Citation:
Bien sur la fameuse balle magique. Des témoins ont entendu des coups de feus derrière la palissade.
Sur la pseudo - « balle magique », j’y reviendrai plus loin.
Ensuite, « des témoins ont entendu des coups de feu derrière la palissade »… Examinons ça de plus près :
Les témoins les plus proches de l’endroit n’ont jamais parlé d’un tireur posté derrière la palissade !
Abraham Zapruder, qui filmait le cortège, debout sur un socle de béton, à une petite dizaine de mètres de la palissade, n’a pas vu grand-chose (il avait l’œil rivé sur sa caméra), et a été incapable de dire d’où venaient les coups de feu, à cause de l’écho.
Marilyn Sitzman, sa secrétaire, qui l’accompagnait, a confié au chercheur privé Josiah Thompson :
"And as far as the sound of the shots go, the first one, as I said, sounded like a firecracker, and the second one that I heard sounded the same, because I recall no difference whatsoever in them. And I'm sure that if the second shot would have come from a different place -- and the supposed theory is they would have been much closer to me and on the right side -- I would have heard the sounding of the gun much closer, and I probably had a ringing in my head because the fence was quite close to where we were standing, very close. Ah, it just sounded the same way."“Et a propos du bruit des coups de feu, le premier, comme je l’ai dit, a ressemblé à un pétard, et le second que j’ai entendu également, car je ne me rappelle d’absolument aucune différence entre eux. Et je suis sûre que si le second coup de feu avait été tiré d’un endroit différent (et la théorie supposée est qu’il aurait été tiré bien plus près de moi, à ma droite), j’aurais entendu la détonation de l’arme bien plus proche, et j’aurais probablement eu les oreilles qui sifflent, parce que la palissade était très proche de l’endroit où je me trouvais, très proche. Ah, il a fait le même bruit. »
Mieux encore, le témoin
Emmet Hudson, qui se tenait, ainsi que deux autres témoins non identifiés, sur les marches menant au parking situé derrière la palissade, autrement dit
à deux ou trois mètres du tireur présumé ( !), n’a rien vu du tout. Et pourtant, quand un fusil de guerre tire derrière vous, à quelques mètres de votre oreille, vous faites plus que l’entendre, croyez-moi ! Pire, un de ces témoins, effrayé par les coups de feu, monte précipitamment les marches (films de Muchmore et de Nix), se dirigeant droit vers le poste présumé du tireur.
De même, les policiers
Ellis et
Lumpkin, qui étaient motards dans le cortège, escortant la voiture présidentielle, et qui, situés du bon côté de la route, avaient une vue dégagée sur la butte gazonnée, n’ont pas vu de tireur faire feu en leur direction.
Que reste-t-il donc ? Les affirmations de quelques témoins, situés plus loin, et désorientés par l’écho, un écho que même Oliver Stone et son équipe ont pu constater quand ils ont effectué leurs reconstitutions sur place en 1991…
Sur la balle magique :
A propos des blessures de Connally : aucun théoricien de la conspiration n'a jamais, à ma connaissance (encore qu'il faille être prudent dans ce domaine), émis l'idée que le gouverneur ait été touché par
plus d'une balle.Ainsi, si la balle "magique" est la risée de tout le monde depuis 1964, du fait de son parcours jugé extraordinaire, le fait qu'une seule balle ait touché Connally à
trois reprises (poitrine, poignet, cuisse) n'étonne personne. Pourquoi refuser alors qu'une balle d'un calibre aussi puissant que la 6,5 mm du Carcano ait pu également traverser le cou de Kennedy (sans toucher d'os) avant de continuer sa course dans Connally ? Une FMJ militaire en est parfaitement capable, et cela n'a rien de magique. De plus, le film de Zapruder montre clairement que les deux hommes sont touchés en même temps.
Ensuite, certains conspirationnistes (Garrison et Oliver Stone, p. ex. ) prétendent que la balle ayant atteint Kennedy dans le haut du dos (juste au-dessus de la première vertèbre dorsale)
ne l’a pas traversé. Ce n’aurait été qu’une blessure superficielle (scène de l’autopsie dans JFK, où un médecin sonde la blessure avec l’auriculaire). Mais une balle de 6,5 mm (calibre du Carcano) est bien trop puissante pour ne pénétrer que de quelques centimètres dans le dos de quelqu'un ! A la rigueur, pour qu'une telle chose se produise, il faudrait que la cartouche soit défectueuse, qu'elle ne contienne pas ou peu de poudre. Mais dans ce cas, la trajectoire aurait été différente, et la balle n'aurait pas atteint la limousine.
De plus, ceux qui affirment que la balle dans le dos n'a pas traversé Kennedy (alors que le 6,5 mm était utilisé au début du siècle pour chasser l'éléphant...) sont les mêmes qui soutiennent que la blessure à la gorge est un point d'entrée. Là, même problème, puisqu’il n’y a pas de blessure de sortie dans le dos de Kennedy (la blessure à la nuque est censée être blessure d’entrée), cela veut dire que
la balle n'a pas traversé. Là encore, comment est-ce possible ? On peut arguer qu'elle a été arrêtée par la colonne vertébrale. Mais dans l'éventualité d'une telle blessure (épine dorsale rompue brutalement), Kennedy serait mort sur le coup, ou, tout au moins, se serait affaissé, inconscient et désarticulé, comme après le coup à la tête, ce qui n'est pas le cas.
Toujours à propos d’un tir venant de la palissade, attention aux témoignages !
Ainsi,
Jean Hill, témoin de l’assassinat, située à quelques mètres de la voiture lors de l’attentat, et célèbre pour son manteau rouge vif, prétend avoir vu quelqu’un tirer depuis la palissade. Problème, ce n’est pas ce qu’elle disait, une heure après l’assassinat, à un journaliste de la chaîne WBAP-TV, qui venait l’interroger :
"Question - Did you see the person who fired the...
Réponse - No... I didn't see any person fire the weapon...
Q - You only heard it ?
R - I only heard it.""Question : Avez-vous vu la personne qui a tiré...
Réponse : Non... Je n'ai vu personne tirer avec une arme...
Q. : Vous ne l'avez qu'entendue ?
R. : Je ne l'ai qu'entendue."
Certains citent aussi le témoignage de
Lee Bowers, repris et mis en image par Oliver Stone. Lee Bowers était cet employé des chemins de fer, situé au nord-ouest de Dealey Plaza, à plusieurs dizaines de mètres derrière la palissade.
Que dit-il ? D'abord, qu'il a entendu trois coups de feu. Ensuite, qu'ils venaient
soit du Dépôt de livres, soit du Triple Underpass, mais qu'il est
incapable de dire précisément de quel endroit (à cause de l'écho).
Surtout, au moment des coups de feu, il rapporte :
"At the time of the shooting there seemed to be some commotion, and immediately following there was a motorcycle policeman who shot nearly all of the way to the top of the incline". (WC, VI, p.288) Comprenons bien : Lee Bowers ne voit pas la voiture présidentielle au moment des coups des feu. Que remarque-t-il quand les détonations résonnent ? Qu'il y a un "mouvement" (commotion) sur l'endroit surélevé (high ground), au-dessus d'Elm Street, qui va donc de la pergola au Triple Underpass.
Pas de fumée, pas de flash, pas de tireur.
Mais peut-être tout simplement la réaction de certains témoins se jetant au sol ou allant se mettre à l'abri.
Il dit aussi (comme quelques témoins) qu'un policier à moto est monté avec son engin sur la butte gazonné, ce qui est contredit absolument par les films et photos, et le témoignage des intéressés (encore une fois, fragilité de la mémoire).
Quant aux deux hommes qu'il prétend avoir vu à cet endroit, vers les arbres (et pas spécifiquement derrière la palissade, mais "towards the mouth of the underpass"), il ne rapporte pas les avoir vu s'échapper ou courir.
Considération plus générale, la palissade sur la butte gazonnée n’est pas un bon poste de sniper, pour les raisons suivantes :
-
trop près de la cible, ce qui n'est pas nécessaire pour un fusil de guerre doté d'une lunette, conçu pour tirer au-delà de 300 m (et pourquoi se priver de ce genre d'arme pour tuer un président ?).
-
angle de tir horizontal (alors que le surplomb est supérieur pour toucher une cible mobile) avec la cible se déplaçant sur le côté.
-
trop exposé à la vue des témoins et, surtout, de leurs appareils photo et caméras, qui ne pouvaient pas tous être confisqués et/ou trafiqués (encore que dans le dernier cas, on rentre dans la science-fiction).
-
trop à la merci des agents de la police de Dallas, du Bureau du Shériff du Comté et des divers agents fédéraux présents (ATF, renseignement militaire, et même Secret Service : l'agent Johns, dans la voiture de Johnson, s'est précipité hors de sa voiture au moment des coups de feu).
- surtout : opérer de cet endroit entrait en
totale contradiction balistique avec les tirs du Dépôt de Livres. Arme différente du Carcano d'Oswald, donc signature balistique différente. Et imaginez qu'un témoin se fasse blesser par un tir perdu venant de la palissade... Tout l'échafaudage du tireur solitaire tombe à l'eau avant même l'arrestation du pigeon !
- logique de l'assassinat : si l'on a déjà un tireur au TSBD qui peut sans risque pour la conspiration tirer autant de fois qu'il le veut (puisque de toute manière c'est lui le pigeon), pourquoi poster un deuxième tireur qui n'aura droit raisonnablement qu'à un seul coup de feu (sécurité oblige) ? Pour être sûr d'éliminer Kennedy ? Le tireur de la palissade peut toujours manquer sa cible, et si tel est le cas, c'est la catastrophe. Si Oswald la rate une fois, il peut de toute manière réarmer et tirer jusqu'à ce qu'il touche et tue. Principe d'économie et de sécurité : mieux vaut un tireur que deux.
Citation:
Oui la balle avait surement des superpouvoirs.
Non, non ! Une balle de fusil peut aisément traverser deux hommes. Il n’y a aucun « superpouvoir » là-dedans…
Citation:
À cause d'une balle tirée à l'avant.
Contrairement à ce que laisse croire le cinéma, un impact de balle ne projette pas la victime violemment vers l'arrière… Dans la plupart des cas, le corps lui-même ne bouge pas. D’ailleurs, si l’on admet que le mouvement vers l’arrière de Kennedy, lorsqu’il est touché à la tête, est dû à la puissance de la balle, alors pourquoi ne voit-on pas un mouvement identique, vers l’avant, lorsqu’il est touché au dos ?
Tout simplement parce qu’une balle de fusil n’a pas assez de surface et de masse pour projeter sensiblement un corps humain en arrière (ou en avant). Un coup de bâton, peut-être. Mais pas une balle.
A propos de ce mouvement vers l’arrière, on observe, à l’image 312, juste avant l’apparition visible de l’impact, un mouvement très court de la tête de Kennedy vers l’avant. Quasiment imperceptible, et limité au seul crâne (ce n’est pas tout le corps qui bouge), ce mouvement bien plus modeste que le suivant pourrait en revanche être celui de l’entrée de la balle dans le crâne. Comment expliquer le bond vers l’arrière et la gauche, clef de voûte de la démonstration de Garrison-Costner dans JFK ? Deux possibilités, qui ne s’excluent pas : le « jet effect » et le spasme neuro-musculaire.
Le « jet effect » est un effet balistique reconnu, selon lequel, sous l’effet de l’impact d’une balle, un corps empli de fluides expulse violemment ces derniers vers l’avant (à la blessure de sortie), ce qui a pour effet de provoquer un mouvement de ce corps vers l’arrière, autrement dit, en direction du tireur. De multiples tests ont été effectués, avec des pastèques, voire des cadavres d’animaux. On doit pouvoir en trouver des exemples sur Internet.
La description de la blessure par un des médecins de Dallas ayant tenté de soigner JFK ne concorde pas avec un tir venant de l’avant et de la droite (qui aurait laissé un trou à l’arrière-gauche du crâne) :
DR. KEMP CLARK- The head wound could have been either the exit wound from the neck or it could have been a tangential wound, as it was simply a large, gaping loss of tissue."Dr Kemp Clark : La blessure à la tête aurait pu être la blessure de sortie de (la blessure du) cou [les médecins de Dallas ignoraient la blessure au dos, et pensaient que la blessure à la gorge était un point d’entrée], ou bien elle aurait pu être une blessure tangentielle, dans la mesure où il ne s’agissait que d’une grosse perte béante de tissus."
Citation:
Bin, en fait non les munitions de guerre sont "faite" pour blesser et non tuer (evidemment une balle en pleine tête ou qui touche des organes vitaux cela ne pardonne pas).
La munition de 5,56 mm OTAN (.223 pour les Américains), celle qu’on utilise pour le FAMAS, par exemple, est tout de même conçue pour traverser un casque lourd à 100m… Ce qui est vrai, c’est que contrairement aux calibres plus lourds (7,62, etc.), la légèreté de l’ogive fait que si elle rencontre un obstacle, elle aura tendance à rebondir à travers le corps de la personne touchée, causant d’autres blessures.
Et c’est vrai également, il est plus judicieux, tactiquement, de blesser un ennemi que de le tuer, à cause de la mobilisation des moyens de secours que cela entraîne, et du ralentissement opérationnel de l’ennemi qui en découle. Enfin, précision : tout cela ne marche qu’à armes égales, c’est-à-dire entre armées conventionnelles. Si l’on a affaire à un ennemi non conventionnel et politiquement ou religieusement fanatisé, cela ne marche plus, dans la mesure où celui-ci préfère alors continuer la mission au détriment de ses propres blessés. Le Vietcong, par exemple, ne comprenait pas pourquoi les Américains déployaient autant d’efforts pour sauver leurs blessés et évacuer leurs morts. Ils y voyaient une faiblesse.
Citation:
L'enquête de Garrison avait abouti a un procès JFK avec comme suspect Clay Show.
Et le procès de Clay Shaw a abouti à l’acquittement haut la main de ce dernier… C’est normal, vu le manque de sérieux du dossier de Garrison. Un Garrison très largement discrédité, y compris dans les milieux conspirationnistes, où ses théories abracadabrantes en ont accablé plus d’un.
Citation:
c'est plutôt grave que le FBI n'a pas pu protéger le suspect n°1 du meurtre du président des états unis. Un procés aurait formellement établi la vérité sur l'assassinat de JFK.
Ce n’était pas au FBI, techniquement, de veiller sur Oswald. Au regard de la loi, Oswald était soupçonné de meurtre sur un agent de Police de la ville, ainsi que du meurtre du Président, mais cela concernait au premier chef la police et le procureur de Dallas. D’où l’imbroglio qui a eu lieu, lorsque le Secret Service, en violation de la loi texane, a emmené de force le cercueil de JFK pour le ramener à Washington, alors que son corps aurait dû être laissé à la disposition des autorités locales, dans le cadre de leur propre enquête. Le système américain est loin d’être aussi centralisé que le nôtre, d’où leurs guéguerres permanentes entre juridictions (ville, comté, état, état fédéral).
Enfin, amicalement,
Logos