Un rayon laser pour chasser les oiseaux des pistes d'aéroport samedi 10 avril 2004, 9h21
MAUGUIO (Hérault)
(AFP) - Pour éloigner les oiseaux des avions lors du décollage comme à l'atterrissage, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) vient de mettre au point un rayon laser, testé en première mondiale à l'aéroport de Montpellier.
Sous la conduite d'un robot, un faisceau vert de vingt centimètres, d'une portée de deux kilomètres, balaie régulièrement le tarmac, incommodant les volatiles venus s'y poser.
"Le rayon agit comme un coup de bâton indolore qui chasse les oiseaux sans perturber les pilotes", indique à l'AFP Jean-Luc Briot, ornithologue chargé de la prévention du risque aviaire à la DGAC.
Basé sur la commune de Mauguio, près des étangs et marécages de la Petite Camargue, l'aéroport de Montpellier a été sélectionné en raison de ses encombrants voisins que constitue une importante population de canards, flamants roses, cormorans et autres mouettes.
Il concentre, à lui seul, le dixième des quelque 700 collisions qui se produisent chaque année en France. Près de 80% des cas ont lieu au sol.
"Quand il fait beau, les oiseaux restent sur l'eau. Mais il suffit que le vent agite la surface pour qu'ils préfèrent se reposer sur la piste", explique Pierre Courty, responsable de la sécurité de l'aéroport.
"Parfois, il y a un nuage de plusieurs centaines d'oiseaux, cela devient ingérable", confie-t-il, en soulignant que l'élimination des animaux reste limitée par les autorités.
"C'est au décollage que le risque est le plus grand. Il ne faut pas qu'un oiseau soit avalé par un réacteur au moment où l'avion a le plus besoin de sa puissance", précise M. Briot.
Ces incidents ne provoquent que très rarement des crashs mortels, une trentaine seulement ayant été recensés dans le monde, mais peuvent causer des dégâts considérables, sans compter les frais liés à l'immobilisation ou au changement de route des appareils.
Le prix d'une simple ailette de réacteur s'élève à 20.000 euros et la réparation d'un moteur dépasse facilement le million d'euros, qui représente environ le montant de la franchise d'assurance payée par les compagnies aériennes.
Le prototype du laser anti-oiseaux coûte 100.000 euros, un prix relativement modeste car il représente à peine le tiers du budget consacré à la lutte contre le risque aviaire par l'aéroport montpellierain.
Ce dispositif s'ajoute à la panoplie d'instruments utilisés pour effaroucher les oiseaux comme la diffusion de cris de détresse de volatiles depuis des véhicules le long des pistes ou encore le lancement de fusées crépitantes.
Depuis plus d'une dizaine d'années, ces moyens traditionnels ont permis de diviser par trois les collisions, mais ils suscitent aussi l'irritation croissante des riverains.
A l'inverse de ces armes de dissuasion sonores, auxquelles les oiseaux finissent par s'habituer, le laser présente aussi l'avantage de ne créer aucun effet d'accoutumance.
Seul défaut, le faisceau lumineux, efficace par temps humide puisqu'il ricoche sur les molécules d'eau, n'est guère visible sous un ciel éclairci, ce qui ne lui promet pas un avenir radieux dans les contrées ensoleillées.
Source :
Yahoo!Actualités