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Cela ne résout pas tout, mais permet une mise ne perspective, chose qui manque en général dans les récits de ce type, puisque l'on cherche à grossir une réalité pour la rendre de plus en plus complexe, au point que les faits de base disparaissent sous des couches de rajouts
Exactement, même chose pour l'affaire Jack l’éventreur et les théories fumeuses du chirurgien sadique et du complot maçonnique...Comme l'explique le criminologiste Stéphane Bourgoin, la légende nourrie par la fiction occulte les faits, colportant un nombre de mythes qu'il est dispensable d'évacuer si l'on souhaite connaître la vérité.
Je me permet de reposter une partie de mon message sur cette nouvelle page, dans l'espoir d'éclairer les curieux. Parce que si on cherche absolument à voir dans les crimes de la Bête l’œuvre d'un homme, il est important de comprendre que la moitié de ce que l'on a raconté sur les personnages de l'époque est faux.
On sait grâce aux archives de l'Ancien régime (milieu du 18ème siècle) que :-
Le fils Chastel ne s'appelait pas Antoine mais
Jean-Antoine. Il est né en 1745, donc 19 ans à l'époque des meurtres. Il n'a jamais été fait prisonnier dans un bagne d'Afrique du Nord, pas plus qu'il n'a été castré par les pirates...On lui prête le métier de garde-chasse dans les bois de la Ténazeyre (la fiction en a fait un ermite à moitié sauvage) or
c'est faux. C'est son frère Pierre, qui était garde-forestier pour le comte d'une aristocrate, la Dame d'Apcher de Châteauneuf. Jean-Antoine Chastel s'est marié en 1778 et a eu 9 enfants. Il est mort en 1823 dans son village natal (La Besseyre-Saint-Mary), à 78 ans.
La théorie du sadique castré ayant dressé une hyène ramené d'Alger s'effondre comme un château de cartes.
- Le
comte Jean-François Charles de Morangiès n'était pas un pervers sexuel/psychopathe attiré par la vue du sang. C'était un colonel de haut-rang, accablé par la souffrance des paysans, qui chassait activement la Bête sur ses terres. Et il n'a jamais été gouverneur de l'île de Mirnorque jusqu'à la fin de la guerre de 7 ans comme le veut la « légende », il est rentré directement en Gévaudan après avoir contracté la tuberculose en Allemagne !
Les accusations envers le comte de Morangiès
sont fausses et ne se basent sur rien, il a vécu plus de 30 ans après l'histoire de la Bête sans qu'aucun soupçon ne pèse sur sa personne...Lorsqu'il s'est retrouve emprisonné suite à des problèmes financiers, Voltaire lui-même a pris sa défense devant le Parlement de Paris.
La fiction a transformée ce brillant militaire (mousquetaire, gendarme de la garde du roi, maréchal de camp, colonel) en un « marquis de Sade » ou un « Gilles de Rais », un serial-killer avant l'heure...Ce n'est que du romanesque, de la falsification des faits réels.
- Le
porte-arquebuse du roi ne s'appelait pas « Antoine de Beauterne » ou « François Antoine de Beauterne », mais François Antoine, tout court !
De Beauterne était le titre de son fils, Robert-François Antoine, gendarme du roi et plus tard fait chevalier de la Légion d’honneur par Napoléon. François Antoine n'a pas reçu la croix de Chevalier de l'ordre de Saint-Louis après avoir tué la Bête, il l'avait déjà depuis 12 ans (1755)...François Antoine ne s'est pas éclipsé à Versailles après avoir tué le loup (ou la première Bête) en 1765 (que beaucoup considèrent comme un complot pour tromper le peuple), il est resté encore un mois entier en Gévaudan pour s'assurer que la Bête ne reviendrait pas.
L'erreur du nom « Antoine de Beauterne » revient souvent depuis 60 ans dans les livres ou articles sur la Bête. Un manque de rigueur flagrant de la part de certains « auteurs ».
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Il y a eu des attaques de loups recensées en France au XVIIIème, beaucoup même. Il suffit de consulter le livre
Sur les pas du loup (tour de France historique et culturel du loup du Moyen Âge à nos jours) pour s'en rendre compte. La Bête du Gévaudan n'en était probablement pas un (fréquence des attaques trop importantes et bizarreries comme les cadavres déshabillés), mais que l'on arrête de dire que les loups sont inoffensifs et n'ont jamais attaqué personne au cours de l'Histoire. Les loups de l'époque étaient de vrais fauves en meutes qui peuplaient l'Europe (comme l'Amérique ou les Indes) par milliers.
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Il y a eu plusieurs autres « Bêtes féroces » dans l'Histoire de France : la Bête de Sarlat, la Bête de Benais, la Bête d'Auxerre, la Bête du Vivarais, etc. Avec toujours 10 à 50 enfants morts égorgés ! Mais on préfère ignorer ces Bêtes mystérieuses pour la « star » qui fait vendre le plus : celle du Gévaudan !