Le problème c'est que les peines alternatives ne sont plus vraiment alternatives. Je veux dire par là qu'elles sont moins utilisées en remplacement de peines classiques que pour sanctionner des choses qui ne l'auraient pas été (ou très peu) avec des peines classiques : elles servent à élargir le "filet" de l'action pénale mais pas à l'atténuer.
Pour des voies de fait par exemple, il y a quelques années tu n'aurais pour ainsi dire eu aucun ennui, maintenant tu auras une peine de travail. C'est pas tellement ce que j'appelle une peine alternative, moi.
Citation:
C'est en tout cas sans compter sur la pression que pourraient mettre la dessus les associations de victimes, et une propension tout de même assez marquée de vouloir voir sanctionnés durement les délits, et ce, je l'accorde, tous azimuts.
Oui, et malheureusement le pouvoir étatique est toujours prêt à sauter là-dessus pour jouer de la carte du populisme, tandis que les criminologues tombent dans l'extrême inverse (eux, ils plaignent les détenus toute la journée sans penser un seul instant aux victimes). Moi, je dis qu'il y a un juste milieu et que finalement ça dépend de ce qu'on veut faire : je ne propose qu'une des solutions possibles. Mais si on veut une justice entièrement fondée sur la vengeance alors la prison est inadaptée également, et il faut revenir aux châtiments corporels et aux exécutions, ou à la justice privée. En fait, quel que soit l'objectif que l'on veuille donner à la justice, la prison est un modèle inadapté. N'oublions pas qu'il a été inventé dans une société qui touchait tout juste à l'ère industrielle (1789), et nous sommes à l'ère de l'information. Il a été inventé à une période où on croyait sincèrement qu'enfermer un type dans une cellule minable avec du pain sec et de l'eau et lui donner de temps en temps une rouste et une éducation religieuse pouvait faire de lui un bon citoyen... J'ose penser que nos connaissances en matière de nature humaine ont bien évolué depuis, le système judiciaire devrait évoluer également. La raison pour laquelle il n'évolue pas ? L'éternelle inertie de l'histoire. On a du mal à changer un système aussi lourd.
Citation:
Je sais que ça part d'un bon sentiment, mais il y a vraisemblablement paradoxe entre les 3 premières lignes et la dernière.
Non, je pense à tout, simplement. Si on peut maximiser l'objectif donné à la justice (réinsertion - et alors le modèle que j'ai proposé me semble une bonne idée ou vengeance) tout en éliminant les coûts pour la société, c'est excellent. Actuellement, le système des prisons ne remplit aucun objectif que l'on pourrait attendre d'un système judiciaire et coûte énormément, ce qui n'aide d'ailleurs pas les contribuables à mieux respecter les condamnés... Un système auto-suffisant assez bien conçu coûterait cher au départ, puis plus rien une fois mis en service (et au total beaucoup moins cher qu'une prison). Ils y produiraient tous leurs biens de consommation, pour créer une sorte de micro-société dont ils pourraient même fixer une partie des règles. Personnellement, je pense que ce serait un assez bon exercice de socialisation, à condition d'être bien mené.