Retour sur l'affaire Stacy Arras
L'un des cold cases les plus célèbres...et les plus mystérieux(Refonte d'un post de décembre 2020)Parc national de Yosemite, été 1981. George Arras, 59 ans, originaire de Saratoga en Californie, a promis à sa fille un été magique et mémorable. Père de quatre enfants, c'est sa petite dernière. Il espère partager des moments précieux avec elle et renforcer leurs liens familiaux.
Stacy a 14 ans. C'est une adolescente un peu rebelle, cadette d'une fratrie, elle fume, déteste l'école et son appareil dentaire. Ses cheveux bouclés et dorés "à la Farrah Fawcett" reflètent la lumière du soleil. Après une année scolaire 1981 compliquée, elle attendait cet été avec impatience pour se rapprocher de son père, avec qui elle s'est inscrite à une excursion à cheval de 4 jours, avec un groupe d'adultes.
Malheureusement, cet été va se transformer en tragédie...
Une journée comme les autres17 juillet. En milieu d'après-midi, le groupe équestre, dont font partie George et sa fille, atteint le Sunrise High Sierra Camp. C'est petit village de tentes rudimentaire, sans électricité, dans une verte vallée dominée par des montagnes aux flancs escarpés. Tout le monde décharge les sacs dans la bonne humeur. Les chevaux goûtent à un repos bien mérité. L'ambiance est familiale et chaleureuse. Tout le monde a sympathisé. Les paysages paisibles et majestueux promettent une évasion parfaite du quotidien.
Alors que les adultes s'affairent, Stacy passe son appareil photo Olympus 35 mm autour du cou, enfile des claquettes aux pieds, et décide de se promener avec un vieil homme, un "vieux tonton" qu'elle affectionne, Gerald Stuard, 77 ans.
«
Il y a un lac pas loin d'ici. Je peux aller prendre des photos ? » demande Stacy à son père.
«
D'accord, mais quitte tes claquettes. Prends plutôt des chaussures de rando », répond George Arras. «
Tu restes bien sur le sentier, d'accord ? ».
«
Oui, p'pa. Je fais vite. Je t'aime. »
Un dernier regardStacy et Gerald Stuart se dirigent vers Sunrise Lake. Ils doivent pour cela traverser une grande prairie, légèrement en pente, et redescendre de l'autre côté de l'élévation. A quelques centaines de mètres des tentes, en raison de la montée, le septuagénaire dit à l'adolescente qu'il a besoin de s'asseoir pour souffler un peu. Stacy, avec l'enthousiasme et l'énergie qui caractérisent les jeunes de son âge, veut continuer. La vue est alors bien dégagée depuis le camp. Quelques personnes, dont un guide, voient effectivement le vieil homme assis sur un gros rocher; tandis que Stacey s'éloigne, ses cheveux blonds détachés et son appareil photo en bandoulière, avant de disparaître derrière quelques arbres...
Une course contre la montreLes minutes défilent. Une heure passe. La lumière du jour baisse, le soleil commence à descendre à l'horizon. Ne la voyant pas retraverser la prairie, Gerald Stuard s'inquiète, se lève de son rocher et retourne vers le camp. Il y avait bien un groupe de randonneurs venant de la direction que l'adolescente a prise, mais ils assurent n'avoir pas vu cette dernière. Elle n'est pas non plus dans les tentes. George Arras est alerté. Il enfile ses bottes, monte le parcours emprunté par sa fille, hurle son nom. Pas de réponse. Ses cris se perdent dans un silence oppressant.
Une vaste recherche impliquant jusqu'à 200 personnes se déroule pendant une dizaine de jours. L'opération est d'une précision militaire : entre les hélicoptères qui passent à très basse altitude dans un bruit de rotors assourdissant et les aboiements des chiens, la vallée ressemble à une zone de guerre. Les limiers ne sentent aucune odeur, aucune piste, "en raison de conditions sèches et poussiéreuses". Les membres du camp sont interrogés un par un par les enquêteurs. Mais l'hypothèse criminelle est vite écartée. Gerald Stuart, 77 ans, n'est pas considéré comme un suspect. Le vieil homme reste très choqué : il s'en veut d'avoir laissé la jeune fille partir toute seule.
Un mystère non résolu et la douleur d'une familleGeorge Arras s'enferme dans le déni. Il espère voir Stacy émerger de la forêt à tout moment, saine et sauve. «
Non, ma fille ne peut pas avoir disparu sans laisser de traces. Elle est là, quelque part, je le sais », répète-t-il, avant de finalement craquer, les yeux embués de larmes. Sa femme Barbara et leurs trois autres enfants sont inconsolables, rongés par l'inquiétude.
Mais Stacy reste introuvable. Seule une découverte glaçante sera faite : l'opercule de son appareil photo, retrouvé dans un fourré. Preuve muette de sa dernière aventure.
Qu'est-il arrivé à la jeune Stacy Arras ? Comment a-t-elle disparue dans un paysage dégagé, sans un cri, sans un bruit, malgré une dizaine de personnes non loin ? Chacun y va de sa théorie : accident, noyade, kidnapping, attaque d'animal sauvage...Mais chaque piste s'achève en impasse par manque total d'indices tangibles. L'affaire déconcerte les autorités : Pas de trace d'agression, pas d'empreintes, pas de sang, pas d'odeur, pas de vêtements retrouvés, pas de corps. Les circonstances de sa disparition demeurent inexpliquées, et les recherches, bien que minutieuses, n'ont apporté aucune réponse.
George Arras est retourné à Yosemite chaque été, espérant contre toute attente que sa fille réapparaisse. Mais les années passèrent, et le mystère demeura entier. Il est décédé en 2003. Plus de 40 ans après, l'affaire reste un chapitre sombre et inachevé dans l'histoire des parcs nationaux. Quelqu'un, quelque part, sait peut-être la vérité...
