Inscription: Mar Juillet 25, 2006 17:25 Messages: 373 Localisation: ici ou là....
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On dit de certains villages qu’ils ont une histoire, un secret, une douleur parfois, partagé par tous les habitants… Ce qui crée un lien très fort entre ces derniers. C'est le cas.
L’histoire que je vais vous raconter est vraie…elle n’a rien de paranormale, rien d’exceptionnelle non plus …elle est juste « injuste », mais c’est l’histoire de mon village natal…donc, mon histoire.
Aujourd’hui, j’ai envie de la partager.
Il y a très longtemps…en 91 pour être exacte, j’étais une gamine de 8 ans, avec tout ce que cela comporte d’insouciance, de bonheur etc (enfin pas vraiment, mais passons, là n’est pas le sujet…).
J’habitais donc un minuscule village où tout le monde connaît tout le monde, où tout le monde connaît l’histoire de l’autre. J’allais donc à l’école avec les jeunes du village, dont quelques uns sont toujours mes meilleurs amis aujourd’hui.
Un jour, le 12 juin, un mercredi, j’étais donc au village pour faire quelques courses au marché avec mon grand-père… celui-ci buvait « son canon » avec les aînés quand nous les jeunes nous réunissions pour faire les plus belles c**** que l’ont pouvaient trouver… . A un moment donné, je quitte des amis (les cousins de mon meilleur ami à l’heure d’aujourd’hui, « mon frère » , A) pour en rejoindre d’autres sur la place centrale.
D’un coup, une énorme déflagration fait trembler les murs de la poste contre laquelle j’étais appuyée…les sirènes qui se mettent à sonner…la panique, partout, pour tout le monde… Par je ne sais quel « hasard » je savais d’où cela venait, je me suis dirigée directement de là ou je venais de quitter mes amis F et B, 2 frères, et un petit gamin en vacances chez sa grand-mère…C’était la décharge publique ou F passait son temps à chercher des pièces, des trucs pour se fabriquer une « mobylette ».
Quand je suis arrivée, B était à terre, allongé, le gamin aussi…mais plus de F…On m’a vite viré de ce « chaos », « trop jeune pour voir ça ». Quelques heures, ou peut être quelques minutes après, j’apprenais ce qu’il s’était passé…
F avait trouvé « un truc » qui ressemblait à un « «corps de poupée » coupé au niveau de la taille, avec une goupille qui dépassait …il a tiré sur la goupille…et vous imaginez ce qu’il s’est passé. Son frère à survécu mais lui et le gamin, non, le gamin a pris un éclat dans la tête (si je me rappelle bien), et F à été réduit en miette…
On a appris quelques temps plus tard qu’une personne du village, qui venait d’emménager avait vidé le grenier de la maison et avait jeté une grenade de la guerre 14/18 (je crois) dans cette décharge, sans savoir ce que c'était exactement bien sûr. Cette personne est devenu folle…ne s’en ai jamais remis.
La mère de F, J, a elle aussi été en maison de repos (on comprend pourquoi) mais a réussi à s’en sortir après de nombreuses années… grâce à leur grand fils, B et sa petite sœur qui est arrivé quelques années plus tard, M. Enfin, son père, P. a lui été obligé de déménager, quitter ce lieu qui lui rappelait tant de mauvais souvenirs…
Si je poste ce message aujourd’hui, c’est que j’ai revu son père récemment, et bien sûr, F. a été très vite au centre de la conversation. J’avais les larmes aux yeux, comme à l’habitude quand je parle de lui, mais il m’a dit beaucoup de choses très belles, des messages d’amour, d’espoir que je veux partager…
Premièrement, après lui avoir avoué que je pensais à F. encore régulièrement tant d’années après, avec les larmes aux yeux, il m’a dit que ça lui faisait un bien fou d’entendre des choses comme celles-ci. Que F. était la première personne à qui il pensait en se levant et la dernière à qui il pensait en se couchant.
Deuxièmement, que même s’il aurait, évidemment, aimé le garder près de lui plus longtemps, il était heureux qu’il n’est pas connu le chômage, la bagarre, la tromperie (des femmes, des amis, au boulot…) et qu’il était toujours avec nous.
Que penser à lui, c’était le faire « revivre » quelque part… Enfin bref, j’étais vraiment à deux doigts de fondre en larmes, et depuis, j’y pense énormément..
Enfin, que c’était quelque chose que tout le village gardera à jamais en mémoire, la preuve, sa tombe, après 16 ans (déjà ) est toujours, la plus fleurie, la plus entretenue, la plus visitée. On se croise tous là-bas le 1er novembre, silencieux, mes nos yeux en disent longs….
A travers ce post, F., je te rends hommage, ainsi qu’à toute ta famille, ma famille dans mon cœur … Tu seras toujours dans nos cœurs, à jamais…On t’a pris ta vie, ton innocence mais pour nous nous tous ici-bas, tu es toujours là, près de nous, avec nous dans nos cœurs. Jamais mort, toujours plein de vie, espiègle, rieur, « coquin » comme tu l’étais à 12 ans. J’espère que tu es bien là haut. et que l’on se retrouvera le moment venu…
Si un jour, quelqu’un reconnaît ce village, ses initiales, alors il saura que l’on vient du même village et que moi non plus, je ne l’ai pas oublié notre petit F.A.
A vous, P,J,B et M, je vous tire mon chapeau, pour avoir été aussi…dignes, aussi fort dans la douleur. Sachez que vous avez tout un village avec vous, pour toujours…
Voilà, merci beaucoup à ceux qui auront eu le courage de me lire jusqu’au bout.
Ecrire cette histoire m’a fait du bien et j’espère qu’elle vous apportera ce qu’elle m’a apportée : de la douleur, certes, mais aussi et surtout, de formidables messages d’espoir et d’amour… Vous connaissez maintenant une partie de l’histoire d’une inconnue, et l’histoire d’un village…perdu dans la forêt…
Bien à vous
_________________ Foufi, Swan...je vous aime tellement mes bébés!
"N'ayez d'intolérance que vis à vis de l'intolérance" Hippolyte Taine
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