Les vidéos postées plus haut sont tout sauf convaincantes. Leur auteur prend le film d'Oliver Stone comme parole d'évangile, et le cite sans le moindre recul critique.
Quelques observations sur l'affaire Kennedy :
-La "balle magique" n'a rien de magique. Le calibre 6,5 mm du Carcano d'Oswald est parfaitement capable de transpercer deux hommes à une distance de 80 m (sa distance d'emploi, comme tous les fusils de cette génération, est de l'ordre de 200-300 m, mais elle demeure mortelle bien au-delà).
On allègue souvent que les sept blessures occasionnées par la balle sont fantaisistes. C'est faux.
Une reconstitution récente a été faite par la chaîne Discovery, qui a montré que le pouvoir vulnérant de la balle "magique" était non seulement théoriquement sensé, mais même parfaitement reproductible :
http://video.google.com/videoplay?docid ... 571189886#Dans cette enquête, la forme même des blessures a été aisément reproduite, notamment le point d'entrée oblong dans le dos du gouverneur. Il se trouve que la balle avait commencé à basculer en sortant de la gorge de JFK.
De plus, les conspirationnistes, depuis le début, se trompent sur la position relative de Kennedy et Connally, plaçant ce dernier juste devant JFK et à la même hauteur. Partant de ce principe, l'alignement balistique ne correspond plus, et on aboutit à ça :
http://mcadams.posc.mu.edu/bogus3.gifD'où le mythe selon lequel la balle, après avoir atteint Kennedy dans le dos, remonte vers la gorge, puis opère un zig-zag pour entrer sous l'aisselle de Connally.
En réalité, le gouverneur était assis sur un strapontin situé plus sur l'intérieur du véhicule, et plus bas que Kennedy. Avec ce positionnement, l'alignement est parfait :
http://mcadams.posc.mu.edu/sbt2.gif (le coup, sur ce diagramme, vient de la droite)
http://3.bp.blogspot.com/_q5KlmdfTujo/R ... er+Sim.jpghttp://www.google.fr/imgres?imgurl=http ... s%3Disch:1Depuis 1963, les conspirationnistes prétendent que Connally a été touché après Kennedy, ce qui impliquerait deux coups de feu. Ils se basaient notamment sur de mauvaises copies de copies du film de Zapruder (seul film montrant l'intégralité de l'assassinat). En réalité, depuis qu'on a accès à une version de bonne qualité dudit film, on s'aperçoit sans équivoque que les deux hommes dont touchés en même temps, juste au moment où la limousine émerge de derrière le panneau routier :
http://users.skynet.be/mar/SBT/SBT_2.htm#sommetLa balle a été retrouvée, et les études balistiques montrent qu'elle a été tirée du fusil d'Oswald (ce qu'aucun chercheur, d'ailleurs, ne conteste, mais certains prétendent qu'elle a été "placée" sur la civière du gouverneur intentionnellement).
Contrairement à ce que prétend Jim Garrison (joué par Kevin Costner), elle n'est pas intacte, mais déformée (aplatie, du fait du basculement dont j'ai parlé plus haut), et a perdu du plomb. Rappelons qu'il s'agit d'une balle blindée.
On peut donc dire qu'une seule balle a parfaitement pu infliger toutes les blessures retrouvées sur les deux victimes sans que les lois de la balistiques soient en rien violées.
La balle "magique" n'est donc pas magique.
-En ce qui concerne le tir à la tête (vraisemblablement le troisième coup de feu tiré), tir mortel s'il en est, il ne prouve par un deuxième tireur.
Les conspirationnistes prétendent que le mouvement tout-à-fait réel de Kennedy après l'impact ("back and to the left", comme le répète K. Costner dans le film) est une preuve d'un tir de l'avant.
Plusieurs remarques : D'abord, si un tireur avait opéré de l'avant, c'est-à-dire de la butte gazonnée située devant le cortège et sur la droite (et nonobstant le fait qu'il s'agit d'un poste de tir peu commode et risqué), la balle aurait provoqué des dommages sur le côté gauche et légèrement arrière de la tête de JFK. Jackie Kennedy, qui était dans l'alignement, aurait été touchée. De plus, les photos de l'autopsie et les rapports des médecins d'urgence de Dallas et de ceux ayant conduit l'autopsie contredisent formellement cette thèse. La blessure, telle qu'on la voit d'ailleurs sur le film de Zapruder, est sur le côté droit du crâne, au-dessus de l'oreille.
Il se trouve que, dans ses reportages sur l'affaire Kennedy, la même chaîne a opéré une autre reconstitution. Un tir exécuté dans les mêmes conditions, à la même hauteur et selon le même angle, c'est-à-dire depuis le cinquième étage du dépôt de livres, à l'arrière du cortège, a reproduit exactement la même blessure : un petit trou d'entrée, à l'arrière de la tête, puis un parcours tangentiel suivi d'une surpression faisant exploser la boîte crânienne sur le côté droit.
Le fait que le motard d'escorte à l'arrière-gauche ait été aspergé de sang et matières cervicales pulvérisées n'apporte pas non plus la preuve d'un tir de l'avant. En effet, tout l'environnement de la limousine a été recouvert desdites matières, jusqu'aux motards d'escorte situés à l'avant.
Le mouvement vers l'arrière de Kennedy, violent, n'est pas non plus une preuve d'un deuxième tireur.
D'une part, on observe, juste avant ce mouvement ample, un mouvement beaucoup plus court et plus sec de la tête vers l'avant, bien plus en accord avec les lois de la balistique (un corps touché par une balle n'est pas violemment projeté vers l'arrière, contrairement à ce que montrent les films). D'autre part, le mouvement vers l'arrière peut être une combinaison de deux facteurs : le "jet effect" (un corps empli de fluide et transpercé par une balle de gros calibre a tendance à expulser les fluides en question par le trou de sortie, c'est-à-dire à l'opposé de la position du tireur, ce qui peut provoquer un mouvement de réaction vers le tireur), et un spasme neuro-musculaire consécutif à la destruction du système nerveux central (difficile à prévoir, pour des raisons évidentes).
Pour le jet effect, cf :
http://www.youtube.com/watch?v=rmVJYB3uDkc (Hickok utilise un Mosin-Nagant, arme de la même catégorie que le Carcano ; observez, à partir de 7:40, le mouvement des bouteilles de soda vers l'arrière)
Les arguments-clefs des conspirationnistes concernent l'impossibilité, selon eux, que deux coups de feu puissent avoir eu les résultats soutenus par la version officielle. Pourtant, si on prouve, comme c'est le cas, que ces tirs étaient non seulement possibles, mais même reproductibles, alors leur thèse s'effondre.
Récapitulons :
-1er coup de feu : manque la limousine, pour une raison inconnue (nervosité, coup de doigt, munition défectueuse ?)
-2ème coup de feu : transperce le cou de Kennedy, transperce la cage thoracique et le poignet de Connally avant de se ficher superficiellement dans sa cuisse.
-3ème coup de feu : transperce le crâne de Kennedy par l'arrière, provoquant une blessure béante sur le côté droit de la tête.
James Tague, témoin se tenant près du pont ferroviaire, a été touché superficiellement à la joue par un fragment de béton projeté soit par l'impact de la première balle, soit par un fragment de la troisième.
-Notez qu'Oswald, après s'être éclipsé du dépôt de livres, rentre chez lui, récupère son revolver, puis ressort. Il est abordé par un policier, J.D. Tippit, et l'abat avant de s'enfuir et de se réfugier dans un cinéma, sans payer. Quand la police, alertée, vient l'arrêter, il dégaine de nouveau son arme et tire sur un agent. Le coup ne part pas, et il est maîtrisé.
Il s'agit là de faits. Si les faits indiquent que la théorie de loin la plus probable est celle du tireur isolé, tous les échafaudages conspirationnistes ne reposent que sur des insinuations (notamment celles, récentes, concernant la culpabilité de la famille Bush, chose dont personne n'a jamais parlé, évidemment, avant l'élection de George W. ; Jim Garrison lui-même, connu pour ses théories totalement farfelues, ne l'a même jamais évoqué pendant son procès contre Clay Shaw).
Voilà.
L.
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