Je viens de visionner pour la énième fois, le film "Ghost" qui avec "The Hauting" est un des films de ma vidéothèque personnelle.
C'est amusant de constater que ces films respectent dans l'idée une tradition plus que bimillénaire.



Je m'explique : nos ancêtres gallo-romains vivaient dans l'idée que les fantômes et autres esprits hantaient leurs demeures et les dénommaient des Lémures. Ces "Lémures" se divisaient en deux types de revenants, les "Larve" des méchants comme le fantome du métro de "Ghost", mort de mauvaise façon et des gentils, les "Lares" comme le personnage de Patrick Swayze (toujours dans le même film) qui finiront par gagner le monde des élus.

Dans tous la plupart des films et romans de fantomes occidentaux, on retrouve cette dichotomie gallo-romaine qui, il y a 2000 ans était déjà ancienne. Les antiques Romains tenaient d'ailleurs cette tradition des Etrusques qui eux la tenaient des Pelasges, et là on arrive au seuil de la Préhistoire.

Or, quand on étudie un peu les traditions des peuples primitifs, on se rend que cette vision manichéenne du monde des morts, "bien contre mal", est très ancienne et fort répandue.

En retournant dans notre époque contemporaine, cela évoque également les personnages, héros des cartoons de Tex Avery ou de Disney et leurs petits génies toujours tiraillés entre le bien et le mal par de petits génies malicieux.



Cette transition me permet donc de passer d'une tradition très humaine (le bien opposé au mal) à celle qui veut que les esprits n'échappent à cette règle et viennent nous hanter selon cette belle tradition, mais d'ou vient cette idée ? (si c'est bien une idée...)

Eh bien, à mon avis, s'il y a bien matérialisation des esprits, elles ne se fait pas dans des lieux physiques, mais dans nos esprits.

J'explique de nouveau : L'homme primitif a longtemps vécu parmi les morts et leurs mémoires. Cependant, sans livres, sans textes écrits, supports aujourd'hui incontournable à notre progès, l'homme préhistorique gardait au fin fond de leur cerveau, les images, les recommandations, voire les admonestations de leurs aïeux morts. Ce fut cette qualité que le chercheur Julian Jaynes dénomma l'esprit bicaméral : vivre en double en quelque sorte, un peu comme le sont les personnes souffrant aujourd'hui de schizophrénie... sauf qu'aujourd'hui, c'est une maladie !!



http://fr.wikipedia.org/wiki/Bicam%C3%A9ralit%C3%A9

L'écriture fit son apparition, et on commença à transmettre les pensées et les idées d'une autre façon : il y eut bien les pithyes et autres sybilles qui jouérent un rôle de transition entre le monde bicaméral et le monde moderne, mais cela ne changea rien dans cette évolution.

Pourtant le cerveau n'a pas évolué aussi vite que la technique. Ce que l'homme a gardé pendant 100.000 ans, il ne peut pas s'en débarrasser en 3 ou 4000 ans. De petite réminiscences de l'esprit bicaméral ressurgissent sous des formes innatendues. Il suffit d'écouter la chansons de Pink Floyd "Brain dammage" pour le comprendre un peu mieux.

http://www.seedfloyd.fr/presse/le-fantome-du-roi-mort

http://www.lyricsfreak.com/p/pink+floyd ... 08608.html

Aussi, si un jour, vous entendez des voix, des murmures, des chants ou des plaintes venant du fin fond de votre placard, ne vous inquiètez pas : écoutez les bien et vous verrez que ceux qui vous parlent vous "connaissent" très bien !!

En fait, c'est tout le problème de l'imaginaire et du quotidien, ou comment savoir gérer cet imaginaire qui nous influence dans la vie de tous les jours. Cela ne vaut pas que pour les "esprits".
Si l'un prend trop le pas sur l'autre, on peut tomber dans la dépression ou la folie...

La Chambre Bleue fan de Ghost ? Un mythe s'effondre.......... (remarque, tant que ce n'est pas Dirty Dancing...).

Article très intéressant la chambre bleue.

Pour revenir à l’idée de la perception manichéenne opposant « bons » et « mauvais » esprits, des auteurs comme Jung reprennent les travaux d’anthropologues tel que Lévy-Bruhl montrant comment, par un processus de « projection », l’homme originel (ou « primitif ») organisait et expliquait son environnement.

On sait notamment en psychologie qu’il existe des « complexes autonomes inconscients », des manifestations, des rêves, des visions, complètement indépendantes de notre moi.
On le voit bien par exemple avec les témoignages de SansIPfixe et la représentation de sa « porte ».

Or, pour Jung par exemple, les « esprits » des primitifs ne sont rien d’autre qu’une projection de ces complexes autonomes qui ne sont pas associés au moi de l’individu. Une croyance se met alors en place : celle de l’existence des « esprits » et celle de l’existence des « âmes ».

Les « esprits » n’étant pas reconnus comme appartenant au moi sont alors perçus comme menaçants à travers leur pure altérité (c’est d’ailleurs toute la problématique de l’Autre = Étranger = Menace que l’on retrouve dans différents contextes dont les schémas de la xénophobie).

Les « âmes », elles, se comportent autrement pour l’homme dit primitif. Si le primitif se sent soulagé et en sécurité lorsqu’il a pu bannir un esprit, c’est tout à fait le contraire pour la perte de l’âme qu’il ressent comme une vraie mutilation. Souvent les graves maladies corporelles étaient alors associées à cette perte de l’âme (toujours visible aujourd’hui chez certaines ethnies). Dans différentes cultures, il existe ainsi des rites censés aider le malade à retrouver son âme, à faire rentrer l’âme-oiseau dans le corps par exemple …

On retrouve ainsi cette dualité du bon et du mauvais esprit. Mais pour la bicaméralité de Jaynes, c’est encore autre chose.

Même si dans l’idée il existe toujours une notion de « compartimentation » de la psyché, Jaynes se réfère non plus à un complexe autonome inconscient, mais plutôt à une absence primordiale de conscience, voire de « moi ». Dans ce cas, ce serait une activité interne et en arrière de la psyché qui serait alors interprétée comme étant d’origine étrangère au « moi » encore trop « faible » (la voix des « dieux », etc.). Là, il s’agit clairement d’hallucinations. Or, c’est bien ce qui peut être rencontré dans les mécanismes d’automatisme mental (hallucinations auditives) propres à certains schizophrènes.

Mais pour beaucoup de psychologues, le problème de l’automatisme mental traduit une carence… Pas celle de la « conscience forte » comme le prônerait peut-être Jaynes, mais plutôt la carence d’un processus de rétroaction des verbalisations mentales. Lorsque je parle dans ma tête, s’il me manque le mécanisme de bouclage qui me permet de savoir que je me parle à moi-même, alors je risque d’attribuer cette parole à une « source extérieure » qui parlerait dans mon crâne … Et là, on est clairement dans la pathologie mentale - ce qui n’est pas nécessairement le cas avec l’histoire des primitifs et de leurs esprits.

Intéressant...

Mais Jaynes si, je ne me trompe pas a beaucoup fait référence aux anciens grecs et aux anciens égyptiens pour expliquer ce qu'il appelle la bicaméralité dans les légendes des anciens



Eh bien, malgré que Julian Jayne soit passé à côté de ce constat, c'est tout à fait la définition du "MANA" tel qu'il me fut expliqué au fin fond du Pacifique sud !! Et le MANA, sorte d'eprit collectif d'un groupe (un "truc commun" comme me l'a dit le libraire de Hang Roa), force vitale qui vient des ancètres (pas si loin du KA égyptien) est souvent lié aux esprits des revenants (et rien que le terme de "revenants", c'est lourd de signification) !!



Mais j'y reviendrais bientôt !