Gizmil a écrit:
Personnellement, toutes ces expérimentations me dégoutent ! D'abord les légumes ogm, maintenant les animaux, à quand les humains ?
Il me semble qu'il existe une très nette barrière entre les expérimentations sur les animaux ou les plantes à visée agro-alimentaire, et les expérimentations humaines à objectif eugéniste.
Comme je l'avais expliqué ailleurs :
Ar Soner a écrit:
Ce n'est pas parce qu'une technologie ou une pratique peut potentiellement être source de dérives qu'il faut la rejeter en bloc. C'est jeter le bébé avec l'eau du bain. Sinon, avec le même genre d'arguments, on peut réfuter la contraception ("on donne au gouvernement le moyen de stériliser la population") la fécondation in vitro ("on ouvre la porte aux manipulations génétiques sur le embryons")...
Ce qui compte, c'est d'encadrer sérieusement et rigoureusement la pratique de façon à poser des bornes à ne pas dépasser et à limiter justement les possibilités de dérives.
Gizmil a écrit:
Et puis qui nous dit que tout ça n'a pas une répercussion invisible sur nos organismes qui ne fera son apparition que d'ici quelques générations, par exemple ?
Ce n'est pas formellement impossible, mais extrêmement peu probable : les gènes sont détruits au cours de la digestion, et de toute façon même dans le cas contraire où ils passeraient intacts la barrière intestinale, il n'existe pas de mécanisme qui permettrait de les incorporer aux génome à partir de leur circulation par voie sanguine. En d'autres termes : ce n'est pas parce que vous mangez un steak que vous incorporez des gènes de vache dans votre génome !).
Le risque pourrait se situer au niveau d'un transfert horizontal de gène, par le biais de bactéries ou surtout de rétrovirus, mais cela reste plus de la spéculation qu'autre chose : les transferts horizontaux de gènes sont presque inexistants pour autant que l'on sache chez les eucaryotes pluricellulaires.
Gizmil a écrit:
Et qui nous dit que ce cheptel de 300 vaches génétiquement modifiées ne va pas contaminer des vaches "classiques" un jour ou l'autre ? Le risque existe bel et bien... L'homme croit tout contrôler mais ce n'est pas le cas !
Si les vaches étaient des bactéries, le risque serait non négligeable en effet... Mais manque de pot, ce n'est pas le cas.
Les troupeaux contenant des animaux génétiquement modifiés sont surveillés comme la prunelle des yeux (ne serait-ce que parce que ce type de manipulation génétique coûte cher, et qu'il y a souvent un brevet à la clé...), il est donc extrêmement peu probable que le gène puisse se répandre par mégarde par voie naturelle (par exemple, en faisant se reproduire la vache en question et en incorporant le veau au sein d'un troupeau d'animaux standards...).
A vrai dire, si ces histoires de vaches avec des gènes humaines ne me font ni chaud ni froid, je suis beaucoup plus inquiet vis à vis de l'introduction du colza transgénique dans les cultures françaises... Alors qu'à côté de cela, il existe d'autres plantes dans la flore françaises qui sont très proche d'un point de vue génétique du colza (diverses espèces de choux qui appartiennent au genre
Brassica) et qui seraient susceptibles de récupérer les transgènes du colza OGM par pollinisation croisée ou transfert horizontal. Là, le risque est réel.
Gizmil a écrit:
Je lis des arguments, genre "Si ça peut sauver une vie, pourquoi pas ?". C'est avec ce genre de raisonnement qu'on peut s'autoriser à faire tout et n'importe quoi et ceci au nom de la cause la plus noble : sauver des vies. C'est à mon sens l'un des arguments les plus dangereux qui existent !
Notre monde civilisé s'applique de plus en plus à pervertir les lois de la nature et ça m'effraye... Le bon dieu nous a donné une terre et de quoi nous nourrir, il nous a donné tout ce dont on a besoin pour vivre. Mais il a aussi placé des carences dans ce monde pour que tout ne soit pas parfait et il faut apprendre à l'accepter...
L'argument que tu nous sors me semble personnellement au moins aussi dangereux.
C'est avec des idées du type
« le bon dieu nous a fait ainsi, on ne doit pas chercher plus loin que ce que la nature nous a donné » que des chrétiens évangélistes nient le droit à l'avortement (même chez une jeune femme qui aurait été violée...) ou l'accès à la contraception (c'est dans la nature de la femme de faire des enfants).
En poussant plus loin ce type de raisonnement, on nie même la légitimité de tout progrès : pas de médicaments ni de thérapie (puisque c'est la nature qui nous fait attraper un maladie ou qui nous a doté d'une maladie génétique, alors il faut faire avec) ; pas de voiture ni de moyen de locomotion artificiel (si on a des pieds, c'est pour les utiliser et marcher) ; pas d'électricité (l'homme n'a pas à s'éclairer avec autre chose que la lumière du Soleil)... On peut continuer à l'infini.
Bref. Si tu crois vraiment en ce que tu dis, va jusqu'au bout de ta démarche et applique-la...
EDIT : En fait, cet argument du « respect des lois de la Nature » est absurde parce que ça fait bien longtemps que l'Homme s'en est affranchi. La sélection naturelle n'existe presque plus dans nos sociétés : les hommes et femmes ne choisissent plus leur partenaire (ou tout du moins, pas consciemment) en fonction de ses capacités de reproducteur ou à défendre sa famille ; les individus les plus faibles (les handicapés, les enfants trop fragiles à la naissance) sont aidés et survivent, alors qu'ils n'auraient pas fait long feu dans le milieu naturel...