PARIS (AFP), le 24-09-2004
La détection de "séismes silencieux" semblant annoncer de violents tremblements de terre pourrait permettre d'aboutir à terme, du moins dans certaines parties du monde, à des prévisions de ce genre de catastrophes naturelles, avancent deux chercheurs français dans la revue "Science" de vendredi.

Les sismologues Alfred Hirn et Mirelle Laigle (IPG/CNRS/Université Paris-VII) mettent en relation les découvertes récentes obtenues par différentes équipes dans deux segments de zones de subduction (régions où les plaques tectoniques provoquent des secousses en se heurtant lors d'un passage de l'une sous l'autre), la première au Japon, la seconde dans la région des Cascades (nord-est du Pacifique).

Il s'agit de signes d'activité nouvellement répertoriés dans ces zones où les séismes de magnitudes supérieures à 7 dissipent 90 % de l'énergie des tremblements de terre planétaires. Ces signes sont appelés "trémors" et "séismes silencieux".

Les trémors sont des signaux faibles et particuliers, mis en évidence dans la zone de Nankaï grâce au développement du réseau de sismomètres au Japon depuis le séisme de Kobé (en 1995) et dans les Cascades. Attribués à la participation de fluides à la source sismique, les "trémors" indiqueraient la présence d'eau au voisinage de l'interface entre les plaques et provenant de la déshydratation des roches de la plaque plongeante.

Des ruptures trop lentes pour engendrer des ondes sismiques, appelées "séismes silencieux", ont été détectés dans la subduction des Cascades par un réseau dense de mesures par système de positionnement par satellite GPS qui enregistrent en continu les déformations du sol. On a ensuite trouvé que ces séismes silencieux étaient accompagnés de trémors.

Dans les zones de subduction très actives, la connaissance historique de l'occurrence des séismes passés pourrait permettre d'identifier les segments qui devraient se rompre prochainement, expliquent les deux scientifiques.

Cela ne veut pas dire qu'une prévision soit déjà possible, insistent-ils. Mais l'observation, l'exploration et le développement d'une modélisation pour comprendre la manière dont un grand séisme se prépare dans de tels contextes géodynamiques pourraient y aboutir un jour.