LE FANTOME DE NEUFCHATEL Bonjour à tous,
Voici ce qui m’est arrivé il y a quelques mois. Je m’étais rendu chez un copain normand, habitant une vieille ferme typique et loin de tout, pour jouer du blues en sa compagnie. Je connaissais bien l’endroit, pour l’avoir longuement fréquenté dans le passé, et j’y avais déjà noté antérieurement des phénomènes plus qu’étranges, entre autres, lors d’une soirée « table tournante », au cours de laquelle j’avais pu observer un guéridon à trois pieds traversant une pièce de part en part avant de s’immobiliser…sur un seul pied, le plateau formant avec le sol de 45° (!) (5 témoins) pendant plusieurs secondes. Ceci étant posé, j’étais quelque peu sceptique. En effet, le maître des lieux (le père de mon copain guitariste), s’adonnait régulièrement à la prestidigitation, donnant même un spectacle de loin en loin. (Pour mémoire, j’ai même participé à l’une de ses prestations. Je jouais le rôle du « spectateur pris au hasard dans la foule »…). Il n’en reste pas moins que son fils Alex m’avait confié avoir entendu un soir, je cite « des bruits de fête au grenier, qui s’étaient éteints au moment exact où il avait ouvert la porte ». Il avait également aperçu, un autre soir « le fantôme de son oncle ». Toute la famille confirmait avoir également vu le fameux oncle, et racontait des histoires d’objets déplacés, de chute de tableaux, etc. Bref, le schéma classique de la maison hantée (petit soleil qui sourit). J’avoue n’avoir, jusqu’à ce jour, jamais cru à ces phénomènes irrationnels... Pas plus qu’aux soucoupes volantes et autres apparitions de la Vierge, considérant plutôt Jeanne d’Arc et agonistes comme des schizophrènes à tendances paranoïaques en phase maniaque de leurs pathologies. En revanche, j’avais été initié peu auparavant, toujours au même endroit, à la détection de canalisations par la méthode des sourciers, à l’aide deux baguettes de soudure coudées (du 3.2, coudé à 6 cm des extrémités. On ferme les poings, créant ainsi l’axe de rotation. On part baguettes parallèles. Lorsque les baguettes convergent, bingo !). Pour mémoire, la méthode permet de détecter des tuyaux en plastique vides, ce qui infirme la thèse d’Yves Rocard (le géniteur du nain Michel). Selon mon copain Alex, 50% des expérimentateurs parviennent sans problème à un résultat, ce qui me laisse pantois. Cela en dit long sur la psychorigidité de nos scientifiques bien pensants. Désolé, je suis un peu bavard. Voici donc (enfin) mon histoire extraordinaire. 17 heures. Nous venons juste de faire les courses au Leclerc local. Au menu : Saumon fumé bas de gamme et rôti de bœuf pommes de terre. Je suis en train d’éplucher les patates (pardonnez la trivialité. C’était juste pour éviter la répétition). Alex m’annonce que son épouse va bientôt arriver, en compagnie de deux amis à elle, Alain et Estelle. Pas de problème : Le rôti est énorme. Alex comptait s’en nourrir pendant trois ou quatre jours. 18 heures. Un van genre « Espace » entre dans la cour. A son bord, trois ou quatre personnes. Difficile de se faire une opinion. Les deux portières avant s’ouvrent. Apparaissent Mélanie, l’épouse, et un beau jeune homme d’une trentaine d’année, que je suppose à juste titre être Alain. J’aperçois ensuite une jeune femme grande et élancée, moyennement jolie, mais réellement bien faite. Sans doute Estelle…Plus tard, je me souviendrai du fait que les portières arrière du véhicule n’ont pas été ouvertes. Serait elle sortie par l’avant ? Pas impossible, avec un van. Quelques secondes plus tard, les trois personnages traversent la cuisine. Ils sont tous trois porteurs de valises et de sacs. Ils se hâtent vers l’escalier. Mélanie me salue. Alain m’adresse un vague signe. Estelle ne me jette pas même un regard. Elle semble préoccupée. Je ne m’en formalise pas. 18h 05 La cuisine est désormais déserte. Alex est parti dieu sait où. Je dresse la table, coupe le pain, débouche le vin pour le chambrer, et enfin, dois l’avouer, me ressers un troisième whisky. 18h 30 Mélanie et Alex me rejoignent. Mélanie, qui est plus ou moins écolo, me reproche la tonne de beurre que j’ai placée sur le rôti (C’était pourtant du beurre bio). Soudain, pris d’un doute, je lui demande si elle est arrivée avec deux personnes, ou trois. Je n’ai mis que cinq couverts. Je m’en voudrais de provoquer l’irritation d’un éventuel sixième convive. - On sera combien, au final ? - Ben…Quatre. - Comment cela ? Ta copine est déjà repartie ? - Quelle copine ? - La femme d’Alain. - Alain est gay. Tu parles de quoi, au juste ? - D’Estelle. C’est Alex qui vient de répondre. Lui aussi a cru apercevoir Estelle, mais seulement de dos. Il n’est pas trop sûr. En revanche, il en fait la même description que moi : Pantalon marron, pull beige, grande, maigre, cheveux mi longs blonds châtain. Le problème, c’est que Mélanie est arrivée avec Alain, et lui seul. Estelle avait à faire ailleurs. Pris d’une subite intuition, je suggère : - Et si c’était son fantôme ? Elle est peut être morte ? J’ai déjà lu des histoires de ce genre…
Ma suggestion imbécile a jeté un froid. Mélanie ne me la pardonnera d’ailleurs jamais. Problème : Alex a vu Estelle de dos. Il ne peut la reconnaître formellement. On me montre des photos de la jeune femme. Ce n’est pas elle. On lui téléphone quand même pour être bien sûr. Elle finit par répondre…Une heure plus tard. Evidemment : Elle « avait à faire »…En attendant, j’ai bêtement provoqué une véritable panique. Qui ai-je vu ? On me montre une tonne de photographies. Impossible d’identifier mon fantôme. Car c’est bien un fantôme que j’ai…que nous avons vu, Alex et moi. Je réalise enfin le caractère paranormal de mon aventure. Que s’est il passé ? Alex et moi avons eu une hallucination collective, à l’instar de ceux, très nombreux, qui ont vu la Vierge a Fatima (50000 personnes ?!). Que le cerveau puisse inventer, et projeter des images cohérentes, bien qu’irréelles, ont peut l’expliquer : Il suffit, que, pour une raison ou pour une autre, le cortex censeur se déconnecte durant un court instant. Mais, comment expliquer la concordance des deux témoignages ? Transmission de pensée ? Il est vrai, que, tous deux, nous attendions Estelle. On peut supposer que l’un d’entre nous l’a vue, et que l’autre a embrayé. Ne connaissant pas la jeune femme en question, je ne pouvais la rebâtir fidèlement. J’aurais donc entièrement imaginé son visage, alors que son allure générale m’aurait été communiquée par une voie mystérieuse par Alex. On pourrait en déduire le fait que, dans certaines circonstances, la transmission de pensée est possible, à moins qu’il n’existe une hypothèse encore plus ésotérique. En revanche, concernant, d’une manière générale, les maisons hantées, je propose l’explication suivante : Certains lieux seraient susceptibles d’engendrer des hallucinations du fait d’une pollution par des gaz ou des micro-organismes toxiques, plus ou moins agonistes du LSD. On peut également imaginer une pollution électromagnétique due, par exemple, au suintement de l’eau, et qui perturberait le bon fonctionnement de nos petites cellules grises. Dans cette hypothèse, les phénomènes observés relèveraient, comme dans le cas de mon histoire, de l’hallucination collective. On pourrait de cette manière entendre des bruits, constater le déplacement d’objets, voir des tableaux se décrocher, ou voir de phénomènes lumineux, des personnes apparemment réelles, sans que ces phénomènes correspondent à une quelconque réalité. Mais je demeure plus que perplexe face au caractère collectif de ces visions. D’autant plus, que, dans certains cas, des photographies confirment l’observation ! Y a un truc, bon guieu, y a un truc ! Ou alors, c’était le whisky. Je vais peut être me mettre au régime sec. Autant pour moi, juste un moment d'égarement. Amitiés aux curieux. Poufpouf
_________________ Pour chaque problème compliqué, il y a une réponse simple, claire, et fausse (Mencken)
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