Sérieusement, les gens, prenez du recul vis à vis d'un article dont on ne connait pas la source (après une petite recherche, j'ai l'impression qu'il s'agit de maxiscience ?) et qui joue très manifestement sur la fibre
« voilà ce qui arrive quand on laisse les savants jouer à Dieu »...
On notera par ailleurs que cette nouvelle sort – comme par hasard – pile au moment où le film d'anticipation Contagion est diffusé sur les écrans.
Bref. Si vous vous amusez à lire
l'article original de New Scientist qui a inspiré cette histoire, vous y verrez que :
- les expériences de l'équipe de Ron Fouchier n'ont jamais eu pour objectif de créer un "super virus" (sic). En étudiant la contamination d'une souche de virus H5N1 sur des furets, les chercheurs ont obtenu un virus mutant (5 mutations sur 2 gènes, en fait) dont les capacités de dispersion aérienne seraient apparemment plus développées que celle du virus H5N1 classique... ce qui le rendrait aussi volatile que la grippe saisonnière, donc virtuellement plus contagieux que son prédécesseur.
D'où le premier article publié par l'équipe, dont l'objectif était justement de mettre en garde sur le fait que le H5N1 n'avait peut-être pas dit son dernier mot et qu'une recrudescence des cas pouvait être à craindre, alors que certains spécialistes pensaient qu'il y avait peu de chance de voir le H5N1 s'adapter aux mammifères.
- quoi qu'il en soit, il n'existe pas d'études sur les potentialité contagieuses, la morbidité, les effets sur la santé et la mortalité de ce mutant ; parler de "super virus" est donc au mieux très précipité, au pire malhonnête. Les virus perdent souvent de leur virulence à force de se recombiner (surtout quand ils se développent chez une espèce A puis vont infecter une espèce B, comme ce serait le cas ici puisque le mutant a été testé et est né chez des furets).
- la publication de l'article dans la revue Science détaillant les expériences de l'équipe Fouchier a été retardé par National Science Advisory Board for Biosecurity, qui craignait que l'article puisse inspirer des bioterroristes... mais surtout, au delà de la menace terroriste qui est complètement anecdotique, la publication de cet article pourrait mener à répandre ce type de mutant parmi les labos, augmentant ainsi statistiquement la probabilité que le virus puisse s'échapper et se répandre dans la nature au détour d'une lacune dans les mesures de sécurité.
Je rappelle quand même que créer un virus en laboratoire demande des connaissances et une technique qu'Al Qaida n'a vraisemblablement pas, et ce même si la « recette » (en fait, l'emplacement des gènes mutants et le type de mutation les ayant touchés) est donnée dans un article. De toute façon, un virus est une très mauvaise arme de guerre, parce qu'il est difficile voire impossible à contrôler ; on ne peut jamais être sûr qu'il ne va pas se retourner contre son propre camp ou même contre ses créateurs...
Quant à H5N1... Il y aurait beaucoup à dire sur le battage médiatique monstrueux qui a eu lieu autour du virus (relisez des articles de presse datant de 2005, ils nous décrivaient une apocalypse digne d'un film catastrophe).
Dans la pratique, qu'est-ce qu'on a ? Pas grand chose. A peine 500 personnes tuées depuis que le virus a été identifié (au milieu des années 90) Et encore, ce chiffre est très probablement exagéré, une portion non négligeable parmi ces personnes sont mortes d'une cause quelconque mais ont été considérées comme "décédées à cause du H5N1" car elles étaient porteuses du virus. En comparaison, à l'échelle mondiale, la grippe saisonnière fait
beaucoup plus de dégâts chaque année : 10 000 morts rien que pour l'année 2009, dont 323 en France. Mais on n'en fait pas tout un plat.
Le soucis de la grippe H5N1 aviaire, c'est qu'il s'agit d'une souche toute nouvelle, qui étant encore très mal connue jusqu'il y a quelques années. Et bien qu'elle infecte très peu l'être humain, elle touche des sujets de tous les âges (pas juste sur des personnes âgées/affaiblies comme c'est le cas habituellement avec la grippe) et possède un fort taux de mortalité. Et comme tous les virus de ce type, elle possède une forte capacité à se recombiner, ce qui oblige à développer des vaccins régulièrement pour ne pas être dépassé.
blend a écrit:
En fait, non. L'avenir qui nous attend tous, c'est ça :
... et pas besoin de super virus pour ça.