Je suis de très mauvaise humeur ce soir et j'ai envie de casser des idées reçues, je m'y colle donc avec plaisir.
Galisas a écrit:
Plusieurs causes sont suspectées.
Voici une pétition contre l'une des causes soupçonnées
http://www.ogmabeille.net/#sp1Les OGMs ne
sont pas toxiques pour les abeilles.
Lorsque des OGMs sont conçus, leurs effets potentiels sur les insectes pollinisateurs sont systématiquement testés. Il faut bien réaliser que les généticiens et les agronomes qui travaillent sur les OGMs réfléchissent aux conséquences globales que ceux-ci peuvent avoir sur l'environnement... Ils ne se contentent pas de créer et de lâcher le résultat dans la nature.
Trois types principaux d'OGMs ont été cultivés en France :
- ceux produisant un insecticide naturel nommé insecticide Bt (en allusion à la bactérie
Bacillus thurigensis qui en est à l'origine). L'insecticide Bt détruit les muqueuses de l'appareil digestif des lépidoptères uniquement (papillons, et notamment la fameuse pyrale qui détruit les cultures de maïs dans le Sud_Ouest de la France). Bref, il est complètement inefficace et sans danger sur les hyménoptères, ordre dont font parties les abeilles.
D'ailleurs, l'insecticide Bt est utilisé depuis très longtemps en apiculture pour protéger les ruches de la fausse teigne..
- ceux produisant un insecticide anti-protéase, qui bloque l'action d'une enzyme nécessaire à la digestion chez les coléoptères (scarabées). Là encore, il est inoffensif chez les abeilles, et de très nombreuses études effectuées sur des parcelles expérimentales l'ont bien montrées.
- ceux produisant du glyphosate (la molécule du fameux "Round'Up"). Le glyphosate cible une enzyme particulière de la plante, intervenant dans le cycle chlorophyllien et la bloque. De par sa nature et son mode de fonctionnement il n'est donc pas toxique à petite dose, dilué au milieu des fluides de la plante.
(N.B.: le problème est tout autre quand certains agriculteurs ou particuliers pulvérisent des grandes quantités de Round'Up, presques pures car mal diluées : il y a alors un vrai risque de toxicité... pour les abeilles comme pour les humains.)
Je précise au passage que depuis le 12 janvier 2008, il n'y a presque plus de cultures d'OGMs en France. Le maïs Mon810 (qui représentait la quasi-totalité des plantes OGMs cultivées jusque là) a été interdit le temps que sa dangerosité soit réévaluée par la commission européenne. Aux dernières nouvelles, les hautes instances européennes ont débouté la demande de la France, estimant que les craintes formulées étaient infondées au vu des données scientifiques disponibles sur le sujet, et l'on peut s'attendre à une reprise de la culture du maïs Mon810 dans les saisons à venir.
Dans tous les cas, les surfaces d'OGM cultivées sont ridicules (22 000 ha en 2007) comparées à la surface agricole totale. Il est illusoire de rejeter la faute sur les OGMs, alors que les pratiques agricoles se sont appuyées pendant des dizaines d'années sur des insecticides et des herbicides très agressifs, dont les effets néfastes eux ne sont plus à démontrer...
Bref... Avant de casser du sucre sur le dos des OGMs de façon épidermique, peut-être faudrait-il se renseigner sur le sujet. C'est toujours utile.
Galisas a écrit:
Il est cependant à remarquer que selon le lien de Wikipedia, les insecticides sont tout aussi voir plus toxique, alors si on fait une pétition sur type d'ogm il faut en faire aussi sur les pesticides, donc faire que du Bio.
Sortez vous de la tête cette vision simpliste des choses : artificiel = mauvais, naturel = bon. Les pesticides "chimiques" ne sont pas fondamentalement plus nocifs que ceux utilisés en bio, tout produit est toxique si on y a recours en fortes concentrations.
En l'occurence, le bio utilise des produits qui bien que complètement naturels, peuvent être extrêmement dangereux. C'est notamment le cas du cuivre et du formaldéhyde, qui sont autorisés dans les cahiers des chartes bio et dont les effets sur la santé humaine sont très mal connus.
Autre petit exemple : il y a quelques temps, une étude a démontré les effets hautement neurotoxiques de la roténone. Cette huile essentielle est utilisée en masse en agriculture bio, justement parce qu'elle est "naturelle"... Curieusement, on en a très peu parlé en France et aucune mesure ne semble vouloir être prise pour l'interdire.
Autre petit défaut du bio, qui touche plus spécifiquement la santé humaine et qui fait beaucoup débat au sein des agronomes, avec souvent des positions très tranchées : la présence supposée plus élevée de mycotoxines dans les produits bio, dans la mesure où ceux-ci interdisent l'utilisation de fongicides.
Or certaines mycotoxines (l'aflatoxine, la patuline) sont infiniment plus toxiques et plus cancérigènes que n'importe quel pesticide utilisé en agriculture conventionnelle.
Galisas a écrit:
Il est à noté que certains sur le Forum ont prétendu qu'il est impossible de cultiver uniquement BIO (Ouais encore de la propagande, et alors?

) pour nourrir la population mondiale.
L'étude suivante montre le contraire:
[...]
C'est une question très vaste. Les diverses études menées ont obtenu des résultats très différents, et chaque scientifique/agronome possède sa propre opinion sur ce sujet.
En ce qui me concerne et d'après ma petite expérience du sujet, non, le bio ne permettrait pas de nourrir une large population.
Deux principales raisons pour cela :
- globalement, les rendements obtenus en bio sont plus faibles que ceux de l'agriculture conventionnelle... mais là encore, les chiffres varient beaucoup suivant les études (la dernière que j'ai lu parlait d'une perte de 1/5 du rendement).
Dans tous les cas, ça n'incite pas à penser que la globalisation du bio puisse répondre aux besoins d'une population en croissance, et dont l'alimentation se "modernise" : plus grande part accordée à l'alimentation carnée, donc plus de cultures destinées à l'alimentation animale, donc moins de terres disponibles.
- le bio est condamné à rester une production minoritaire et élitiste, pour une raison toute simple : les temps et le coûts de production sont globalement plus élevés, et les rendements plus faibles qu'en agriculture conventionnelle, ce qui oblige l'agriculteur a vendre son produit à un prix plus élevé que le produit standard.
Or si les pratiques bio se répandent parmi les agriculteurs, très logiquement le prix des produits bio sera amené à diminuer... et les agriculteurs n'arriveront plus à dégager une marge suffisante sur leurs produits. Cqfd.
A mes yeux, l'avenir n'appartient pas au bio ni à l'agriculture intensive, mais à quelque chose qui se situerait entre ces deux extrêmes. Une agriculture raisonnée, faisant une plus grande part aux cultures intégrées et aux relations de symbiose disponible dans le monde naturel, mais ne rejetant pas les innovations technologiques (comme le font trop souvent les partisans du bio) et ne crachant pas sur les pesticides lorsque ceux-ci s'avèrent nécessaires.