Dragon, WolfGuardian,
Je crois qu'à chaque époque convient un type de religion. Au départ, il semblerait que ç'ait été essentiellement animiste: gagnait le statut de dieu ou divinité ce qui faisait peur. Puis avec l'évolution des sociétés et l'avènement de la politique, les dieux ont pris un tournant plus humain, compréhensible pour la plupart avec des histoires à feuilleton. Maintenant que la science a gagné son statut de religion à part entière, les anciens dieux ne correspondent plus forcément et c'est pour cela que l'on se retrouve aussi avec des courants new-age. Mais le schéma de base n'a pas trop changé: il existe des religions préformattées tous public qui proposent un modèle moral de la société et qui permettent à l'élite dirigeante de garder une certaine cohésion en brandissant les spectres de l'enfer, de punitions divines et éternelles. Il existe aussi des courant plus fermés qui demandent initiation et qui font plus office de religion des élites (souvent auto-proclamées). Selon moi, la science est une religion de plus à la différence que les effets rituels sont visibles ou détectables, c'est ce qui en fait l'avantage par rapport aux autres religions basées sur la foi.
La définition de religion de l'Encyclopedia Brittanica: "human beings' relation to that which they regard as holy, sacred, spiritual, or divine. Religion is commonly regarded as consisting of a person's relation to God or to gods or spirits. Worship is probably the most basic element of religion, but moral conduct, right belief, and participation in religious institutions are generally also constituent elements of the religious life as practiced by believers and worshipers and as commanded by religious sages and scriptures."
La science, finalement, c'est juste la religion matérialiste par excellence (sans aucune connotation négative). Mais, comme tu le dis bien, les scientifiques sont parfois des croyants en une religion basée sur la foi (Einstein notamment). En fait, la foi devient une nécessité pour le plus hardcore des matérialistes à partir du moment où sont atteintes les limites de l'observable et de la connaissance scientifique. L'athéisme et le nihilisme sont tous deux basés sur la foi qu'il n'existe pas de dieu, respectivement qu'il n'existe pas de sens à la vie et qu'après la mort il n'y a rien, donc sur des hypothèses invérifiables de notre vivant. Ce que tu appelles de façon péjorative la superstition rien d'autre n'est qu'une manifestation de la foi. Et je ne crois pas qu'il faille porter de jugement sur la validité des croyances, il n'y a aucun critère de comparaison entre fois x et y de toutes façons.
Tout ça pour dire que les religions ont plusieurs rôles: pour les personnes, ça remplit le besoin de croire en quelque chose au-delà de la vie et donc de tenter d'y donner un sens (que certains auraient identifié comme génétique, j'avais lu ça dans Sciences et Vie mais j'ai des doutes
), pour les politiques, c'est une façon de poser une morale et de maintenir la cohésion des peuples qui partagent la même religion, ou de motiver des guerres entre gens de religions différentes. Le fait de dire que c'est une bonne ou une mauvaise chose est subjectif et relève totalement de la philosophie selon moi. Le fait est que la religion et la spiritualité existent et que les gens (dont je suis) semblent en avoir besoin: ils l'expriment juste de façons différentes selon leurs cultures.
Maintenant, le fait de n'associer que du positif ou de l'évolution à la science est un pas que je ne franchirai pas. Jamais nous avons été aussi proches de l'autodestruction: la planète s'est polluée comme jamais les 100 dernières années, il existe des milliers de bombes nucléaires d'une puissance suffisante pour faire disparaître la terre, un tiers de l'humanité vit avec la mort et la famine en épée de Damoclès (ça existait avant mais pas dans cette mesure): nous avons peut-être la technologie, mais probablement pas encore la sagesse pour savoir quoi en faire. Ca viendra peut-être... De toutes façons, le sentiment de bonheur est probablement quelque chose qui est constant quel que soit le niveau de technologie. C'est Soeur Emmanuelle qui disait que "ses" pauvres avaient tout le temps le sourire bien qu'ils vivent dans des bidonvilles dans des conditions très précaires. De mon côté, je n'ai pas l'impression que les gens soient particulièrement plus heureux ici. En tous les cas, sur Paris, ça ne sourit pas beaucoup!
Qu'est-ce que ça veut dire "évolution" de toutes façons ? La capacité de s'agglutiner dans des embouteillages tous les matins ou la capacité de ne plus mourir de la peste et de la tuberculose ? Le monde n'est pas manichéen et en toute chose il y a des aspects subjectifs perçus comme bien ou comme mal. C'est la nature humaine. La meilleure façon de vivre ça c'est en appliquant la tolérance et la compréhension au maximum, sans condescendance et sans préjugé. Mais c'est vrai que c'est souvent beaucoup demander...
Yann