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Victoire du capitaine Watson : le Japon suspend la chasse à la baleine
Après deux mois de batailles navales, le célèbre pirate écolo chasse la flottille baleinière japonaise de l'océan Austral. Récit d'une traque.
Traqué par Sea Shepherd, le Japon suspend la chasse aux baleines
Mercredi, le pirate de l'Antarctique a certainement ouvert le bar du Steve Irwin pour célébrer sa victoire en compagnie de son équipage. La flotte baleinière japonaise qu'il traque depuis le 23 décembre 2010 a annoncé la suspension de sa campagne de chasse aux baleines, et ceci, avec les cales quasiment vides. Selon Paul Watson, le Nisshin Maru, navire-usine nippon, aurait embarqué seulement une trentaine de baleines. Soit une toute petite fraction du quota de 1 000 animaux autodécrété par Tokyo, sous prétexte de recherche scientifique. Le porte-parole du Premier ministre japonais a précisé que cette décision avait été prise pour des raisons de sécurité face au dangereux harcèlement des navires de la flotte écologiste.
Il faut dire que les 88 volontaires embarqués à bord des trois vaisseaux de Sea Shepherd - le Steve Irwin (56 mètres, 43 hommes d'équipage), le Bob Barker (55 mètres, 35 hommes d'équipage) et le Gojira (trimaran ultrarapide de 35 mètres, 12 hommes) - sont des idéalistes prêts à tout pour empêcher le massacre des géants des mers. Le titre de la campagne, "No compromise", veut tout dire.
Leur chasse aux Japonais a démarré sous les meilleurs auspices. Dès le 31 décembre 2010, Watson repère la flotte adverse. Jamais, au cours des six campagnes précédentes, l'ennemi n'avait été localisé aussi tôt, avant même d'avoir tué la première baleine. Il avait parfois fallu plusieurs semaines de navigation dans les eaux immenses de l'océan Austral pour tomber sur les Japonais. La stratégie du pirate des mers est simple : repérer le navire-usine puis lui coller aux basques pour empêcher le transfert des cadavres de baleines entre les navires-harpons et lui.
Malheureusement, lors de la première bataille navale, deux des trois navires-harpons de la flotte japonaise parviennent à faire barrage au Steve Irwin et au Barker, permettant ainsi au navire-usine de s'échapper. Seul le rapide Gojira se lance à la poursuite du navire-usine, à qui il suffit de pénétrer dans les eaux encombrées de blocs de glace pour lui échapper. Le trimaran est trop léger et trop fragile pour affronter ces obstacles flottants. Son capitaine Lockart MacLean (un Franco-Canadien) doit se contenter de voir sa proie disparaître à l'horizon. Il parvient, néanmoins, à le surveiller de très loin avec des ballons captifs équipés de caméras et de radars.
Pendant ce temps, les deux navires-harpons nippons, qui ont permis à leur navire amiral de s'échapper, restent avec le Steve Irwin et le Bob Barker pour connaître leur position. Impossible pour eux de rallier le Nisshin Maru, car ce serait y mener leurs adversaires plus rapides. C'est déjà une demi-victoire pour Watson puisque, pendant ce temps-là, tous deux ne peuvent pas chasser. De nombreuses escarmouches ont lieu entre les deux flottes. Les Japonais multiplient, en vain, les manoeuvres d'intimidation pour tenter d'échapper à leurs poursuivants. Une fois, ils parviendront presque à noyer avec un canon à eau l'hélicoptère du Steve Irwin, posé sur la banquise. Les équipages écolos répondent en balançant des bombes puantes et des fumigènes sur les ponts ennemis.
Coup de théâtre, le 12 janvier, le Gojira intercepte le navire ravitailleur de la flotte japonaise dans le Sanctuaire des baleines. C'est un bateau panaméen nommé Sun Laurel. Mis au courant, Watson s'écrie : "Nous avons trouvé le talon d'Achille de la flotte japonaise et nous comptons nous y accrocher comme une sangsue afin de l'empêcher de livrer du gasoil et du ravitaillement à la flotte baleinière." Laissant le Bob Barker dans le sillage du navire ravitailleur, Watson poursuit sa recherche du navire-usine à bord du Steve Irwin. Le navire panaméen s'enfuit vers l'est, bientôt le Bob Barker n'aura plus suffisamment de carburant. Il doit interrompre la chasse, mais pas sans lui avoir collé, en douce, un mouchard électronique sur la coque du ravitailleur.
Le navire-usine est ferré
Pendant ce temps, Watson poursuit sa traque. Le 26 janvier, après avoir navigué 4 000 miles durant 26 jours, le Steve Irwin retrouve pour la deuxième fois le Nisshin Maru. "Nous avons enfin localisé le navire serial killer, se réjouit alors Paul Watson. Nous lui collerons au cul jusqu'à la fin de la saison baleinière !" Pour échapper à leurs poursuivants, les Japonais fuient une fois de plus dans la zone encombrée de glaces, trop dangereuse pour le Steve Irwin. Raté, une fois de plus ! Heureusement, Watson peut encore compter sur l'espion électronique placé à bord du navire ravitailleur. Celui-ci indique un changement de cap. Apparemment, l'ennemi a décidé qu'un ravitaillement devenait possible maintenant que les deux navires n'étaient plus surveillés. Mauvaise stratégie, le capitaine du Steve Irwin ordonne à ses deux gros navires d'intercepter le Sun Laurel. Mais les glaces encombrent leur route, leur faisant perdre du temps. Ils arrivent trop tard. Le ravitaillement a eu lieu. C'est la déprime à bord des deux navires. Il faut reprendre la patrouille dans cette contrée hostile. Le 30 janvier, le Steve Irwin doit à son tour ravitailler, il fait route sur la Nouvelle-Zélande. Pendant ce temps, le Gojira, qui avait dû retourner à terre pour réparer des avaries, revient sur le champ de bataille pour participer aux recherches.
Le 9 février, hystérie à bord du trimaran. Le Nisshin Maru est repéré pour la troisième fois ! Son équipage est justement en train de dépecer une baleine à bord. Une bataille navale s'engage. Les écologistes accusent les Japonais d'avoir tenté de les aborder en ne changeant de route qu'à 20 mètres du trimaran. Une fois de plus, le Nisshin Maru cherche son salut dans la fuite. La rage au coeur, les douze volontaires à bord du Gojira voient leur proie s'éloigner dans un champ de glace. Ils doivent se contenter de rester sur la "berge". Une dernière chance existe encore parce que le Bob Barker, prévenu, arrive à temps pour prendre le relais, car lui peut affronter les glaces flottantes sans crainte. C'est fait. Le navire-usine est désormais bien ferré. Les écologistes ne le lâcheront plus. Paul Watson, averti de la bonne nouvelle alors qu'il revient de ravitaillement, est encore à 5 jours de route. Le Bob Barker n'a plus qu'à se tenir à la poupe des Japonais pour éviter tout chargement de baleines. Le lendemain, l'un des navires-harpons tente la manoeuvre en essayant de forcer le passage, mais le capitaine du Bob Barker tient bon.
Gouffre financier
La flotte japonaise finit par faire route à grande vitesse vers l'est, hors de leur terrain de chasse habituel, avec toujours les deux navires de Sea Shepherd collés à son train. De temps en temps, elle opère un changement de cap, donnant l'impression de ne pas savoir où aller. Et pour finir, mercredi, les autorités japonaises annoncent la suspension de la chasse à la baleine. L'opération se révèle être un gouffre financier pour elles. "Si l'annonce japonaise se confirme, c'est la preuve que notre stratégie a été payante", déclare Paul Watson.
Mais le vieux cachalot se méfie des ruses de mer. Il sait que la campagne aurait dû s'achever à la mi-mars. Les Japonais ont donc encore un mois pour tenter de remplir leur cale, espérant peut-être qu'à l'annonce de suspension de leur campagne Paul Watson relâche sa vigilance. C'est mal le connaître. Le pirate des mers ne laissera plus échapper sa proie.
http://www.lepoint.fr/actu-science/victoire-du-capitaine-watson-le-japon-suspend-la-chasse-a-la-baleine-16-02-2011-1296176_59.phpça fini par payer...
J'espère juste que c'est un premier pas, et que cette chasse - qui est quand-même illégale au regard du droit international - sera définitivement arrêtée, et pour tous les pays la pratiquant encore...
Et que suivra la fin du massacre des dauphins dans la baie de Taiji, ou des globicéphales des Îles Féroé, et des requins pour leurs ailerons...
M'enfin, y'a tellement peu de bonnes nouvelles ces temps-ci...