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Citation: La crotte de dino, combien ça coûte ?Un musée canadien, propriétaire de la plus grosse déjection de T. rex, peine à faire évaluer son bien.Par Sylvie BRIET mardi 15 juin 2004 (Liberation - 06:00) A objet unique, traitement unique. Comment assurer la plus grosse crotte de tyrannosaure jamais découverte ? Le Musée royal du Saskatchewan (Canada), à qui appartient cette perle rare, est perplexe. Il a besoin d'évaluer l'objet pour le prêter à d'autres musées ou à des chercheurs. N'ayant pas la moindre idée de ce que peut coûter l'excrément de dinosaure, les responsables du musée ont envoyé un mail à leurs collègues paléontologues pour leur demander leur avis. «Jusqu'ici, seuls les médias ont répondu», avoue mi-figue mi-raisin la direction.D'autant que les mensurations de la crotte sont impressionnantes : 65 millions d'années au compteur pour 7 kilos de déjections fossilisées, riches d'éléments en tout genre. Ce coprolithe (nom scientifique des excréments fossilisés) a été exhumé en 1995 dans le sud-ouest du Saskatchewan ; une équipe de scientifiques l'a étudié et a publié ses résultats dans la revue Nature en 1998. On sait grâce à sa composition qu'il fut posé là par un carnivore : le fossile contient des morceaux d'os provenant d'un jeune dinosaure avalé tout cru par un Tyrannosaurus rex, le seul présent à cette époque et en ces lieux, capable de dévorer ainsi un dinosaure qui avait sans doute la taille d'une vache. Les fragments suggèrent qu'il ne mâchait pas son repas mais déchirait des morceaux puis les avalait. Les os n'étaient pas complètement digérés. Bref, ce coprolithe a livré de précieuses informations sur la diète du T. rex. «C'est ce qui fait sa valeur», estime Tim Tokaryk, paléontologue du Royal Museum du Saskatchewan. Reste à trouver laquelle en termes financiers. Le paléontologue canadien refuse de divulguer son estimation, «pour des raisons de sécurité», dit-il.
Michael Sincak, propriétaire de Treasures of the earth, une société de vente de fossiles basée en Pennsylvanie, n'a pas ces scrupules et met la crotte à 15 000 dollars ou plus. Tout en avouant qu'il n'est pas certain parce qu'il n'a jamais rien vu de tel sur le marché. Sur Internet, sur le site de vente aux enchères Ebay, on trouve de petits coprolithes pour 11,50 dollars. «Scientifiquement parlant, ça n'a pas de prix», estime le paléontologue Mark Goodwin de l'université de Californie à Berkeley. Eric Buffetaut, paléontologue français au CNRS, est bien embarrassé : «Non, vraiment, je n'ai pas la moindre idée.» François Escuillié, qui fait des préparations paléontologiques pour les musées et connaît les achats et ventes de fossiles, l'évalue à 10 000 euros. «C'est une pièce qui attire et amuse le public». Pour sa part, Philippe Taquet, du Muséum national d'histoire naturelle de Paris, ne l'achèterait pas. «Des coprolithes, j'en ai ramassé beaucoup.» Il cite le cas de William Buckland, traqueur britannique de dinosaures qui découvrit le premier coprolithe en 1823. Il en fit collection et en transforma un grand, coupé en deux, en table dure comme du marbre, sur laquelle ses invités venaient prendre le thé. Sans savoir sur quoi ils posaient leur petite cuillère.
Si la valeur du coprolithe reste assez mystérieuse, les prix des fossiles complets de dinosaure peuvent, eux, s'envoler. Le record revient à Sue, célèbre T. rex que le musée de Chicago a acquis pour la coquette somme de 8,4 millions de dollars, s'associant pour l'occasion avec McDo et Disney. Pour avoir une idée des prix pratiqués, les responsables du musée canadien peuvent se rendre le 24 juin à New York où se tiendra une grande vente aux enchères de dinosaures et autres bêtes préhistoriques. Au menu : un embryon de dino dans un oeuf de la taille d'une balle de base-ball, un crâne de tricératops (herbivore à trois cornes), un squelette complet de mammouth laineux...Source : Libération.fr
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