Chimère a résumé ma façon de penser.
Cortex a écrit:
Nous en sommes tous là, je pense. Mais jusqu'à quel point es-tu, seul, en mesure de faire respecter cette liberté ?
Un philosophe a dit un jour que moins d'Etat, c'est un meilleur Etat, ou quelque chose dans le genre. S'il réduit mes libertés en étant trop présent dans ma vie, j'estime avoir le droit moral de me révolter. Et je ne crois pas être le seul à en avoir complètement marre de notre système...
Cortex a écrit:
In fine, quelles formes devraient prendre de telles campagnes d'information selon toi ?
Bonne question. Dans tous les cas, je ne peux pas supporter qu'on me fasse la morale. Le problème est sans doute qu'il ne s'agit aucunement de campagnes d'information, mais de propagande, car elles sont politiquement orientées. Avertir des dangers de façon neutre est une chose. Mettre des encarts gigantesques sur les paquets de clopes pour tenter par tous les moyens de modifier les comportements en est une autre : je suis certain qu'à l'heure actuelle chacun connaît les dangers de la cigarette, pour continuer sur cet exemple. L'Etat sait que nous savons, alors en rajouter une couche, c'est plus de l'information mais du bourrage de crâne.
Cortex a écrit:
Pourquoi te fait-elle vomir ?
Parce que j'estime qu'aucun de mes actes, ni aucun acte de quiconque, ne peut-être justifié par "on l'a manipulé". C'est irrespectueux et dégradant. In fine, "manipulé" ou pas, on a toujours le choix.
Du reste, il faudra encore qu'on me prouve clairement la différence entre convaincre et manipuler.
Cortex a écrit:
Un seul remède à cela : promouvoir la pensée critique ! Mais verras-tu cela comme une atteinte à la liberté ? Parce que les gens sont libres de penser de travers, aussi...
Exact. C'est pour ça qu'un bon Etat ne doit pas tenter d'imposer son idéologie à la population, et qu'une majorité ne doit pas tenter d'imposer la sienne à une minorité. Je n'ai besoin de personne pour me dire quoi penser ou comment vivre.
Cortex a écrit:
Je suis d'accord avec toi sur le fait qu'on légifère de nos jours sur tout et n'importe quoi, souvent en réaction à une émotion publique bien souvent irrationnelle. Mais est-ce toujours obligatoirement le cas ? Quels sont les moyens existant ? Et se sont-ils montrés efficaces ?
Je répondrai de façon générale car je ne suis pas informé sur la législation sur les sectes... Mais parler d'efficacité en matière pénale aujourd'hui (pour ne prendre que l'exemple de la loi pénale, puisque c'est l'instrument utilisé), c'est presque de l'humour. Notre système pénal est absolument incapable de diminuer le crime. Actuellement, il n'y a aucun moyen de le faire. Tout au plus peut on sauver les meubles et créer une justice de façade qui maintiendra la population dans le calme et dans une confiance relative. Je ne vois pas pourquoi il en irait différemment pour les sectes.
Cela étant, on est quand même bien obligés de faire tourner le système, car son absence n'arrangerait rien non plus. Donc pour ce qui est du côté législatif, je dirais de se référer à ce que moi et Chimère avons dit plus haut en attendant que les sociologues, les psychologues et les juristes nous trouvent un nouveau moyen viable de faire fonctionner le système pénal.
Cortex a écrit:
A partir du moment où je suis susceptible d'en payer les conséquences avec mes impôts, ne l'est-ce pas quand même un tout petit peu ? Si j'étais camé au point d'être stone H24, serais-tu prêt à financer mes visites chez le médecin (NB : j'ignore comment est la sécurité sociale où tu vis), voire ma cure de désintox ? Autre exemple : sur la route, le comportement des autres me regarde un minimum, parce qu'une personne qui conduit mal (j'ai bien écrit mal, pas nécessairement bourré ou trop vite) est un danger pour ma sécurité... et une limite à ma liberté de rentrer chez moi en un seul morceau.
La sécurité sociale est pire, je pense, en Belgique qu'en France. Mais sans entrer dans mes opinions en la matière, je dirais que le fait que je paie tes visites chez le médecin, si ça ne me plairait pas, ne me donne aucun pouvoir sur ta vie. La liberté passe avant le fric, en ce qui me concerne. Mes cotisations sociales ne visent pas à acheter ton libre-arbitre.
Pour ce qui est du danger pour la sécurité des autres, je suis d'accord : je ne visais que les comportements d'autodestruction qui ne sont pas dangereux pour d'autres personnes, ça va de soi.
John Dogget a écrit:
Je suis certains que ta famille ou tes proches ne sont pas d'accord avec ça ...
Si tu te detruis toi-même, ça risque d'être "un peu" le problème de ta femme ou de tes enfants.
Bref, c'est un raisonnement egoïste.
Le fait que mes proches m'aiment ou non, qu'ils soient tristes ou non pour cause de ma mort, ne me concerne en effet pas. Certes, moralement, ça compte. Mais ça ne leur donne pas de droit sur ce que je veux faire de ma vie : je ne fais pas ma vie, ou ma mort, par rapport à ce qu'eux veulent, mais par rapport à ce à quoi j'aspire moi-même. En tant qu'individu, je garde la possibilité (le mot "droit" est mal choisi, puisque trop juridique) de me détruire.
Oui, c'est égoïste, mais nous sommes tous seuls devant notre vie et devant notre mort. Si j'interagis avec d'autres personnes, c'est toujours moi qui vivrai ma vie et qui la finirai, et personne d'autre. C'est donc exclusivement
mon problème, puisque je suis le premier concerné. Je ne vois pas pourquoi ma liberté devrait être diminuée par le fait que j'aime les personnes qui me sont proches, ou qu'elles m'aiment : c'est une conception de l'amour qui joue sur la dépendance, et je n'aime pas ça...
Mais on s'éloigne du sujet, je pense
