SansIPfixe a écrit:
Je pense que nous devrions imposer au soleil d'arrêter d'avoir des cycles et enfin se calmer un peu car il ne nous permet pas "d'avoir le bon climat" qui nous conviendrait, puis demander aux astéroïdes de ne plus s'écraser sur terre car ils provoquent un beau bord** sur l'écosystème et enfin à Dieu de débarrasser la planète de ce cancer qu'est l'homme afin que le loup "broute l'herbe" à coté de la gentille biche qui n'aura rien à craindre de lui.
Il ne me semble pas que Chimère ait tenue ce genre de propos, non ?
Je n'ai pas encore vu "HOME", je vais donc m'abstenir de tout commentaire à son sujet pour l'instant.
Cependant, l'idée de base de Yann-Arthus Bertrand (faire un "reportage" d'images du monde entier filmés par hélicoptère, pour exposer au grand public aux problèmes environnementaux actuels) part indubitablement d'une bonne intention.
On ne sensibilisera jamais assez le public -surtout qu'il y a en France encore beaucoup d'idées reçues et de préjugés qui circulent, quand on commence à parler de "Nature" et d'environnement.
Après, le challenge est de faire une vulgarisation qui soit
intelligente... et c'est là toute la difficulté.
On reproche à Yann-Arthus Bertrand et à Nicolas Hulot de faire beaucoup de "prêchi-prêcha" dans leurs commentaires et d'appuyer lourdement sur le
pathos, quitte à conforter le spectateur dans ses idées reçues ou à tomber parfois dans les excès qui consistent à personnifier la Nature. Bref, on leur reproche d'essayer de persuader le public avec des arguments douteux plutôt que de le convaincre avec des données scientifiques.
Le hic... c'est que je doute que le Français moyen soit intéressé par un documentaire scientifique rigoureux, exposant des données et des faits pour illustrer l'imminence des désastres écologiques à venir.
En caricaturant (beaucoup) les choses : le
vulgum pecus n'a pas envie qu'on le chamboule dans ses convictions, en lui expliquant par exemple que l'on ne sait pas encore s'il y aura réellement un réchauffement climatique ; il faut de l'urgent, du catastrophique et du concret pour qu'il ait envie de bouger.
Le beauf moyen ne se sent concerné que par ce qu'il connaît ou ce qui lui ressemble. Lui expliquer que la Nature n'est qu'un vaste système régissant les interactions entre êtres vivants l'indiffère ; en revanche, personnaliser la planète Terre en en faisant une déesse-mère à l'agonie peut l'amener à réfléchir et à comprendre la nécessiter de protéger les ressources naturelles.
Et ainsi de suite...
Donc au final, on peut très certainement reprocher le ton très naïf et moralisateur du travail de Nicolas Hulot et de Yann-Arthus Bertrand ; je pense cependant qu'ils sont loin d'être stupides et que s'ils présentent leurs reportages d'une telle façon, c'est pour essayer de ratisser le plus large public possible (y compris les gens qui
a priori ne se sentent pas concernés par les problèmes écologiques).
EDIT : ...
Après, on peut toujours se demander si une telle sensibilisation du public est réellement efficace sur le long terme et si elle ne risque pas de se limiter à une sorte "d'effet de mode" (comme on en parlait dans le sujet "Ecolo... débilo").
J'ai personnellement tendance à penser que manifestement, ce genre d'actions ne sont pas suffisantes. Elles s'occupent de la
forme en poussant les citoyens à adopter (de gré et de force) des mesures environnementalement viables, mais négligent le fond du problème.
Un petit exemple : j'ai eu l'occasion il y a quelques jours de papoter avec une brave dame, adepte de l'agriculture biologique et des médecines alternatives, se présentant elle-même comme une amie des animaux (elle possède plusieurs chiens et chats). Elle se justifia à l'aide des arguments habituels : "la Nature ne nous appartient pas à l'homme", "nous livrons notre planète à nos enfants", bref, tous les poncifs y sont passés.
... Jusque là c'est très bien. Sauf que cette dame avait accroché au rétroviseur intérieur de sa voiture un poisson tropical desséché, qu'elle avait acheté récemment lors d'une voyage en Polynésie. Cherchez l'erreur...
Je rejoins Chimère sur ce point, tant que certaines notions (dont la valeur intrinsèque de la Vie sous toute ses formes) n'auront pas été internalisées, la mise en place d'un nouveau système social/économique/industriel plus respectueux de l'environnement ne pourra pas avoir lieu.
Très naïvement, à mes yeux l'idéal serait que tout un chacun puisse prendre une fourmi dans sa main (sans l'écraser !), l'observer attentivement, puis se dire : "cette petite chose est belle, admirablement bien conçue, elle mérite donc le respect".
Ce serait déjà un très bon début. Le tout serait ensuite une affaire de compromis entre impératifs sociaux, économiques et écologiques (j'en ai déjà parlé maintes fois sur le forum)...
...Sachant que le "respect de toute forme de vie" est un très jolie chose, mais malheureusement impossible à appliquer dans la pratique -un tel concept n'existe pas dans la nature et nous ne sommes pas des purs esprits, nous sommes entièrement dépendants des végétaux et animaux pour nous nourrir, nous vêtir, etc... C'est plutôt quelque chose à garder dans un coin de son esprit et à essayer d'appliquer autant que possible -sans pour autant en faire une règle absolue et infranchissable.