Arkayn a écrit:
Je ne connaissais pas ce Patrick Berthelot, mais c'est du lourd !
Pour être plus précis, et pour avoir suivi ses discussions depuis une dizaine d'années, il est convaincu que l'affaire de la Bête du Gévaudan est farouchement gérée par un "complot touristique" dont l'origine remonte à la création du musée de la Bête à Saugues en 1999.
Le groupe de Berthelot a une dent (si j'ose dire) envers Jean Richard et Bernard Soulier, qui, il est vrai, ont monopolisé les médias à chaque reportage ou à chaque interview...mais on ne peut pas leur en vouloir, car ce sont des habitants de la région qui perpétuent le devoir de mémoire envers les victimes. Messieurs Richard et Soulier ont toujours penché en faveur de l'hypothèse du loup mangeur d'hommes, et se sont opposé à celle du complot royal. Et Berthelot, qui voit des complots partout, même dans les tapisseries du XVIIIe siècle, que "seuls les initiés peuvent déchiffrer" (
), voit rouge.
Exemple :
Citation:
ceux qui ne veulent pas que la vérité passe , et qui sont les détenteurs officiels de cette histoire , balayent d'un revers de manche tous les propos de personnes qui pensent comme nous
Citation:
(...) Vous n'avez donc pas encore compris à votre âge que la Bête est une simple marotte destinée à distraire de la vérité humaine le groupe des badauds dont vous semblez apparemment faire partie ? Êtes vous assez intelligent pour parvenir un jour à saisir cette réalité ? il faut montrer patte blanche durant des années avant de voir s'entrouvrir la porte de ce savoir . lorsqu'il n'existe pas d'historiens dans ces spécificités particulières ON fait appel à des personnes telles que MOI qui se comptent en France sur les doigts des mains .
Personnellement, je considère Berthelot comme un érudit, il a une belle connaissance de l'Ancien Régime, des uniformes militaires, de la chasse à courre, et il a pu mettre en lumière certains documents sur l 'affaire. C'est lui qui a rectifié de nombreuses âneries répétées par des auteurs ignorants, comme les "dragons du roi" (en réalité le régiment des Volontaires-étrangers de Clermont-Prince, qui appartenait au comte Louis de Bourbon-Condé); ou encore "Antoine de Beauterne" (qui s'appelait François Antoine, "Beauterne" étant le nom de son fils)...Mais ses méthodes agressives sont discutables.
Hypothèse de Berthelot (résumé en quelques lignes) : La "Bête" du Gévaudan est une petite "Fronde". Un complot contre la monarchie, mené par une lignée de nobles, de puissantes familles liées par le sang et le mariage. On parle des Morangiès, des Haupouls (de Rennes-le-Château), des Montesquieu, des La Rochefoucauld, les Apcher, des Las cases, des Moret de Peyre, etc. Cet "Ordre secret", nébuleux, était une sorte de "maçonnerie noire" descendante des mérovingiens.
La "Bête" était un moyen terroriste, politique, de ridiculiser le pouvoir en place, déjà affaibli par la guerre de Sept Ans. Le "complot" impliquait également des paysans, des "dresseurs" aux ordres des puissants. Le "cerveau" des opérations n'était autre que "Messire" François-Hyacinthe de L-C, un militaire rendu fou par une blessure de guerre à l'oeil...Dans les années 70, l'historien Alain Decaux avait déjà identifié ce "Messire", dont il a caché le nom, car cette famille "du midi de la France" "touchait de très près au pouvoir"...Et pour cause : François-Hyacinthe de L-C était le père du mémorialiste de Napoléon (auteur du célèbre Mémorial de Sainte-Hélène), ET un ancêtre du président de la République Giscard d'Estaing...
Louis XV aurait été informé de cette conspiration, notamment par son "cabinet noir", service de renseignement avant l'heure. Pas question de dévoiler le scandale au grand jour et de couper l'arbre entier pour une poignée de fruits pourris. Il a donc envoyé des "chasseurs de loups" en Gévaudan pour préparer une sortie par la grande porte. Y a-t-il eu un semblant de négociations avec les "terroristes" ?..Probable, si l'on en juge les correspondances des chasseurs normands, les Vaumesle d'Enneval, qui font état de tensions avec certains personnages haut-placés, dont Jean-François de Morangiès, qui ne supportait pas cette "armée d'invasion" sur ses terres. Morangiès avait de quoi en vouloir au Roi, puisque son propre père, le marquis de Morangiès, était "tombé en disgrâce" à la Cour...En fait, chacun avait ses propres raisons d'en vouloir au pouvoir royal, comme la famille d'Apcher qui a vu ses châteaux rasés et ses ancêtres décapités un siècle plutôt par un tribunal ennemi de la noblesse (les
Grands jours d'Auvergne)...
Le 20 septembre 1765, l'homme de confiance du Roi, le chevalier François Antoine, tua un gros loup dans la forêt d'une Abbaye Royale, aux Chazes. C'était le jour de la Saint-Eustache, patron et protecteur des chasseurs. La Bête fut déclarée "officiellement" morte, on célébra la victoire en fanfare à Versailles et à Paris, sous le regard médusé des "terroristes" mis au tapis par cette manœuvre.
La suite de l'affaire : après la mort "officielle" de la "Bête", le complot fut dissout. Les rats ayant déserté le navire, les animaux tueurs seraient resté entre les mains des dresseurs (une branche des Chastel), qui en ont alors profité pour régler de sordides histoires de famille...d'où l'apparition d'une dernière "Bête" en 1767, instrument d'une vendetta locale entre paysans du coin...Jusqu'au coup de fusil de Jean Chastel, fatigué d'avoir vu tout ce sang couler pour satisfaire l'égo des "seigneurs"...
Voilà, en gros, l'hypothèse du groupe de Berthelot.