Et bien... vaste programme... !
D'une part, il faudrait déjà définir ce que l'on entend par "bonheur". En effet, l'on voit bien que ce qui peut combler une personne ne comblera pas du tout une autre. De plus, je me demande si certaines personnes recherchent réellement le
bonheur au sens où nous l'attendons habituellement.
Prenons par exemple les hommes politiques : pour arriver aux plus hautes sphères de l'Etat et du pouvoir, il faut presque tout y sacrifer, il faut travailler plus que dur, trahir s'il le faut, et être toujours sur la défensive parce que tout le monde ou presque au fond est prêt à nous trahir.
Et une fois que l'on est arrivé au sommet : les responsabilités sont énormes, même si on a de grands pouvoirs, et dès qu'on fait une erreur tout le monde nous tombe dessus.
Alors oui, je conçois que ça puisse être grisant, ce sentiment de puissance, mais après qu'est-ce qu'il en reste, finalement ? Une fois que l'on est à la retraite, qu'est-ce qu'il nous reste, vu qu'on a dû tout sacrifier ? Bah au fond, personnellement, je ne les envie pas...
D'autre part, toujours dans notre définition du bonheur, il faudrait aussi se demander si ce n'est pas ce que l'on met dans le "bonheur" qui n'est pas biaisé ?
Par exemple, les médias - et l'opinion commune la plus largement répandue - nous laisse croire que l'on trouvera le bonheur dans le matériel, qu'on sera plus heureux lorsqu'on aura une piscine, ou tel modèle de voiture, ou tel vêtement à la mode etc... Or, une fois que l'on acquis ce bien, de quoi se rend-on compte ? Que l'on est pas du tout plus heureux, que ça ne change rien du tout à notre mal-être.
En fait, notre problème est que sans doute nous ne savons pas ce qu'est le bonheur, alors nous avons tendance à le projeter plus loin : plus loin dans le temps ( "Ah quand je serais en retraite !" "Ah, quand se sera les vacances !" ), plus loin dans l'espace ( "Si je vivais ailleurs..." ) ou sur d'autres personnes, comme par exemple "les Peoples" dont les magasines à grand tirage nous donne l'impression qu'ils sont bien plus heureux que nous, et que leur vie est plus excitante et intéressante.
Or, si le bonheur n'est qu'une "projection" nous ne pourrons jamais l'atteindre, car il est probable que la dite projection s'éloigne à mesure que nous avançons, comme un mirage dans le désert.
Le sage Lao-Tseu a dit : "
Le bonheur n'est pas le but du chemin, le bonheur est le chemin." En d'autres termes, il n'est pas devant toi : tu as les pieds dessus !
Mais si nous avons les pieds dedant, alors c'est peut-être notre propre regard sur la vie et nous-même qu'il faudrait changer, et se faisant notre façon même de vivre : et si plutôt que de dépenser 200€ pour un jean's à la mode, je les gardais pour offrir un bon repas à mes meilleurs amis ?
Ce n'est qu'un exemple, car au fond, le bonheur est différent pour chaque personne, même si, dans l'ensemble, nous avons tous plus besoin d'affection et d'écoute - et même plus besoin de donner de l'affection et de l'écoute à notre prochain - que de biens matériels.
Mais ce débat soulève d'autres questions complexes, parce qu'au fond, la quête du bonheur, c'est un peu la quête humaine par excellence.
Donc, pour faire très simple et répondre à la question : ce qui nous éloigne pour moi du bonheur, c'est la fausse idée que nous en avons, et la fausse idée que nous avons de nous-mêmes.