L'affaire des fantômes du Trianon dit aussi "Moberly–Jourdain incident", est assez connu et a fait coulé beaucoup d'encre et il complètement déplacé (et facile) de déclarer que cette histoire aurait été lié à un état d'ébriété plus ou moins avancé... On ne boit pas chez les ladies...
Le Trianon et ses environs, je connais puisque je me suis marié tout près en 1981 et que notre voyage de noces s'est quasiment limité à en faire le tour d'une partie de ce domaine et il faut reconnaître qu'à certaines périodes de l'année, cet endroit donne une impression de malaise, particulièrement quand il fait chaud et lourd. On a vraiment l'impression qu'il y a une atmosphère plus moite qu'ailleurs.
Historiquement, l'endroit possède un lourd passé : à savoir que le domaine du Trianon se situe aux sources de plusieurs ruisseaux dont celui de Gally qui fournit l'essentiel du débit de la Mauldre. C'est un ancien endroit marécageux du au fait qu'à certains endroits la nappe phréatique affleurait presque partout (aujourd'hui les constructions nouvelles des environs ont fini par faire baisser le niveau). A l'époque gallo-romaine et même celle du bas Moyen-âge, l'endroit n'était pas habité car considéré comme aux limites des trois territoires (d'ou le nom de Trianon) et un très modeste village (un gros hameau) vit le jour, très certainement autour de l'an 1000. On considère également que le Grand Trianon est situé très exactement sur le terrain de l'église et de l'ancien cimetière du village de Trianon. Louis XIV "acheta" ou plutôt fit la saisie de ce territoire après 1668, comme ce tableau ci-dessous peut en faire foi. Il a été exécuté juste avant la démolition du village et de son église que l'on peut deviner en haut sur la droite, un peu avant les collines.
Château de Versailles en 1668Ces anglaises, très croyantes (car toutes les deux filles d'ecclésiastiques) le savaient elles ? C'est toute la question... De plus ils semblent bien que l'une d'entre elles était coutumière du fait des apparitions plus ou moins grandiloquentes puisqu'elle avait déclaré également avoir assisté à une apparition de l'Empereur Constantin, celui qui imposa la religion chrétienne à l'Empire Romain.
On a évoqué également un coup monté mais resté secret (car plus ou moins légal du fait que cela se déroulait sur un lieu public) par un aristocrate français excentrique et oisif, descendant du fameux mousquetaire du roi, D'Artagnan, dénommé le
Comte Robert de Montesquiou... Celui-ci avait une passion pour le domaine de Trianon ou il passait le plus clair de son temps jusqu'à qu'il fasse l'acquisition du Palais Rose du Vésinet, copie plus ou moins fidèle du Grand Trianon, dans le courant de l'année 1908.
Le palais rose du VésinetMonsieur le Comte adorait les réceptions costumées qu'il désirait les plus somptueuses possibles, avec des reconstitutions de scènes champêtres et bucoliques. Il lui arrivait aussi de déborder jusqu'à des heures tardives, en "débloquant" pas mal, d'ou des plaintes de la part de riverains de la très bourgeoise ville du Vésinet qui ont été consignées (et retrouvées)... N'avait il pas fait la même chose, mais cette fois-ci du côté du Trianon où il passait sa vie, lors de la visite des deux anglaises en 1901 ? Le biographe du fameux Comte de Montesquiou, l'historien Philippe Jullian en était convaincu.
Impressionnables, un peu "border line", gagnées par l'historicité du lieu, et incapables de faire la différence entre une "party" costumée et l'apparition de revenants, les deux anglaises ont été subjuguées... Pas besoin de picoler pour autant !
Monsieur le Comte, dans son état "normal" !