 1773, Bibliothèque nationale)
- Histoire de Louise-Antoine Fontaine, condamnée...pour s'être mariée avec le comte de Morangiés...du vivant de son premier mari (Bailly et libraires du Palais royal, 1788)
- Déclaration de Voltaire sur le procès (Œuvres complètes de Voltaire, Tome 29, Édition Garnier, 1879)
- Les Procès du comte de Morangiès (Marc Chassaigne, 1930)


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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Mer Mai 25, 2016 09:53 
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Qu'il n'ait pas été soupçonné de son vivant ne veux pas dire qu'il ne doit pas l'être post-mortem.

Je suis bien d'accord. Faute de preuve, ce ne sont que des soupçons. Mais quel enquêteur écarterait un suspect sur une intime conviction ?

Morangiès avait un motif : se faire reconnaitre par le roi et obtenir une pension pour les services passés de sa famille. Chose qu'il n'a jamais obtenu. Mais ce motif est suffisant pour quelqu'un couvert de dettes pour tenter une manœuvre terrible et désespérée. Manoeuvre qui a aussi échoué puisque la traque de la Bête ne lui sera jamais confiée malgré ses demandes.

Il ne s'en est jamais pris à la noblesse, bien qu'une noble figure parmi les victimes, ce qui peut expliquer qu'il ait été défendu par Voltaire entre autres.

Mais admettons qu'il n'ait pas été le tueur sadique. Disons qu'il ne voulait que faire peur avec sa Bête. Quelqu'un a tout de même tué et décapé " comme avec un couteau ". C'est attesté par les archives. Si ce n'est lui (Antoine Chastel, celui qui n'existe pas, en trois exemplaires ?), il n'en fait pas moins un bon complice.

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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Mer Mai 25, 2016 13:54 
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Citation:
Morangiès avait un motif : se faire reconnaitre par le roi et obtenir une pension pour les services passés de sa famille. Chose qu'il n'a jamais obtenu.
Non, pas une pension, mais un pardon royal pour son père...qui lui a été accordé.

Son père Pierre Charles de Molette, marquis de Morangiès, a perdu la confiance du Roi après la débâcle de la bataille de Minden en 1758 durant la guerre de Sept Ans. Le marquis (qui servait comme lieutenant-général des armées) a fait preuve d'une belle arrogance durant la bataille, mais en dépit de ses belles paroles la résistance face à l'ennemi Anglo-prussien a été catastrophique. Morangiès s'est rendu prisonnier de guerre avec sa garnison, fut privé de son grade, et la plupart de ses officiers supérieurs mis en retrait d'emploi.

Après la guerre, son fils, Jean-François Charles, qui était lui aussi en Allemagne avec le premier bataillon du régiment de Languedoc-Infanterie, a probablement tenté grâce à ses connaissances à la Cour de lui obtenir un pardon royal en invoquant ses bons et loyaux services pour la couronne...Et en 1765, l'ex lieutenant-général Morangiès a effectivement été informé par l’Évêque de Mende que le Roi lui a redonné toute sa confiance (toutefois son état de santé ne lui a pas permis de réintégrer les armées).

Le fils Morangiès mène quelques battues pour traquer la Bête sur ses terres (avec parfois jusqu'à 400 tireurs sous ses ordres), puis s'installe à Paris en son hôtel particulier (rue Saint-Jacques). L'animal va continuer à tuer pendant deux ans en son absence, jusqu'en 1767.


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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Dim Juillet 10, 2016 10:44 
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Nouvelle étude, La Bête du Gévaudan, l'animal pluriel de Laurent Mourlat (Université d’Oslo, 2016).

En lecture gratuite en PDF : http://www.betedugevaudan.com/documents/laurent_mourlat_bdg_animal_pluriel.pdf


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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Lun Juillet 18, 2016 19:16 
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Bonjour à tous,

J'étudie la bête du Gevaudant depuis presque 30 ans, j'ai plus de milles documents contemporains a ses attaques en ma possession.
Je n'ai pas regardé tous les messages du poste et je m'en excuse, je manque un peu de temps.
C'est un sujet ou je pense avoir modestement une très bonne expertise.

Je vais vous donner en quelques lignes mon avis qui est étayé des faits :

Pour commencer il faut oublier tout ce que vous avez lu, 98% des auteurs occultent volontairement tout ce qui ne va pas dans leur sens, les autres n'ont comme source que les livres des autres.

Cette bête décrite comme un loup a commencé a frapper du coté droit de la Margeride "pour faire simple" la Margeride est un relief montagneux assez important.

Des bergers tuent un loup, après la mort de ce dernier une seul personne va mourir dans la région.

Quelques temps après coté gauche de cette montagne des attaques reprennent avec cette fois les têtes des victimes coupées et emportées assez régulièrement.
Il faut savoir que les "officiels" qui ont chassé la bête ont relevé que les traces d'un loup et rien autre. Pour le gens qui pensent qu'un humain est a l'origine de tout ça, sachez que beaucoup de témoin ont assisté aux attaques et affirment avoir vu la bête "un loup ou quelque chose d'assez proche". Même les fois ou elle partait avec une tête "donc rien humain dans cette histoire"

Elle était accompagnée d'une femelle et de petit "elle est moins mystérieuse quand on est au courant de ce détail"

Plusieurs bêtes ont été tuées, sans aucun doute plus ou moins toutes coupables. Pour moi Il y a eu en gros 4 ou 5 bêtes.
Celle des bergers, celle des frères Marlet , celle d' Antoine et enfin jean chastel. Peut-être quelques attaques isolées de d'autres loups comme c'était souvent le cas à l'époque"

Celle d'Antoine est sujet à discussion car loin du lieu des attaques mais il faut reconnaitre que suite à sa mort plus aucune attaque pendant plusieurs mois.

La décapitation n'avait rien d'extraordinaire, elle attaquait à la gorge, si elle était dérangé, ce morceau de viande était facile a détacher du corps car déjà a moitié coupé, de plus elle semblait affectionner cette partie du corps...

Tous les victimes n'étaient pas décapitées, d'ailleurs je pense qu'une seule bête le faisait, si vous prenez cet élément vous pouvez différencier ses attaques des autres.

Elles attaquaient que les personnes les plus faibles, enfants, vieux, femmes. jamais des hommes ou très rarement.

Un des dérapages sur la description de la Bête est le Capitaine Duhamel qui a loupé cette dernier lors d'une battue, pour moi il est presque certain qu'il ne l'a pas vu, deux de ses hommes à cheval l'ont coursé sabre à la main. Le capitaine pour sauver son honneur a inventé une histoire comme quoi elle venait sur lui et sans l'intervention de ses hommes qui l'ont fait dévier il aurait pu la tuer. La description qu'il donne est la même que le témoignage précédent cette battue, une femme qui l'a décrit comme assez monstrueusement et qui a surement inventé cette histoire ou l'a exagéré. Duhamel ayant sans doute raconté sa rencontre avant le retour de ses hommes a repris ce témoignage pas très crédible. Ses hommes de retour décrivent la bête comme un gros loup ou quelque chose approchant, elle était a porté de sabre et pendant un bon moment...

Quand vous lisez les rapports presque journalier des chasseurs et officiels je peux vous assurez que cette histoire n'a rien d'un complot de la main d'un homme ou de surnaturel.

Pour info j'ai aussi poussé mes recherches a l'étude des loups au court de l'histoire et la bête du Galvaudant n'est en rien exceptionnelle, il y a eu des loups 10 fois plus terrifiants que notre Bête du Gevaudant.

J'ai fait tout ça de tête, excusez moi. Je pourrai un jour aller plus en profondeur sur le sujet.


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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Ven Juillet 22, 2016 16:09 
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Salut Gabriel31 :wink:
Citation:
Pour commencer il faut oublier tout ce que vous avez lu, 98% des auteurs occultent volontairement tout ce qui ne va pas dans leur sens, les autres n'ont comme source que les livres des autres.

Nous sommes bien d'accord. D'où les incohérences exaspérantes que l'on retrouve d'un livre à un autre, où chacun va de sa petite thèse sans faire preuve de rigueur historique.
Citation:
Il faut savoir que les "officiels" qui ont chassé la bête ont relevé que les traces d'un loup et rien autre.

Les traces auraient tout aussi bien pu appartenir à un chien de belle taille. Un corniaud.
Citation:
Elle était accompagnée d'une femelle et de petit "elle est moins mystérieuse quand on est au courant de ce détail"

Il y a bien eu un témoignage où la Bête a été aperçue en compagnie d'une autre, qui lui a léché les babines « pleines de sang »; mais on ne l'a jamais vue en présence de chiots ou de louveteaux...

Et le fait que la Bête ait pu s'accoupler pendant un temps avec une louve (ou une chienne) n'enlève en rien son caractère mystérieux. Beaucoup y voient également la preuve que plusieurs Bêtes aient été à l’œuvre et « lâchées » à tour de rôle, d'où ce fameux don d’ubiquité.
Citation:
La décapitation n'avait rien d'extraordinaire, elle attaquait à la gorge, si elle était dérangé, ce morceau de viande était facile a détacher du corps car déjà a moitié coupé, de plus elle semblait affectionner cette partie du corps...

Non, non et non...Un loup n'a absolument pas l'instinct de trancher net des têtes comme une guillotine, et de les emporter sans les manger. C'est du jamais vu. Tous les spécialistes du comportement animal (les vrais, pas ceux du genre Jean-Marc Moriceau :lol:) sont assez clairs là-dessus. Lorsque la Bête coupe une tête, elle réussit à le faire toujours sans témoins.

Et il y a eu 2 décapitations dans la seule journée du 21 juin 1765, solstice d’Eté et fête des sorciers. Curieuse coïncidence !

Citation:
Quand vous lisez les rapports presque journalier des chasseurs et officiels je peux vous assurez que cette histoire n'a rien d'un complot de la main d'un homme ou de surnaturel.
Il y a quand même énormément de bizarreries dans cette histoire. Les correspondances et les rapports officiels montrent bien que personne n'a jamais été en mesure d'identifier clairement l'animal, que les chasseurs ont été dépassés par son comportement insolite, que l'envoyé du Roi a cherché à faire étouffer l'affaire. On peut également s'interroger sur les agissements de certains personnages locaux comme les Chastel.

Des pistes troublantes ont vite été écartées par manque de moyens, ou par peur de mener une « chasse aux sorcières » (ce qui aurait été mal vu en ce siècle des Lumières).


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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Sam Juillet 23, 2016 20:47 
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Tu connais très bien le sujet .
Citation:
Les traces auraient tout aussi bien pu appartenir à un chien de belle taille. Un corniaud.


Un loup ou un hybride plutôt, si par corniaud tu penses a un chien sauvage je pense pas, mais ce n'est pas très important.

Citation:
Il y a bien eu un témoignage où la Bête a été aperçue en compagnie d'une autre, qui lui a léché les babines « pleines de sang »; mais on ne l'a jamais vue en présence de chiots ou de louveteaux...


SI le loup des chazes par exemple:
Lettre de M. Antoine :
« Monsieur, j'ai fini ma carrière par la mort du dernier louveteau qui a été tué avant-hier à notre dernière chasse; nous sommes excédés de fatigue et nos chiens aussy, ce qui nous force à prendre quelques jours de repos avant de partir suivant la permission que j'en ai reçu. Depuis 29 jours aujourd'hui, il n'y a eu aucune nouvelle et personne n'a été dévoré ny même attaqué. Dieu veuille que cela subsiste toujours, j'emporte la mère louve avec un louveteau qui est plus fort qu'elle et qui auroit peut-être égalé son père. C'est pourquoi la défaite en est bonne. Si j'avois eu plus tôt des chiens pour loups, j'en aurois au moins ôté une quarantaine de ces provinces qui reviennent à force...
ANTOINE
A l'abbaye royale des Chazes. » (A.D. P.-de-D. c. 1736)

Il y a eu plusieurs femelles et il me semble d'autres louveteaux mais pour ces derniers je peux pas le jurer, il faut me replonger dans mes archives, après nous allons rentrer dans un autre débat bête ou pas bête...

Citation:
le fait que la Bête ait pu s'accoupler pendant un temps avec une louve (ou une chienne) n'enlève en rien son caractère mystérieux. Beaucoup y voient également la preuve que plusieurs Bêtes aient été à l’œuvre et « lâchées » à tour de rôle, d'où ce fameux don d’ubiquité.


Citation:
, non et non...Un loup n'a absolument pas l'instinct de trancher net des têtes comme une guillotine, et de les emporter sans les manger. C'est du jamais vu. Tous les spécialistes du comportement animal (les vrais, pas ceux du genre Jean-Marc Moriceau :lol:) sont assez clairs là-dessus. Lorsque la Bête coupe une tête, elle réussit à le faire toujours sans témoins.

Dans le sens Bête "surnaturel étrange etc.." le fait d'être papa lui redonne immédiatement un statut naturel.
Don d’ubiquité, oui car deux attaques au même moment a 40 km de distance, les gens ne pensent pas à l'époque qu' il y a deux bêtes, mais elle est surnaturelle et a le don d’ubiquité. Là pas de commentaire à faire et pas besoin d'avoir une personne qui lâche des loups, Il y en avaient partout à l'époque...
Pour les têtes coupée , il faut que je regarde mes dossiers, je sais que plusieurs témoins l'ont vu partir avec un "morceau" mais je ne sais plus si c'est une tête, un bras ou autre chose. Par contre je me souviens que des crânes rongés ont été retrouvés.


Citation:
il y a eu 2 décapitations dans la seule journée du 21 juin 1765, solstice d’Eté et fête des sorciers. Curieuse coïncidence !

Tu sais des coïncidences, tu en trouveras toujours partout ou nous les chercherons.

Citation:
Il y a quand même énormément de bizarreries dans cette histoire. Les correspondances et les rapports officiels montrent bien que personne n'a jamais été en mesure d'identifier clairement l'animal, que les chasseurs ont été dépassés par son comportement insolite, que l'envoyé du Roi a cherché à faire étouffer l'affaire. On peut également s'interroger sur les agissements de certains personnages locaux comme les Chastel.


La Bête a très bien été identifié comme un loup par les officiels après tu as les gens et l'église qui parle de Bête surnaturelle. Les Chastels attention! une légende sur cette famille vient d'un roman que des pseudos écrivains ont prient comme source " le fils qui a travaillé avec des fauves, etc.."

Citation:
pistes troublantes ont vite été écartées par manque de moyens, ou par peur de mener une « chasse aux sorcières » (ce qui aurait été mal vu en ce siècle des Lumières).


La vérité est que les "nobles" étaient eux au siècle des lumière, le peuple et l'église de la région beaucoup moins. Comment luter contre une croyance, pas simple.

Pour avoir étudié les comportements du loup depuis on va dire 1000 ans en gros "il a sorti son livre bien après mes recherches ;o)" la Bête du Gevaudant n'a rien d'extraordinaire tu peux me croire. Il y a eu des époques ou les gens devaient enfermer les enfants dans les maisons ou les loups rentraient les enlever pour les dévorer. Et des histoire comme ça tu en as des centaines. Apres connaitre les loups ne veut rien dire, un loup d'aujourd'hui n'est pas un loup d'avant l'apparition de l'arme à feu par exemple. Apres il te faut savoir qu'une bête qui a gouté la chair humaine va toujours y revenir "je parle des loups", je tire ces conclusions de dizaine de témoignages de la chose depuis le haut moyen âge. Beaucoup explique de des loups écartaient les moutons pour aller droit sur le berger. Apres nous pouvons en débattre pendant des jours, je n'ai pas la science universelle et même si sur les grandes lignes je suis certain de moi............... je peux me tromper ;o)


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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Dim Juillet 24, 2016 06:59 
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Les pattes de Loups et de chiens n'ont rien a voir. Et il n'est pas sur qu'un hybride aurait plus du loup que du chien.
Pour vous en rendre compte il faut allez voir le parc des loups dans le Gévaudan. Il est très instructif sur cet animal.


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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Dim Juillet 24, 2016 10:06 
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J'y suis allé plusieurs fois., du temps du père et après de la fille, des passionnés et des gens très biens mais partisans car voués à l'introduction du loup. Cette dernière ne peut être que si cet animal n'est en rien dangereux et même si au jour d'aujourd'hui c'est presque le cas à quelques exceptions près, ils se retrouvent dans une position ou il faut nier le passé pour pas laisser entrer cette idée dans l'esprits collectif et que la peur du loup réapparaisse. Pour faire simple ça devient presque politique.
Pour les empruntes, il y a tellement de race de chien qu'il me parait difficile de penser reconnaitre sans erreur l'une de l'autre. Quand je regarde les sites sur le sujet, ils se contredisent.

Un site sur le sujet:
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Un autre ou c'est le contraire et pourtant:

Loup
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chien
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Sur l'un les empruntes de chiens sont plus larges on va dire et sur l'autre c'est le contraire ??

Des vraies traces de loup:
Image

Traces de chien:
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Si un de vous a un berger allemand , faites une photo d'emprunte à mon avis nous devons pas être très de celles d'un loup, mais n'étant pas expert sur le sujet je vais pas trancher.
Par contre c'est des empruntes de loup qu'ils trouvaient après les attaques à l'époque, et comme ils en chassaient toute l'année, je pense qu'ils savaient de quoi ils parlaient mais je ne peut en être certain...


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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Dim Juillet 24, 2016 10:50 
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Excellentes discussion, ça fait du bien de voir ce topic revivre. :wink:

Citation:
SI le loup des chazes par exemple

La Bête d'Antoine est une mascarade, une imposture politique. Qu'est-ce que le porte-arquebuse du Roi est allé faire en Auvergne, de l'autre côté de l'Allier où la Bête n'a jamais été vue, qui plus est comme par hasard dans les bois d'une abbaye royale et jour de la Saint Eustache (saint patron des chasseurs) ? Et encore comme par hasard, c’est sur le chasseur du Roi que l’animal est venu se faire tuer alors qu’il y avait plus de cinquante chasseurs positionnés...

Antoine n'a tué que des loups de belle taille. Il a fait passer le mâle pour la Bête, en demandant à ce qu'il soit empaillé « plus gros qu'il ne l'est réellement » (lettre du Besset du 23/09/65). Le procès-verbal a été rédigé à la va-vite, les dates et les trajets pour Clermont et Versailles sont bidons, des éléments essentiels pour l'identification de l'animal ont été « oubliés »...Même à l'époque on se doutait du canular, comme le prouvent certaines correspondances : « je vous assurai qu'il n'était point mort et que ce n'était point un loup »....« on a trompé la Cour et les peuples »... « On a chassé des loups et non la bête féroce »... « Le loup d'Antoine n'était pas le véritable »...etc etc.

Qui allait dire publiquement que le prestigieux François Antoine, ami personnel de Sa Majesté, avait bien trompé son monde ?...

Citation:
Les Chastels attention! une légende sur cette famille vient d'un roman que des pseudos écrivains ont prient comme source " le fils qui a travaillé avec des fauves, etc.."

Nous sommes d'accord. Voir les pages précédentes de ce topic. Le roman d'Abel Chevalley publié en 1936 a fait beaucoup de tort à la famille Chastel. Le fait que des « auteurs » comme Henri Pourrat ou Michel Louis aient pu prendre des éléments d'une œuvre de fiction pour la réalité historique, et que cela continue encore aujourd'hui, est déplorable.

Antoine Chastel, le soit-disant garde-chasse de la forêt de la Tenazeyre, était très probablement innocent car les archives judiciaires de l'Ancien Régime ne gardent aucune trace de cet individu...Contrairement à son oncle, Jean-Perre Chastel de Darnes, condamné à contumace pour meurtre.

Mais il n'empêche que le nom des Chastel revient souvent dans cette affaire, et toujours dans des circonstances troublantes.

En février 1765, les Chastel remarquent lors d'une chasse que la Bête « boite sur 3 pattes » et en informent Mr. du Verny de la Védrines, un gentilhomme verrier. Peu de temps après ils contestent le rapport officiel, prétendent qu'ils n'étaient pas présents ce jour-là « à cause du mauvais temps », et qu'ils n'ont jamais vu la Bête...Faux-témoignage ?

6 mois après, il y a l'altercation musclée avec les envoyés du Roi dans les fondrières près du Mont Chauvet. François Antoine décide de laisser les Chastel en prison à Saugues jusqu'à son propre départ de la province. On apprend qu'ils sont de « mauvais sujets » qui « commettent toutes sortes de violences », « capables de toute vengeance et de faire un mauvais coup »...Quelle famille !

Encore plus tard, c'est encore un Chastel qui fait parler de lui en tuant une Bête...Et les attaques s'arrêtent subitement comme elles ont commencées.


Dernière édition par Maia87 le Dim Juillet 24, 2016 15:52, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Dim Juillet 24, 2016 11:48 
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Il faudrait retrouver le dernier animal qui a été empaillé. Si l'emission que j'ai vu est vrai il est dans un musée.


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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Dim Juillet 24, 2016 12:06 
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De mémoire, il n'y a que la première Bête (celle des Chases) qui a réellement été empaillée. La deuxième, celle tuée par Chastel a été vaguement bourrée de paille et dégageait une telle puanteur à l'arrivée à Versailles que le roi n'a même pas voulu la voir et a demandé qu'elle soit enterrée.

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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Dim Juillet 24, 2016 16:17 
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alekine a écrit:
Il faudrait retrouver le dernier animal qui a été empaillé. Si l'emission que j'ai vu est vrai il est dans un musée.

Arkayn a écrit:
De mémoire, il n'y a que la première Bête (celle des Chases) qui a réellement été empaillée. La deuxième, celle tuée par Chastel a été vaguement bourrée de paille et dégageait une telle puanteur à l'arrivée à Versailles que le roi n'a même pas voulu la voir et a demandé qu'elle soit enterrée.

- La Bête tuée par Antoine en septembre 1765 a été exposée à Versailles dans les appartements de la Reine, puis dans une résidence privée du quai de la Ferraille (aujourd'hui quai de la Mégisserie, dans le 1er arrondissement de Paris). Elle a ensuite été détruite, ou perdue pendant les grands bouleversements de la Révolution.

- La dépouille de la Bête de Chastel a effectivement été grossièrement embaumée par un mauvais chirurgien apothicaire, qui s'est contenté d’en sortir les entrailles et de les remplacer par de la paille.

C'est le domestique au service du marquis d'Apcher, un dénommé Gibert, qui a ensuite amené la Bête à Paris. Mais la dépouille s'est complètement putréfiée en chemin, picorée par les vers et perdant ses poils, en raison des grosses chaleurs de juillet. Quand Gibert est arrivé à la capitale, le Roi se trouvait alors à Compiègne et c'est Buffon lui-même, le célèbre naturaliste, qui a été chargé d’examiner l'animal. Il en a jugé que c'était « une espèce de gros loup » sans plus de détails. La dépouille a très probablement été enterrée dans les jardins de l'hôtel de M. de la Rochefoucault, situé rue de Seine (aujourd'hui 6e arrondissement)...

...Mais il y a une autre thèse qui veut que la Bête (celle d'Antoine ou de Chastel) ait été exposée au Cabinet du Roi, futur Muséum National d’Histoire Naturelle, jusqu'en 1819; comme en témoigne un fascicule destiné aux visiteurs de la Ménagerie du Jardin des plantes, qui présentait un spécimen comme étant « La Hyenne barrée d’Orient...qui a dévoré, dans le Gévaudan, une grande quantité de personnes. »

Cette fameuse « Hyène empaillée du Gévaudan » n'a jamais été retrouvée dans les collections du Muséum...Mystère... :cry:

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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Dim Juillet 24, 2016 17:54 
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Oui la Bête de Chastel est enterrée, elle sentait trop mauvais, celle des Chazes perdait tous ses poils, elle était dans la collection du musé il me semble mais nous avons perdu sa trace depuis fort longtemps.

Pour les Chastel, je connaissai pas cette histoire ou je l'ai oublié : En février 1765, les Chastel remarquent lors d'une chasse que la Bête « boite sur 3 pattes » et en informent Mr. du Verny de la Védrines, un gentilhomme verrier. Peu de temps après ils contestent le rapport officiel, prétendent qu'ils n'étaient pas présents ce jour-là « à cause du mauvais temps », et qu'ils n'ont jamais vu la Bête...Faux-témoignage ?

Pour le reste oui c'est vrai, mais bon rien de très étonnant, le père était un bon chasseur et devait être dans "les meneurs" des chasses.

Pour Le porte arquebuse du roi, personnellement mon personnage pref "il faut lire ses rapports ". Antoine est pour moi un homme honnête et très digne, après pourquoi les Chazes... après pour le coté être le mieux placé, après enquête auprès de chasseurs il y a des passages a gibiers qui sont presque incontournable, les "vrais chasseurs" savent qu'en battu le gibier va passer a quelques endroits et en temps que chef il a prit la meilleur place. Pour moi qu'Antoine est tiré le loup des Chazes me choque pas, après pourquoi partir si loin là il y a un petit mystère, sans doute la taille exceptionnelle du loup. Par contre plus d'attaque pendant plusieurs mois a la suite donne credit à Antoine, après je ne peux expliquer pourquoi je le constate juste.

Quelques notes que j'avais fait il y a une dizaine d'années sur le sujet :

Le 18 septembre, M. Antoine est prévenu que des loups font des ravages aux Bois de la réserve des Dames de l’Abbaye Royale des Chazes. Il y envoie les gardes chasses ; Pelissier, Lacour avec leurs Limiers et la Fenille, valet des Limiers de la Louveterie du Roi pour reconnaître les lieux. Le lendemain, ils avertissent M. Antoine qu’un très grand loup, avec sa louve et leurs louveteaux, ont étés vus. M. Antoine part immédiatement et passe la nuit aux Chazes.

Le 20 septembre, les limiers ont détourné le loup dans le bois de Pommieres. Il est accompagné de sa femelle et des louveteaux. M. Antoine se transporte sur place avec tous les gardes-chasse et 40 tireurs des paroisses environnantes. Tous sont placés pour entourer le bois. M. Antoine prend place dans un détroit, un des meilleurs postes, près de lui est embusqué le sieur Reinchard. Le bois est battu, les chiens suivent de près l’animal ; tous les chasseurs postés s’attendent à voir sortir de la forêt la Bête. La tension est à son comble. Soudain, M. Antoine voit venir vers lui un loup monstrueux qui lui présente son coté droit. Ce dernier tourne la tête pour regarder dans sa direction. Le porte arquebuse épaule sa canardière chargée de cinq coups de poudre et de trente-cinq postes à loup et d’une balle de fort calibre. La Bête est à une cinquantaine de pas de lui. Le coup de feu le fait reculer de deux pas ; le loup tombe sous le choc. La balle l’a touché à l’œil droit et les postes à loup se sont logés vers l’épaule. Antoine pousse un cri de joie : il a fait mouche. Cette joie va être de courte durée ; d’un seul coup, l’énorme animal se relève et fonce droit vers le lieutenant des chasses de Louis XV. Ce dernier n’a pas le temps de recharger et appelle au secours. La Bête n’est plus qu’à 10 pas de lui quand le sieur Reinchard lui tire un coup de carabine dans le derrière. La bête, surprise, fuit vers la plaine et tombe à 25 pas environ raide morte. M. Antoine nous décrit l’animal :

« Nous François ANTOINE, esdits noms, et nous Jacques de la Font, avec tous les Gardes-Chasse ci-dessus déclarés, ayant examiné ce Loup avons reconnu qu’il avoit trente-deux pouces de hauteur aprés sa mort, cinq pieds sept pouces et demi de longueur, que la grosseur de son corps étoit de trois pieds et que les crocs, les dens machelières, & les pieds de cet Animal Nous ont paru des plus extraordinaires; ledit Loup pesoit 130 liv. Nous déclarons par le présent Procès-verbal, signé de notre main n'avoir jamais vu aucun Loup qui put se comparer à cet Animal, c'est pourquoi Nous avons jugé que ce pourroit bien être la Bête cruelle, ou un Loup dévorant, qui a tant fait de ravage & pour en prendre une plus grande connoissance, Nous avons fait ouvrir ledit Loup par le sieur Boulanger, Chirurgien Expert de la Ville de Saugues qui en a fait son rapport en présence de M. M ANTOINE, Pere et Fils, de M. de la Font, de tous les Gardes-Chasse soussignés, des deux Valets de Limiers de la Louveterie du Roi, de M. Torrent, Curé de Ventuejol, de M. Jean-Joseph Vernet et son Frere de la Ville de Saugues, de M. Torrent de Laveze, paroisse de Ventuejol & de M. Mousson de la Paroisse de Greze, & sur ce, c'est présenté premierement M. Torrent, Curé de la Paroisse de Ventuejol & Guillaume Gavier, Consul de ladite Paroisse, qui nous ont amené le nommé Jean-Pierre Lourd, âgé de 15 ans et Marie Trincard, âgée de 11 ans, qui nous ont déclaré tous deux après avoir examiné ledit Loup, que c'étoit la même bête qui les avoient attaqué, & blessé lad. Marie Trincard, le 21 Juin dernier, ainsi qu'il est déclaré par le présent Procès-verbal fait par Nous, en conséquence & ne sçachant écrire ni l'un ni l'autre, M. le Curé & le sieur Gavier, Consul, ont signé pour eux au bas du présent Procès-verbal; en second lieu, M. Bertrand Louis Dumont, Curé de la Paroisse de Paulhac & le sieur Ducros, Consul de ladite Paroisse, Nous ont amené les Nommées Marie-Jeanne Valex & Therese Valex, sa soeur, qui ont déclaré avoir été attaquées le 11 du mois d'Août dernier par lad. Bête, suivant & ainsi qu'il est déclaré par le Procès-verbal fait en conséquence, lesquelles deux soeurs après avoir bien examiné ledit Loup elles ont déclaré que c’étoit la même Bête qui les avoient attaquées & ont reconnu le coup de Bayonnette qu’il leur a été réprésenté & que la Bête avoit reçu à l'épaule droite, sur laquelle interrogation elle a répondu qu'elle ne pouvoit déclarer ou elle l'avoit blessée, à été représenté aussi Guillaume Bergounhoux & son Frere; Jean Bergounhoux l’aîné, âgé de 17 à 18 ans & son frère Cadet de 15 ans, & ont déclaré tous deux avoir été attaqués de lad. Bête le 9 Août dernier & secourus par Pierre Mercier Garde-Juré de M. le Baron du Besset, lesquels après avoir aussi examiné de toutes parts ledit Loup, ont déclaré l'avoir bien reconnu totalement pour la même Bête qui les avoient attaqués, ainsi que la nommée Marie-Jeane Mercier, âgée de 11 ans attaquée aussi à la même heure & qui fut défendue par Pierre Vidal, qui a déclaré que ledit Loup est la même Bête qui avoit attaqué ladite nommée Marie-Jeanne Mercier, lesquels ne sçachant signer ni les uns ni les autres, ledit M. Dumont, Curé, et ledit sieur Duclos, ont signé au bas du présent Procès-verbal; lequel examen fait autant que le tems l’a pû permettre, Nous avons Jugé qu’il étoit convenable d’envoyer ledit Loup en poste par le sieur ANTOINE de Beauterne, notre Fils, accompagné du sieur Lacoste, Garde-général, à M. de Ballainvilliers, Intendant de la Province d’Auvergne, pour en disposer suivant ce qu’il jugera nécessaire. Et ayant laissé le sieur Lachenay, Garde de Monseigneur le Duc de Penthievre, Prince du Sang, au Besset, pour venir Nous donner avis de ce qui se passeroit dans ce canton, suivant les connoissances que lui en auroit donné M. de la Font, qui avoit bien voulu s’en charger, il doit être compris au service du Roi, comme s’il eut été présent à notre Chasse. Fait au Bois de la réserve des Dames de l’Abbaye Royale des Chazes en Auvergne. Par supplément M. le Curé de Ventuejol, vient de me présenter la Nommée Marie Anne [Camisolle ?], âgée d’environ 20 ans, le nommé Jean Fontanier, âgé d’environ 15 ans & Jacques Ollier, âgé de 12 ans ses Paroissiens, du lieu de Combret, qui ont dit tous unanimement reconnoître cette Bête pour être la même qui leur a apparu le 21 du mois de Juin dernier; & ont déclaré aussi ne sçavoir signer, & Nous affirmons pour fait véritable le présent Procès-verbal les jour & an que dessus. Signés ANTOINE, ANTOINE DE BEAUTERME, LACOSTE, PELISSIER, RENAUD & MOULIN; LA FONT, REINCHARD, LAFLEUR, LECTEUR, DUMONT, Curé de Paulhac, TORRENT, Curé, de Verteuge, LACOUR, BONNET, BERTONNIER, LAFENILLE, MAUSSON, CLERNET, BIGON, LAMADA SAUVETON, Chirurgien, BOULANGER, Chirurgien, TORRENT, BIGOT, Consul; DUCROS, Consul, GAVIER.

NOUS François Boulanger, Maître Chirurgien Juré de la Ville de Saugues, déclare avoir fait l'ouverture d'un Loup par Ordre de M. Antoine, lequel après l'avoir vuidé & sorti les Entrailles, avons trouvé plusieurs lambeaux de chair & ossemens lesquels ossemens nous n'avons pas bien pu discerner, si ce n'est quelques côtes de mouton, laquelle ouverture à été faite en présence de M. Antoine, M. son Fils, M. de la Font, Messieurs les Gardes-Chasse & les Habitans de Besset & autres. Je certifie le présent Rapport sincère & véritable. Fait au Besset le 21 Septembre 1765.
Signé: BOULANGER chirurgien. »  (A.D. P.-de-D. c. 1736/27)


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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Dim Juillet 24, 2016 19:13 
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Inscription: Lun Novembre 28, 2005 19:28
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Sauf qu'il y a de gros soucis avec toutes ces déclarations et faits :

- 18 et 19 septembre 1765. Grande effervescence au château du Besset. Quelque chose se prépare.
- 20 septembre 1765. 40 tireurs venus de Langeac rejoignent Antoine de Beauterne. Aussitot, ils quittent le chateau de Besset. Le fils d'Antoine de Beauterne ne fait pas partie de l'expédition.

- 21 septembre 1765. Antoine de Beauterne regagne le Besset. Il a tué la Bête.
Vraisemblablement vers 13 heures, il rédige le procès-verbal de l'évènement : L'an 1765, le 21e jour de septembre, nous François Antoine, porte-arquebuse du Roi, Lieutenant des Chasses de sa Majesté, nous étant rendu par ses ordres en Gévaudan [...] Ayant été informé que les loups faisaient beaucoup de ravages dans les bois des Dames de l'Abbaye Royale des Chazes, j'ai envoyé le 18 dudit mois les sieurs Pélissier et Lacou, gardes-chasses et Lafeuille, valet de la louveterie, avec chacun leurs limiers, pour reconnaitre les bois de ladite réserve. Et le lendemain 19 dudit mois, ils nous ont fait avertir par le sieur Bonnet qu'ils avaient vu un gros loup d'assez près, ainsi qu'une louve avec des louveteaux assez forts. Ce qui nous a fait partir tout de suite pour aller coucher au dit lieu des Chazes, distant du Besset de 3 petites lieues. Et le lendemain, 21e jour, lesdits valets de limiers et le nommé Berry nous ont fait rapport qu'ils auraient détourné ledit grand loup, la louve et les louveteaux dans le bois de Pommier dépendant de ladite réserve, nous nous y sommes transportés avec tous nos gardes et 40 tireurs de Langeac. Après les avoir tous placés pour entourer le bois, les valets de limiers et les chiens se sont mis à soûler le bois. Nous, François-Antoine, étant placé à un détroit, il me serait venu par un sentier à la distance de 50 pas ce grand loup me présentant le côté droit et tournant la tête pour me regarder ; sur-le-champ, je lui ai tiré un coup de ma canardière chargée de 5 coups de poudre, de 35 postes à loup et d'une balle de calibre, dont le coup m'a fait reculer de deux pas. Mais ledit loup est tombé aussitôt, ayant reçu la balle dans l'oeil droit et toutes les dites postes du côté droit, tout près de l'épaule. Et comme je criais "Hallali", il s'est relevé et est revenu sur moi en tournant sans me laisser le temps de recharger mon arme. J'ai appelé au secours le sieur Rinchard, placé près de moi, qui le trouva arrété à 10 pas de moi et lui a titré dans le derrière un coup de sa carabine qui l'a fait refuir environ 25 pas dans la plaine où il est tombé mort.

Ayant examiné la hauteur de 32 pouces, la longueur de 5 pieds 7 pouces et demi, la grosseur de 3 pieds ainsi que celle des crocs et la grandeur des pieds de cet animal, le poids de 130 livres qui nous a paru des extraordinaires, nous déclarons n'avoir jamais vu aucun loup qui pût se comparer à cet animal. C'est pourquoi nous avons jugé que ce pourrait bien être la Bête féroce qui a fait tant de ravages. Et pour en prendre une plus ample connaissance, nous l'avons fait ouvrir par le sieur Boulanger, chirurgien de Saugues, en présence de M. Antoine fils, de M. Lafont, de tous les gardes soussignés, des deux valets de limiers, de M. Torrent, curé de Venteuges, de M. Jeazn-Joseph Vernet et son frère de la ville de Saugues, et de M. Manson de la paroisse de Grèzes. Et sur ce s'est présenté Guillaume Galvier, consul de Venteuges, qui nous a amené le nommé Jean-Pierre Lourd, âgé de 15 ans, et Marie Trincard âgée de 12 ans, qui nous ont déclaré tous les deux avoir bien examiné ledit loup, que c'était la même bête qui avait attaqué et blessé Marie Trincard le 21 juin dernier. Et ne sachant écrire ni l'un ni l'autre, M. le curé et le sieur Galvier ont signé pour eux en bas du présent procès-verbal. Puis M. Bertrand-Louis Dumont, curé de Paulhac, et le sieur Ducros, consul de ladite paroisse, nous ont amené Marie-Jeanne Valet et sa soeur, qui ont déclaré avoir été attaqués le 11 août dernier par ladite Bête ; lesquelles deux soeurs après avoir bien examiné ledit loup, l'ont déclaré être la Bête qui les avait attaquées. Jeanne Valet a reconnu le coup de baïonnette qui lui a été représenté que la Bête avait reçu à l'épaule droite ; sur laquelle interrogation elle a répondu qu'elle ne pouvait déclarer où elle l'avait blessé. A été représenté à Guillaume Bergougnoux, âgé de 17 ans, et à son frère âgé de 15 ans qui ont déclaré avoir été attaqués par la ladite Bête le 9 Août, et secourus par Pierre Mercier, garde de M. le Baron du Besset ; lesquels après avoir bien examiné ledit loup, ont déclaré l'avoir reconnu pour la même Bête qui les avait attaqués. Ainsi que la nommé Jeanne Mercier, âgée de 11 ans, attaquée aussi à la même heure, a été défendue par Pierre Vidal, qui déclare que ledit loup est la même Bête qui avait attaqué ladite Mercier, lesquels ne sachant signer ni les uns ni les autres, le curé Dumont et M. Ducros ont signé pour eux en bas du présent procès-verbal, ainsi que nous, M. Lafont, et tous les gardes,etc.


Le chirurgien qui a pratiqué l'autopsie affirme, quant-à-lui, que rien, dans les entrailles de ce loup, ne permet d'affirmer qu'il ait mangé de la viande humaine.

Le Dr Jaladon, chirurgien de la ville de Clermont est mandaté pour préparer et embaumer le cadavre du loup. Extrait de sa description : C'est un loup carnassier. On a trouvé dans son corps des os de mouton et des morceaux d'étoffe rouge ; les muscles de son cou sont énormes et indiquent une force exceptionnelle. Ses côtes sont disposées de façon que l'animal avait la faculté de se plier de la tête à la queue. Ses yeux sont étincelants et il n'était guère possible de soutenir leur regard. En un mot, son aspect est celui d'une bête terrible !
[...] A la machoire supérieure, 18 dents ; à savoir 6 incisives, 2 défensives (crocs) et 10 molaires : 6 du côté droit et 4 du côté gauche, et une prête à percer du même côté.
A la mâchoire inférieure, 22 dents ; à savoir 6 incisives, 2 défensives, et 7 molaires de chaque côté.

- 22 septembre 1765. Antoine de Beauterne écrit de nombreuses lettres aux autorités, aux amis, à sa femme. Il adresse ainsi cette missive à M. de St-Priest, où il exprime ses doutes : Par le procès-verbal que j'ai l'honneur de vous envoyer, vous verrez que j'ai enfin été assez heureux pour tuer dans le bois des Dames de l'Abbaye Royale des Chazes un loup dont chacun n'en a jamais vu de pareil par la grandeur, la force, la pesanteur, la grosseur et la longueur des 4 crocs, comme aussi par ses grandes traces telles qu'on n'en a jamais vues d'un loup : il enfonçait ses onglets de plus d'un pouce dans la terre. Par une force surnaturelle, qui a toujours été reconnue, que la soi-disant Bête avait traîné des corps très pesants, vivants ou morts, à une distance trop considérable pour ne pas prouver que cela n'a pas pu faire que par cet animal. Je ne prétends pas prouver qu'il n'y ait eu d'autres loups qui se sont joints à lui pour dévorer les humains, et je suis trop modeste pour pouvoir avancer qu'il est seul.


- 23 septembre 1765. Antoine de Beauterne fouille les forêts autour de Pébrac, avec six valets de limiers et leurs chiens, à la recherche de la femelle et des louveteaux.
- 24 septembre 1765. La chasse le ramène vers Ste-Marie-des-Chazes.
- 27 septembre 1765. Nouvelle chasse aux alentours de Ste-Marie-des-Chazes.
- 4 octobre 1765. Antoine de Beauterne et ses gardes blessent très grièvement deux loups, un mâle et un jeune adulte, et les laissent pour morts, aux Chazes.
- 13 octobre 1765. La louve est tuée, toujours aux Chazes.
- 17 octobre 1765. Un second louveteau est tué, toujours au Chazes.
- 3 novembre 1765. Antoine de Beauterne quitte définitivement le Gévaudan, pour se rendre à Versailles et y recueillir triomphe et récompenses.

Pour le Roi, la cour, le louvetier, l'affaire est close. Il n'y a plus eu d'attaques depuis "la mort" de la Bête. Pourtant, des hommes ont vue la Bête, d'autres ne croient pas à sa mort, tels Etienne Lafont, M. de St Priest, M. Bès de la Bessière, avocat au parlement, demeurant St-Chély-d'Apcher, qui clame à qui veut l'entendre qu'Antoine de Beauterne a tué une fausse Bête.

La suite semble lui donner raison. Les attaques reprennent le 10 décembre 1765.

Les éléments de doute

- L'emplacement de la battue. Antoine de Beauterne a tué sa Bête dans le bois de Pommier, près de l'abbbaye royale de Sainte-Marie-des-Chazes, dans le Velay. De l'autre côté donc du fleuve Allier, où il n'y a jamais eu d'attaque enregistrée et où la Bête n'a jamais été aperçue.

Depuis le 20 mai 1765, la Bête se terre dans la région des Trois Monts, dont elle ne sort que trois fois, chassée par des battues.

- Les préparatifs : 2 livres 7 sols à des hommes qui ont élagué des sentiers dans les bois des Chazes pour y chasser les loups. (Archives départementales du Puy-de-Dôme, C. 1737), apparaissent dans les dépenses d'Antoine de Beauterne. Les bois du Pommier étaient assez touffus, mais y préparer des sentiers est le meilleur moyen de faire fuir le gibier. Comment un animal aussi malin que Bête aurait pu rester dans ces parages ?
- Le déroulement des évènements. Du Besset, où demeure Antoine de Beauterne, au bois de Pommier, il y a 22 kilomètres (3 "petites lieues"). A vol d'oiseau.

Car la réalité du terrain est toute autre : [...] à peine vit-on des sentiers aussi pénibles, des chemins aussi raboteux, aussi dangereux et le plus souvent impraticables qu'entre ces deux villes ; aussi n'est-il pas un voyageur qui, fixant son regard sur la profondeur des abîmes qui coupent le chemin, ne les redoute comme l'image de son tombeau. [...] Outre les dangers d'une rivière rapide, sans pont, comme si la nature marâtre avait placé là un mur de séparation pour nous emêcher de comminuquer avec nos frères. La nécessité d'une grande route se démontre d'elle même. Les voyageurs venant de St-Chély, Mende, Marvejols ou Le Malzieu ne peuvent se rendre dans votre département (la Haute Loire) sans prendre des détours qui retardent leur marche. (21 octobre 1790. Mémoire rédigé par la municipalité de Saugues).
-- 18 septembre 1765. "On" avertit Antoine de Beauterne que des loups font des ravages dans le bois de Pommier. Pas une attaque sur un être humain, car elle n'est pas consignée.
-- Antoine de Beauterne envoie le jour même trois gardes-chasse, Pélissier, Lacour et Lafeuille, avec leurs limiers. Ce qui implique, que, compte tenu des préparatifs et du chemin à parcourir, ils ne puissent être arrivés qu'en fin de journée au Bois de Pommier.
-- 19 septembre 1765. Les trois gardent partent en reconnaissance, probablement de bon matin. Le soir même, un autre garde, le sieur Bonnet est de retour au Besset pour annoncer à Antoine de Beauterne que ses collègues et lui ont repéré un gros loup, accompagné d'une louve et de louveteaux assez forts.

Pour que Bonnet soit de retour au Besset, il faut qu'il en soit parti et donc soit déjà au bois de Pommier, où il n'avait aucune raison de se rendre.

Antoine de Beauterne quitte immédiatement le Besset avec tous ses gardes, ses chiens et quarante tireurs arrivés de Langeac. Ils couchent le soir venu sur la rive gauche de l'Allier à Saint-Julien-des-Chazes. Un certain berry et des valets de limier viennent lui annoncer que les loups ont été "détournés" dans le bois de Pommier. Où ils sont censés être depuis deux jours déjà.
-- 20 septembre 1765. Selon les écrits d'Antoine de Beauterne, cette jounée n'a jamais existé (voir les erreurs d'écriture).
-- 21 septembre 1765. Dès l'aube, Antoine de Beauterne et sa suite traversent l'Allier. Ils ont dû se mettre en marche dès l'aube (vers 6 heures en septembre), traverser et se mettre en position dans le bois de Pommier.

Huit heures. Le loup est mort. Sur la cinquantaine de gens présents, il a justement choisi de se faire abattre par Antoine de Beauterne.

Celui-ci est de retour avec la Bête vers midi au Besset afin de pratiquer l'autopsie et de faire venir des témoins. Puis le fils de Beauterne charge la Bête et file vers Clermont-Ferrand où il arrive le 22 au soir, après une journée et demi de voyage (Lettre de Monsieur de Ballainvilliers du 23/09/1675 à Antoine de Beauterne, Archives déparmentales de l'Hérault). Ce qui implique qu'il est parti immédiatement après l'autopsie et la venue des témoins. Et donc, que son voyage était déjà préparé. Antoine de Beauterne et sa suite devaient être bien sûrs du résultat de la battue.

-L'autopsie. Le chirurgien de Saugues (Archives déparmentales du Puy-de-Dôme, C. 1737) affirme que "...rien dans les entrailles de ce loup n'indique qu'il ait mangé de la chair humaine". Il reconnait "... la balle de calibre tirée par M. Antoine, ainsi que des chevrotines en différentes parties du corps, notamment dans le flan gauche ; deux blessures par balles aux cuisses et à l'épaule droite [..] une cicatrice à la face interne de l'épaule droite qui pénètre jusqu'au muscle (rien à voir, donc avec le coup de baïonnette de Marie-Jeanne Valet, porté au poitrail et de 7,5 centimètres de profondeur.) [...]plusieurs cicatrices à la partie inférieure des pattes de devant.

- L'âge de la Bête. Sa formule dentaire indique 22 dents à la mâchoire inférieure et seulement 18 à la mâchoire supérieure. Or, les louveteaux, nés en mai, acquièrent leur denture définitive vers 5 ou 6 mois.
- Cela laisserait entendre que la Bête tuée n'avait que 5 mois (donc bien incapable de meurtres commis un an avant sa naissance) sauf si l'animal présentait une malformation de la mâchoire, des dents n'étant pas sorties. Mais il s'agit d'un animal de forte taille. Donc adulte.
- La Bête serait immature, présentant un retard exceptionnel, et née en mai 1674. A l'heure des premiers crimes, elle tétait encore sa mère et n'avait pas encore sa taille d'adulte.
- Les témoins. Si Marie-Jeanne Valet et sa soeurs ne posent pas de problème, il n'en va pas de même des 16 autres.
- Sur les 16 qui se présentent, seuls huit sont censés avoir été agressés par la Bête. Les autres ne sont là que pour signer le procès-verbal, les témoins ne sachant ni lire ni écrire.
- Jean-Lourd et Marie Trincard, de la paroisse de Venteuges auraient été attaqués le 21 juin 1765. Or cette attaque n'est recensée nulle part. Pourtant, Antoine de Beauterne consignait soigneuse toute attaque ou information sur la Bête (allant même jusqu'à offrir une récompense pour cela).
- De même, pour Guillaume Bergougnoux (17 ans) et son frère (15 ans) attaqués le 9 août et défendus par le garde du baron de Besset. A noter toutefois deux lettres de particuliers (conservées à la Bibliothèque nationale) se contredisant. L'une parle d'un jeune garçon de 12 ans qui se serait défendu seul, l'autre d'un garçon défendu par un homme. Mais nulle trace d'un témoignage écrit ou oral d'une attaque sur deux frères.
- Pierre Vidal et Jeanne Mercier auraient été attaqués le même jour.
- Enfin le témoignage de Marie-Jeanne Valet et de sa soeur apporte une dernière contradiction : Jeanne Valet a reconnu le coup de baïonnette qui lui été représenté que la Bête avait reçu à l'épaule droite ; sur laquelle interrogation elle a répondu qu'elle ne pouvait déclarer où elle l'avait blessée. Pourtant, elle a clamé haut et fort qu'elle avait blessé la Bête au poitrail.
- Les erreurs d'écriture. Nombreuses, elles dénoncent certaines incohérences et contradictions.

- Les distances indiquées.
- La journée du 20. Selon le procès-verbal d'Antoine de Beauterne, il s'est rendu immédiatement aux Chazes après avoir parlé avec le garde Bonnet. Soit le 19 au soir. Pourtant, il écrit Et le lendemain, 21e jour... La journée du 20 n'a pas existé. Ou plus vraisemblablement, il ne se met en route que le 20, avec hommes et chiens. Mais il lui faut une journée complète pour les préparatifs et le voyage par des chemins très ardus.
- La lettre à Monsieur de Ballainvilliers. Écrite par Antoine de Beauterne le 21 septembre 1765, dans l'après-midi, elle est datée du 20 avec pour titre : "Etat du loup tué le 19" (Archives départementales du Puy-de-Dôme, C. 1736).
- Le coup de fusil. Je lui ai tiré un coup de ma canardière chargée de 5 coups de poudre et de 35 postes à loup et d'une balle de calibre, dont l'effort du coup m'a fait reculer de deux pas. Un ancien officier, G-F. Magné de Marolles, écrit en 1781 (Bibliothèque nationale, LK2.786) affirme que quiconque connaît bien les armes et l'effet de la poudre, et surtout de la poudre royale dont M. Antoine se servait, ne se persuadera pas aisément qu'un homme puisse soutenir le recul de 5 charges de poudre, ni même de 4 ! Et n'oublions pas qu'Antoine de Beauterne a 65 ans, à ce moment là.

Avec tout ça, je pense sincèrement que Beauterne ne pouvait pas ne pas être au courant. Qu'il n'ait pas été l'organisateur, peut-être, mais il est au moins complice de la masquarade.

_________________
La folie des uns est la sagesse des autres.
La vitesse de la lumière étant supérieure à celle du son, certains brillent en société... jusqu'à ce qu'ils l'ouvrent.


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MessagePosté: Dim Juillet 24, 2016 20:29 
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Inscription: Sam Mars 26, 2011 11:54
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Sans compter le fait - dévoilé par l'historien Guy Crouzet et Patrick Berthelot (spécialiste des uniformes militaires de l'Ancien Régime) - que c'est le 20 septembre 1765 que François Antoine a tué le loup des Chazes, et non le 21.

Or le 20 septembre est le jour de la Saint Eustache, saint patron des chasseurs. Le fait que le porte-arquebuse du Roi célèbre sa victoire ce jour-là, qui plus est dans les bois d'une Abbaye sous protection royale, est un étrange hasard. Il faut rappeler que Louis XV lui-même était un grand passionné de chasse...

« Certains documents ayant davantage de rapport avec la région Auvergne ont été daté du 21 par François Antoine, uniquement dans un but de dissimulation parce qu'il y avait au Puy bon nombre de sociétés de chasseurs dont les membres étaient initiés aux subtilités du domaine sacré de l'univers cynégétique, comme par exemple les Chevaliers de Saint-Hubert , qui n'auraient pas manqué de flairer la très improbable coïncidence à ce que la Bête du Gévaudan, que tout le monde traquait depuis septembre 1764 , soit miraculeusement tuée le jour de la plus importante fête de la chasse en France dans le calendrier après la Saint-Hubert » (Patrick Berthelot sur sa page Facebook, La comédie cynégétique de François Antoine ou l'ultime vérité )


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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Mar Juillet 26, 2016 20:29 
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La Bête reconstituée en résine et polyuréthane, grandeur nature, en reprenant les dimensions du rapport d'autopsie daté de 1767.

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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Mer Juillet 27, 2016 21:34 
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C'est Claude qui le dit sourire, moi je pense pas car elle est limite rigolote


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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Mer Juillet 27, 2016 21:37 
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J'ai pas le temps de tout regarder car les vacances sont presque là mais la discussion est loin d'être finie Arkayn et Maia87 ;o)


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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Sam Juillet 30, 2016 12:18 
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Dans l'attente de te lire, Gabriel ;)

Parmi la liste des pistes troublantes de cette affaire à ne pas négliger, les victimes de la Bête furent toutes catholiques dans une région ou les tensions étaient très fortes avec les communautés protestantes minoritaires (qui semblent avoir été épargnées par les attaques). Et n'oublions pas que l'animal est directement venu du Dauphiné et du Vivarais, hauts lieux du protestantisme, avant d'attaquer directement aux abords d'une Abbaye royale, celle de Mercoire...

Cette étrange indifférence de la Bête à l'égard des familles protestantes du Gévaudan était déjà louche à l'époque, puisqu'en février 1765 une gazette britannique (London Chronicle) rapportait que la Bête était « une pure invention » inventée par un jésuite pour « persécuter encore plus les protestants »...


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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Sam Juillet 30, 2016 12:48 
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Alors c'est un poil plus compliqué. Mende n'est pas terre protestante(si je me souviens bien), la vallée française et le pont de montvert sont des terres protestantes. Mais depuis 1685, le protestantisme n'existe plus en France et donc tout le monde est catholique (d'après les autorités royales bien sur) sauf les artisans allemands et hollandais protestants qui ont été embauché pour palier aux départs des artisans protestants français (Colbert et Vauban trouvaient la décision de Louis le petit totalement délirante et absurde). Donc Techniquement il ne peut y avoir que des catholiques qui sont attaqués.
C'est vrai que nous sommes à une charnière, l'affaire Calas a changé les mentalités et Louis XVI est un humaniste. Les protestants vont sortir du désert et pouvoir revivre sur leur terre.


Dernière édition par alekine le Sam Juillet 30, 2016 18:39, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Sam Juillet 30, 2016 18:29 
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:evil:

sacrée coincidence tout de même pour que tous les temoignages soit faux

en tout cas la bête devait etre enorme , peut etre pas un loup :(

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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Dim Juillet 31, 2016 09:00 
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alekine a écrit:
Alors c'est un poil plus compliqué. Mende n'est pas terre protestante(si je me souviens bien), la vallée française et le pont de montvert sont des terres protestantes. Mais depuis 1685, le protestantisme n'existe plus en France et donc tout le monde est catholique (d'après les autorités royales bien sur) sauf les artisans allemands et hollandais protestants qui ont été embauché pour palier aux départs des artisans protestants français (Colbert et Vauban trouvaient la décision de Louis le petit totalement délirante et absurde). Donc Techniquement il ne peut y avoir que des catholiques qui sont attaqués.
C'est vrai que nous sommes à une charnière, l'affaire Calas a changé les mentalités et Louis XVI est un humaniste. Les protestants vont sortir du désert et pouvoir revivre sur leur terre.

alekine, le conflit entre catholiques et protestants existait toujours à l'époque de la Bête...

En 1764, M. de Saint-Florentin (Ministre d’État) donne l'ordre de brûler une grange utilisée pour des assemblées de Protestants près de Puylaurens. La même année, M. de Saint-Priest (intendant de justice du Languedoc) veut forcer les enfants protestants à aller à la messe et au catéchisme.

En 1765, Saint-Priest se soucie que les assemblées de protestants deviennent de plus en importantes, au point d'attirer 6000 personnes à Chambon. La même année, un protestant de Castres a été dénoncé aux autorités pour avoir commandé 300 lances à un forgeron.

En 1767, il y avait encore des femmes protestantes enfermées à Aigues-Mortes, dans la Tour de Constance...

Jusqu'à 1 habitant était Gévaudan sur 6 est protestant, surtout dans les Cévennes et au Malzieu-Ville. Et (comme le confirment les sépultures) aucun de ces protestants n'a été attaqué par la Bête en 3 ans ?...


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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Dim Juillet 31, 2016 12:53 
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Je n'ai jamais dit qu'il n'y avait plus de protestants mais que pour l'Etat il n'y avait plus de protestants.
Les protestants cévenols sont au désert (parabole du désert de l'exode et de du désert de jésus), il n'y a plus ou presque plus de pasteurs, seulement des prédicateurs. Le baptême se fait devant le curé sinon aucune existence légale.
La guerre des Cévennes est terminée depuis 1705 par la mort d'Abraham Mazel.
Donc si des protestants ont été attaqués, ils ne vont pas dire qu'ils sont protestants, sinon ils savent qu'ils vont être envoyé soit aux galères pour les hommes ou la tour de constance pour les femmes.
DE plus les rares protestants n'ont pas le droit d'avoir de terre et de bêtes.
L'édit de tolérance ne sera signé que 20 ans après les faits en Gévaudan.
En plus, malzieu est peut être une ville protestante mais le Gévaudan est une terre catholique, bien que les Cévennes soient des terres protestantes (Anduze, saint jean du gard, la vallée francaise, le pont de montvert) .


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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Dim Juillet 31, 2016 13:27 
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Au temps pour moi, alors. ;)

Mais le fait que les protestants aient été opprimés n'explique pas leur absence totale dans les documents officiels ou la tradition orale. On savait très bien dans les villages qui allait à la messe ou non, les dénonciations et les tensions étaient très fortes. Or, aucune trace de protestants parmi la centaine de victimes de la Bête recensées. Un document d'époque précise bien que « Cette bête dévorait les chrétiens petits et grands ».


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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Dim Juillet 31, 2016 13:59 
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Et les protestants sont des chrétiens, il ne vous pas de culte aux saints et considèrent que c'est le Livre qui donne la parole et non pas le curé (d'où une grande culture et surtout ils savaient lire et écrire)
Je suis de la région et j'ai du aller au moins 10 fois au musée du désert. Quelqu'un de ma famille était prédicateur et il a été envoyé aux galères 10 à 20 ans avant les faits de la bête.
Les protestants devaient la jouer profil bas. Ils allaient à l'église en journée et devant le prédicateur le soir.
Donc il se peut que des protestants aient été attaqués mais comme ils se cachaient on ne peut en être sur.


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 Sujet du message: Re: La Bête du Gévaudan : Démystification
MessagePosté: Dim Juillet 31, 2016 20:44 
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Inscription: Sam Mars 26, 2011 11:54
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Il n'empêche que cette affaire s'est déroulée en des lieux déjà ensanglantés par ces conflits religieux, et que les rancœurs étaient toujours présente. Une piste bien trop vite écartée par certains « historiens » qui ne voient en la Bête qu'un loup tuant 3 ou 4 personnes par jour au gré de ses déplacements aléatoires, été comme hiver (ce qui est tout bonnement ridicule)...


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