Nouvelle histoire
Source: TF1.fr
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Elle pensait trouver l'amour, elle a plongé dans l'enfer du harcèlement virtuel. Virginie*, 37 ans, habite dans un petit village près de Salon-de-Provence. Après un passage à vide suite à son récent divorce, la jeune femme commence à reprendre pied en ce début d'année 2011. Une amie lui envoie alors une invitation via Facebook pour un jeu. "J'ai ouvert l'application, mais je me suis retrouvée dirigée automatiquement vers un site de rencontre dans lequel mon profil et ma photo étaient déjà enregistrés", explique Virginie. Curieuse, et le cœur en peine, elle se laisse tenter et sympathise fin janvier avec un certain Jacque Crepond : "sur son profil, il y avait une photo de lui, il était de type européen, disait avoir 39 ans, être exploitant forestier et habiter le Cantal". Le contact passe bien et de tchat en tchat les conversations deviennent plus intimes.
Interview Chantage financier, menace de diffusion de vidéos coquines : toutes les rencontres faites sur internet ne se terminent pas bien. Les conseils du chef de la division de lutte contre la cybercriminalité de la gendarmerie nationale pour ne pas tomber dans le panneau.
"Assez rapidement, il m'a demandé d'acheter une webcam car c'était dommage qu'il ne me voit pas. Je l'ai achetée, me suis filmée, puis il m'a demandé de me dévêtir. Je n'avais jamais fait ça auparavant mais là, je ne sais pas pourquoi, je l'ai fait, je me suis déshabillée et me suis filmée dans des positions de plus en plus obscènes, jusqu'à lui montrer mon sexe", raconte-t-elle. Les échanges écrits regorgent de mots doux et tendres. Les jeunes tourtereaux fixent une rencontre... pour de vrai. Mais .... "Il a annulé ce rendez-vous car il devait partir en urgence en Afrique pour ses affaires", explique Virginie. "Il m'a appelée avec un téléphone de là-bas, il m'a dit que c'était celui d'un guide, et il m'a dit que je lui manquais".
C'est alors que la belle romance à l'eau de rose tourne au vinaigre pour Virginie. "Le lendemain, on a échangé via MSN. Il m'a alors dit qu'il avait renversé une fillette, qu'elle était à l'hôpital, qu'il avait du donner 2500 euros mais qu'il en devait encore 1000 pour la soigner et qu'il fallait que je l'aide en lui faisant un virement par Western Union. Comme je ne l'avais jamais vu, j'ai refusé". Un refus qui va lui coûter cher. "J'ai alors reçu plusieurs mails et des SMS provenant soi-disant de Jacques Crépond et d'autres d'Interpol me disant que ce que j'avais fait était passible de 7 ans de prison et 3500 euros d'amende et que si je ne contactais pas ces personnes sous 24 heures, un mandat d'arrêt international serait lancé à mon encontre et la vidéo publiée sur Youtube et France 24", raconte-t-elle. La jeune femme appelle sur le numéro supposé d'Interpol et reconnaît un accent africain. Elle comprend qu'il va lui demander de l'argent.
"Vous avez une heure pour payer"
Ne cédant pas au chantage, la menace est mise à exécution. Quatre vidéos de Virginie se retrouvent sur Youtube. Un site web est même créé à son nom. La jeune femme se met alors en lien avec les hébergeurs pour tout bloquer. Elle décide de ne plus répondre directement à ses messages. Sa mère prend le relais en disant qu'il faut cesser tout cela et que sa fille est hospitalisée. Mais la menace se poursuit et c'est elle qui reçoit des mails, dont l'un stipulant "Vous avez une heure pour payer, au cas contraire apprêtez-vous à honorer votre célébrité et comment vous serez vu de tous et de votre famille, le compte à rebours est lancé".... Le ou les escrocs ont entre temps pioché dans le carnet d'adresses Facebook de Virginie. Des proches l'alertent qu'ils reçoivent des vidéos intimes supposées d'elle. Le 8 février, la jeune femme dépose plainte à la gendarmerie pour chantage avec mise à exécution de la menace et s'attache les services d'un avocat. Les "escrocs" sont prévenus mais continuent encore un peu à faire pression. Ils préviennent que si elle ne paie pas, Virginie sera poursuivie toute sa vie.
Ce 16 février, les mails et les menaces directes ont enfin cessé, mais Virginie n'est qu'à moitié soulagée car apparemment une vidéo tourne toujours. "Des amis m'ont prévenu hier soir qu'ils m'avaient encore vue. Ce qui m'inquiète aussi, c'est que j'ai trouvé sur internet des témoignages de personnes qui ont vécu la même chose, également avec des gens disant être en Côte d'Ivoire, et il semble que, pour certaines, les vidéos ressortent quelques temps après", s'inquiète Virginie.
Si elle a décidé de raconter son histoire, c'est pour "mettre en garde les autres victimes potentielles". "Je suis sûre qu'il s'agit d'un réseau organisé en Côte d'Ivoire et que je ne suis pas la seule victime, il faut que les gens sachent que cela existe pour ne pas tomber dans le même piège". "Ma cliente a eu le courage de dire non au chantage, explique son avocat marseillais, maître Lionel Febbraro. Elle en assume les conséquences aujourd'hui, mais il y a certainement d'autres femmes, également fragiles, qui se font abuser de la sorte et n'osent pas porter plainte, par honte, et préfèrent payer". "Il s'agit d'attaques très ciblées, vers des personnes vulnérables, auxquelles on ajoute l'aspect moderne de la sexualité sur internet, c'est très sournois", ajoute-t-il. L'enquête est actuellement en cours à la gendarmerie de Lançon-Provence.