Bon, je vais essayer de faire repartir le sujet après le prise de bec qui y a eu lieue.
En ce moment j'écoute ""Pâques, Pentecôte et Marie", un disque consacré à la
campanologie de la région toulousaine. Il est interprété par Bertrand OLLE, qui joue ici sur le carillon de la basilique St Sernin de Toulouse.
Bertrand OLLE est davantage connu pour avoir dirigé plusieurs chorales prestigieuses et être un excellent chanteur lyrique (mezzo-soprano), mais c'est en plus un fin organiste, et on le découvre carilloneur dans ce CD.
La
Basilique Saint Sernin est l'un des emblêmes les plus célèbres de la ville de Toulouse, et depuis que M.OLLE en est devenu maître-sonneur en 1996, son carillon a repris du service (on a parfois l'occasion de l'entendre sonner le week-end).
La prise de son du CD a été effectuée directement dans le clocher, afin de profiter du bain sonore créé par la résonnance des cloches, et de ne pas capter les bruits du centre-ville situé en contre-bas. Le carillon, son clavier dit "à manches de brouettes" et ses 24 cloches datent en grande partie du XVIIIème ou XIXème siècle, il y a donc d'inévitables bruits parasites liés au mécanisme.
Toulouse est la ville française la mieux fournie en carillons; on en compte 14 intramuros (mais peu sont encore en activité), en comparasion Paris n'en a que 3. La tradition des carillons dans la région toulousaine était très vivace jusqu'au XXème siècle; les nombreuses sonneries rythmaient les offices religieux, les fêtes et les différents évènements de la vie des paysans et des citadins. Elles permettaient également de transmettre toutes sortes informations : les décès, mariages et naissances bien sûr, mais aussi lorsque qu'il y avait un enfant à adopter ou lorsqu'une tempête approchait. Chaque situation avait ainsi "sa" sonnerie, et le patrimoine musical des anciens sonneurs était tout simplement énorme.
Avec l'arrivée de l'électricité et de la sirène au début du siècle, les carillons ont perdu leur raison d'être, ont peu à peu cessé d'être utilisés et tout le répertoire associé a bien été à deux doigts de disparaître.
Le CD comporte donc en majorité de ces sonneries traditionnelles, autrefois utilisées pour marquer les différents moments des fêtes de Pâques et de la Pentecôte. Assez courtes et cycliques, d'un rythme incertain (ce qui est à la fois inévitable et en même temps très caractéristique de la musique sur carillon), elles sont d'une écoute parfois un peu difficile pour l'oreille non habituée, leur intérêt étant alors surtout historique ou folklorique (dans son sens non péjoratif).
A côté, et probablement pour éviter de tomber justement dans la monotonie, l'auteur interprète également un certain nombre d'airs issus du répertoire religieux (le Canticorum Jubilo de Haendel, l'Ave Maria de Gounod) que profanes (Se canto).
Bref je le conseille à tous ceux (toulousains ou non) qui sont un peu curieux et qui s'interessent au patrimoine musical français, ou tout simplement à ceux qu'entendre une cloche sonner fait remuer les tripes.