Des fissures dans le champ magnétique laissent passer les vents solaires

WASHINGTON (AFP) - D'immenses fissures peuvent se former pendant plusieurs heures dans le champ magnétique terrestre, permettant aux vents solaires d'atteindre l'atmosphère terrestre, ont expliqué mercredi des chercheurs ayant participé à ces observations.

Pour la première fois, ces chercheurs ont pu établir que les fissures dans la magnétosphère n'étaient pas des phénomènes "qui ne durent que quelques minutes, comme on le pensait, mais que ces fissures peuvent rester ouvertes pendant de nombreuses heures", a expliqué le physicien Harald Frey, de l'université de Californie à Berkeley.

"Notre champ magnétique, le bouclier qui nous protège des vents solaires, n'est pas parfait du tout", a-t-il poursuivi en estimant que les observations réalisées grâce notamment au satellite Image de la Nasa "mettent un terme à un vieux débat sur le processus de formation de ces fissures".

Le satellite Image, lancé en mars 2000, permet de détecter les fissures dans le champ magnétique et la durée pendant laquelle elles restent ouvertes "en repérant la présence d'empreintes laissées par les protons" générées les vents solaires, a pour sa part expliqué le physicien Tai Phan, de la même université, lors d'une conférence de presse à la Nasa.

Cette connaissance va permettre aux chercheurs de mieux prévoir les conséquences sur Terre des éruptions solaires telles que celles, d'une exceptionnelle intensité, qui avaient provoqué plusieurs fortes tempêtes magnétiques frappant le globe depuis octobre dernier.

Le résultat des travaux des chercheurs, également basés sur les données recueillis par les satellites Cluster de l'Agence spatiale européenne (ESA) sont publiés dans la revue britannique Nature datée du 4 décembre.

En mai dernier, la même équipe de chercheurs avaient fait les premières révélations sur l'origines des aurores à protons, qui se présentent sous forme de tâches brillantes illuminant l'atmosphère terrestre.

Ils avaient alors établi que ces aurores se produisent lorsque des "fractures" se forment dans le champ magnétique terrestre, laissant passer des particules solaires qui entrent en collision avec les molécules présentes dans l'atmosphère.

Le champ magnétique terrestre s'apparente à un bouclier qui protège la Terre du vent solaire, un flux constant de microparticules éjectées par le Soleil.

Le vent solaire est lui-même formé de protons et d'électrons issus d'atomes d'hydrogène.

Le 18 mars 2002, un jet de protons solaires à haute énergie était entré en collision avec l'atmosphère terrestre, donnant naissance à une tâche brillante observée par le satellite de la NASA. Au même moment, par un heureux hasard, Cluster passait au-dessus d'IMAGE et traversait la zone d'où émanait ce jet de protons.

Le satellite IMAGE est le premier à avoir réalisé des prises de vues globales d'aurores à protons. La mission Cluster de l'ESA comporte 4 satellites lancés par deux fusées russes au cours de l'été 2000.

Source : Yahoo!Actualités