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Première téléportation réalisée avec succès
SYDNEY, 17 juin 2002(AFP) - Une expérience de téléportation de lumière, c'est-à-dire de transmission à distance et instantanée d'informations et de particules, vient, pour la première fois, d'être réalisée avec succès par une équipe de l'Université Nationale Australienne (ANU) à Canberra, a annoncé lundi le ministre australien de la Science, Peter McGauran.
Pour cette expérience, l'équipe, qui inclut également des Européens, a "scanné" un rayon laser dans lequel elle avait introduit un élément d'information, un signal radio, puis a détruit ce rayon laser, ne laissant subsister que le signal radio, qui a été envoyé sur une station de réception située un mètre plus loin. Neuf nanosecondes (neuf milliardièmes de secondes) plus tard, a expliqué le responsable de l'équipe, le physicien australien d'origine chinoise Ping Koy Lam, la station a reçu la réplique exacte du rayon laser, signal radio inclus.
Bien que portant sur une courte distance, a souligné le chercheur, cette expérience, qui fait un peu plus sortir la téléportation de la science-fiction et du monde de "Star Treck", apporte la preuve de la possibilité de téléporter la lumière. Elle conforte l'idée selon laquelle la téléportation pourrait servir de base à de nouveau types de calculateurs, des calculateurs quantiques, un million à un milliard de fois plus rapides que les machines actuelles. L'histoire de la téléportation commence en décembre 1997, lorsque les équipes d'Anton Zeilinger, de l'Université d'Innsbruck (Autriche), et de Francesco Martini, de l'Université de Rome, réussissent à téléporter l'état quantique d'un photon - les éléments qui constituent son identité -, phénomène confirmé ensuite aux Etats-Unis.
Pour parvenir à ce résultat, les scientifiques sont partis des principes de la mécanique quantique, la physique du monde sub-atomique, en particulier d'un article d'Einstein, Podolski et Rosenberg (EPR) qui raconte une expérience, impossible à réaliser en 1935 et dans laquelle des particules agissent l'une sur l'autre instantanément et à distance. Deux particules, pour peu qu'elles aient interagi à un moment donné, restent à jamais unies par un lien mystérieux. Une action sur l'une influe forcément sur l'autre, même si ces particules sont éloignées de plusieurs milliers de kilomètres. Un tel phénomène leur paraissant impossible, Einstein, Podolsky et Rosen en avaient conclu qu'il existe des entités cachées qui assurent une liaison entre les particules.
C'est ce que l'on appelle le "paradoxe EPR". Au début des années 1980, les physiciens disposent enfin de la technique nécessaire pour réaliser cette fameuse expérience EPR. L'équipe d'Alain Aspect, à l'Université d'Orsay, en région parisienne, est la première à montrer, de manière irréfutable, l'erreur d'Einstein : des particules interagissaient bel et bien à grande distance, mais sans l'aide d'aucune entité cachée. A partir de là, l'aventure de la téléportation peut commencer : puisque des particules interagissent, on doit pouvoir faire en sorte qu'elles communiquent entre elles. Après la téléportation des états quantiques de quelques photons, les chercheurs en sont arrivés ainsi à la téléportation de particules puis, cette fois-ci, à la téléportation d'un grand nombre de particules . En théorie, une molécule biologique, de type ADN, se définit uniquement par la multitude des états quantiques des atomes la constituant. Il est donc possible de rêver qu'un jour il sera possible de téléporter toute l'information nécessaire à la construction d'un objet absolument identique.
Mais, soulignent les chercheurs, la transition entre mécanique quantique et mécanique classique recèle encore trop de mystères pour qu'il soit envisageable de téléporter bientôt un objet ou même un virus. "Cela ne veut pas dire, conclut Ping Koy Lam, que cela ne sera pas faisable dans un lointain avenir."