Qu'est-ce que le monde? Ou plutôt, qu'est pensez-vous qu'il est?
Comme on me l'a demandé, je vais parler en premier... Tout d'abord, je pense qu'il n'existe qu'une seule et unique "vérité". En effet, s’il existe plusieurs "vérités", alors qu'est-ce qui empêche de justifier des crimes comme ceux des nazis ou des pédophiles par cet argument: "C'est ma vérité, et si vous ne la partagez pas, c'est votre problème"?
Mais, paradoxalement, s’il n'existe qu'une seule vérité, il existe autant de manières de percevoir cette vérité que de personnes. Une personne sourde considérera-t-elle quelqu'un qui laisse échapper un juron comme malpoli? Si elle n'en a pas connaissance, bien sur que non.
De la même manière, quelle est la couleur du logo en haut de ce forum? Pour des personnes n'ayant pas de problèmes de vue, il est bleu. Pour un daltonien, il va être gris. Pour une abeille, il sera violet. Alors, quelle est sa vraie couleur ?
La vérité est bien sûr unique : il n'existe qu'une seule couleur, puisque la couleur est une gamme de fréquences lumineuses reflétées et/ou émise par un objet. Mais la manière de percevoir cette couleur, elle, diffère suivant celui qui la perçoit.
Mais lorsqu'il s'agit en plus de mesure, cette vérité est encore plus relative, puisqu'elle dépend également de ce à quoi on la compare.
Je m'explique : un éléphant, est-ce grand ? Oui, si on le compare à une puce. Mais à l'échelle d'une planète, c'est minuscule.
Un an, c'est long ? Oui, à l'échelle de ma vie - j'ai 17 ans - mais à l'échelle d'une espèce - ou, encore une fois, à l'échelle de la vie d'une planète - c'est infime.
Comme le disait Einstein, "tout est relatif ".
Le monde, lui aussi, est relatif. Et le monde change, en permanence. Je me souviens d'un témoignage que j'ai reçu d'une personne ayant vécu une NDE, qui me disait qu'après son "expérience ", il voyait comme un "treillis reliant toutes les personnes, comme si tout le monde agissait sur tout le monde". Je pense que j'ai - et que nous avons tous, inconsciemment - conscience de ce "treillis " (les termes de "conscience inconsciente" peuvent paraître antinomiques. Pourtant, si on prend le temps d'y réfléchir, ce ne l'est pas vraiment : pensez-y, et vous verrez). La vie, le monde, tout agit sur tout, et en observant ce monde, on peut agir sur lui comme il peut agir sur nous.
Ma soeur, qui à dix ans, me pose souvent une question amusante: lorsque je suis dans ma chambre, et quelqu'un frappe à ma porte, je sais toujours qui frappe, et quels que soient les efforts qu'elle fait pour me dissimuler sa facon de marcher, pour imiter la toux de mon père, etc. je sais quand même de qui il s'agit. Je n'ai jamais vraiment su comment je faisais pour savoir, mais je le sais.
Et, en y réfléchissant, je pense que ceci n'est qu'une facette de ce "treillis " qu'il évoque. Je sais où sont les membres de ma famille et ce qu'ils font, lorsqu'ils sont dans la même maison que moi, simplement en faisant attention à ce qui m'entoure, aux bruits, et au sens empathique.
La vie n'est donc qu'un jeu: jouer à percevoir ce treillis qui nous unis tous - et dans ce tout, j'inclus les morts, les animaux, les plantes... Le monde lui-même est une partie de ce treillis.
Le but de ce jeu ? Je ne sais pas... Le plaisir peut être ? Après tout, c'est cela qui conduit tous nos actes : manger, faire l'amour... Toutes les choses menant à la préservation de l'espèce sont liées au plaisir.
Le pouvoir, autrement... Mais quel est le but du pouvoir ? Obtenir du plaisir.
Mais pourquoi le plaisir est-il souhaitable ? Qu'est-ce qui nous pousse à rechercher ce plaisir plus que toute autre chose ?
J'ai essayé de trouver des réponses à ces questions, mais je ne les aie pas obtenues. En revanche, je me suis rendu compte qu'il existe une chose qui vient toujours avec le plaisir : la peur.
On à peur que le plaisir s'arrête ("en croyant au bonheur la peur entre en mes joies", extrait de la chanson de Johnny Halliday "Retiens la nuit", si je ne m'abuse), on à peur que les occasions d'obtenir du plaisir disparaissent.
Car quelles sont les peurs des hommes ? Je pense qu'on peut les classer en trois catégories :
1) La peur qu'un plaisir cesse. C'est celle d'un enfant : lorsque l'enfant joue dans un parc, il ne va réellement craindre qu'une chose, le moment où la nounou va venir le chercher pour le ramener.
2) La peur que tous les plaisirs cessent. Cette peur est celle qui nous fait avoir peur de ce que nous ne connaissons pas (xénophobie signifie littéralement "peur de l'étranger", hors le mot "étranger" est formé sur la même racine que le mot "étrange". La xénophobie est la peur de celui qu'on ne connaît pas, qui nous semble différent de nous). Dans cette catégorie de peurs, je classe le racisme, et la peur de la mort. En effet, on imagine que lorsque nous sommes morts, tous les plaisirs cessent.
Un exemple frappant sur ce point est celui des hachachins, une secte musulmane d'assassins. Pour "motiver" leurs membres, le "vieux de la montagne" - leur chef - leur disait leur montrer, par ses pouvoirs, le paradis où ils iraient s’ils mouraient en mission. Ils les droguaient puis les transportaient, inconscients, dans une pièce aménagée en jardins, où ils avaient accès à de la nourriture, de l'eau, du vin, de la drogue, et où des esclaves masculins et féminins de tous âges satisfaisaient leurs moindres désirs. Ils étaient ensuite à nouveau drogués et ramenés dans leur grotte, dans la montagne. Mais motivés par ce qu'ils pensaient être le paradis, ils étaient près à tous les risques en mission.
Cet exemple montre bien que la mort ne fait peur que parce qu'on pense qu'elle peut être liée à la fin de tous les plaisirs.
3) La peur de la souffrance. Cette peur est la seule que je connaisse, et la seule qu'il reste si on choisit de renoncer aux plaisirs. La peur de la souffrance est la même que l'envie du plaisir. Deux choses inverses, qui sont donc strictement analogues.
Ce qui m'amène à deux choses importantes pour moi : Les paradoxes et la souffrance.
La souffrance, tout d'abord. La souffrance est l'inverse du plaisir, et donc ce qui permet de le définir. Le plaisir n'est donc que l'arrêt de la souffrance, et donc la souffrance n'est que l'oubli du plaisir.
Si le plaisir est le but du jeu, la souffrance est ce qui disqualifie les joueurs.
Enfin, avant de terminer ce petit exposé, je dois parler des paradoxes et des contraires.
Toute chose est un contraire. Quelle est la définition du bien ? L'absence de mal. Mais cela veut dire que le bien et le mal ne sont qu'une même chose : la seule différence est la présence ou l'absence de cette chose.
Je suis persuadé que tous les concepts peuvent être définis de la même manière : la liberté, c'est l'absence de contrainte. La contrainte, c'est ce qui limite la liberté.
Le monde n'est qu'un jeu, les règles sont les paradoxes et changent donc suivant le côté du paradoxe qu'on regarde, et la souffrance et le plaisir servent à compter les points. Du moins, c'est ma manière de voir.
Pour terminer, je vous invite à réfléchir à quelques questions :
- Comment pensons-nous ?
- Comment se fait-il que les corps s'attirent avec une force inversement propositionnelle à la distance au carré ? Et plus généralement, comment se fait-il que les lois qui gouvernent notre univers... Et bien, le gouverne !
Voilà, j'espère que ceci ne vous a pas trop ennuyé, c'est une partie de ce que je pense de notre monde, et de la vie en général.
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