Linele a écrit:
En effet, cependant qu'est-ce qui aurait pu empêcher la comtesse d'effectuer cette donation par le moyen d'intermédiaires, ou même en demandant à faire valoir sa volonté quelques mois après sa mort ?... Il semble bel et bien exister une note manuscrite rédigée par Saunière lui-même évoquant cette fameuse somme qui lui a été remise.
Tout a fait. Il lui fallait justifier auprès de l'archevêché son train de vie apparemment jugé comme fastueux (ce qui n'était pas nouveau quand on lui a posé la question et qui, de plus, ne l'était pas tant que ça) et donc il valait mieux évoquer des dons, si possible de gens décédées qui ne pourraient donc ni infirmer, ni confirmer ses déclarations sur une supposée fortune soudaine (qui d'ailleurs a eu des hauts et des bas) et surtout sur son origine réelle.
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Toute la question serait alors de savoir ce qui aurait pu motiver la comtesse à faire un tel don.
Strictement aucune raison, c'est exactement comme si Bill Gates faisait soudainement un don à une association de joueurs de scrabble bègues de la province transinistrienne de Grigoriopol en Moldavie de l'est quelques jours avant de mourir : même dans le journal satirique de Groland sur Canal +, on n'oserait pas imaginer une fantaisie pareille...
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A ce sujet rien de concret n'apparaît dans la paperasserie de Saunière, ce qui laisse place à toutes les conjectures. Pourquoi une future prétendante au trône de France aurait-elle été intéressée par un modeste village qu'elle ne connaissait vraisemblablement ni d'Eve ni d'Adam ? On sait l'abbé Saunière suffisamment malin pour avoir dissimulé au public une grande partie de ses trouvailles. L'argument de travaux de restauration de l'Eglise pouvait parfaitement cacher en réalité une volonté de financer à grande échelle des fouilles qui auraient pu, pour une raison ou pour une autre, intéresser directement la comtesse. Des hypothèses certes, mais sont-elles concrètement si absurdes que cela ?
En 1885, la comtesse n'était plus prétendante en quoi que ce soit, puisque son royal époux était décédé depuis 2 ans. Et comme la dite comtesse n'avait pas eu d'enfants, tout cela était du passé et même du passé bien décomposé... Il restait, bien sur, les Orléans, c'est à dire Louis-Philippe Albert (dit Philippe VII), mais à ce que je sache jamais L'abbé Saunière n'a cherché à le contacter ni lui demander quoi que ce soit. Il n'a pas non plus essayé de renter en contact avec les Bourbons espagnols (Jaime puis Carlos) qui aux yeux de certains furent les vrais prétendants à la mort du Comte de Chambord...
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Le peu d'archives qui existe à ce sujet semble bien démontrer qu'Alfred Saunière était membre du Cercle catholique de Narbonne qui comptait dans ses rangs un certain nombre de personnalités proches de la comtesse de Chambord. Il ne serait pas impensable que cet afflux de nouvelles relations tissées au sein du Cercle ait pu permettre un approvisionnement financier conséquent.
C'est exact, mais c'est comme si on considérait un adhérent de base de la fédération du PS de l'Essonne comme un proche de Manuel Valls. Comme je l'ai déjà dit ailleurs, il faut éviter les raccourcis qui raccourcissent un peu trop, car après on dérape tellement qu'on finit par imaginer des soucoupes entérrées sous le Mont Bugarach, à la recherche du corps de Marie-Madeleine et de son fils mérovingien : personnellement j'ai vu Matrix au cinéma donc j'arrive à suivre, mais... quand même, il faut avoir de l'imagination (et du temps à perdre) !
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En y ajoutant à cela le système de débrouille mis en place par Béranger Saunière, on obtient quelques éclaircissements supplémentaires qui pourraient expliquer le soudain changement de train de vie de l'abbé. Ses carnets de comptes et de correspondance laissent en effet à entendre que celui-ci avait démarché de nombreux petits donateurs et avait fait des intentions de messe une de ses grandes spécialités. Sans compter certaines parcelles de vignes dont Saunière paraît avoir été le propriétaire. Une activité viticole qui devait certainement s'avérer très lucrative. Le prêtre a particulièrement diversifié ses activités, allant même jusqu'à s'improviser représentant local auprès d'une distillerie. Faire goûter des spiritueux à ses clients ne fait pas précisément partie des attributions qu'on prête à un homme de Dieu
Saunière était un petit malin. De son père qui était gestionnaire de domaine (mais aussi un élu et donc un gestionnaire public) il avait appris toutes les ficelles (les Saunière, je l'ai dit, c'était un clan). Ils savaient où se trouvaient les faiseurs d'argent et comment jouer sur tout un système politico-économique qui donnera d'ailleurs des sueurs froides à de nombreux édiles de la IIIème république comme l'histoire connue de l'affaire du canal du panama et d'autres moins connues comme celle du transsibérien... Par contre il y a eu de véritable réussites financières comme celle de la "Compagnie du Boléo" et Saunière connaissait très bien tout ça, mais pas question de l'avouer : trafiquer des dons et des promesses de messes pour jouer aux boursicoteurs, c'était inadmissible aux yeux de l'Eglise et aurait même pu entraîner son excommunication. Cela expliquerait d'ailleurs la plaisanterie du Diable qui tient le bénitier : un vrai pied-de-nez !
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Au vu de tous ces éléments, on se rend bien compte que la thèse d'un trésor découvert semble devenir de moins en moins crédible pour tenter expliquer les sources de revenus de Saunière.
En plus d'avoir bénéficier de largesses (l'évéché ? l'abbé Gélis ?), l'abbé Saunière a trouvé un petit trésor, c'est indéniable (celui de l'abbé Bigou) mais cet argent providentiel lui a tourné la tête et il s'est lancé dans une oeuvre de trafics en tout genre comme beaucoup de curés comme lui (on est à peu près sur que Boudet et Gélis s'amusaient à ce même genre de trafic, sauf qu'ils étaient moins démonstratifs.) L'argent appelle l'argent.
Comme presque tous les auteurs (même les plus farfelus) le reconnaissent, la "fortune" de Saunière a connu des hauts et des bas et il s'est souvent retrouvé, à certains moments incapable de payer ses fournisseurs (son relieur et le fabricant de sa bibliothèque, entre autres). Cela prouve donc que ces rentrées d'argent n'étaient pas régulières ce qui ne va pas avec la découverte d'un grand trésor dit inestimable, voire de ce qu'on pourrait appeler une sorte de chantage plus ou moins historico-affectif, mais qui va assez bien avec une forme de blanchiment d'argent d'un trafic quelconque, par une forme de spéculation et le boursicotage plus ou moins légaux... Il a d'ailleurs été obligé de s'endetter mais comme par miracle, il a fini par rembourser avant sa mort (du moins, personne n'est venu apporter une quelconque ardoise à sa légataire...) ce qui renforce encore cette impression de magouillages spéculatifs.
En fait l'attitude de Saunière et de tous ses copains a de quoi faire vaciller l'Eglise Romaine, c'est vrai, mais pas dans le sens que l'on croit. Souvenez vous des prêtres cathares, les fameux "bonshommes" : les paysans du Languedoc venaient à leurs prêches parce que ceux-ci étaient totalement détachés des biens terrestres, voire même du désir de posséder un quelconque bien (les cathares considéraient même que leurs corps, enveloppe corporelle, ne leur appartenait pas réellement, alors vous les voyez se balader avec des bijoux ou de l'or ??), alors que l'Eglise romaine se vautrait dans le luxe et la prévarication. Pendant très longtemps, l'Eglise romaine a été la puissance la plus fortunée du Monde Occidental et il semble bien qu'en 1900, ses membres n'avaient pas tellement changés.
Et quand je pense qu'il y a des c*ns "patentés" qui osent penser que le trésor de Saunière pourrait être celui de l'église cathare ! Il faut vraiment être un ignare pour affirmer une telle ânerie. L'idée même est odieuse. Dans l'affaire Saunière, tout tient en quatre mots : religion, escroquerie, argent et influence... Rien de bien nouveau, en fait !