Les océans abritent aujourd'hui moins de 10% des populations de grands poissons qu'ils hébergeaient avant l'arrivée de la pêche industrielle, selon une étude recoupant les données des grandes pêcheries mondiales publiée dans le magazine scientifique britannique nature.

"Les stocks de grands poissons prédateurs sont tombés à environ 10% de leur niveau pré-industriels", révèle l'étude. Les auteurs, Ransom Myers et Boris Worm de l'université de Dalhousie au canada, ont traités depuis dix ans les données des grandes pêcheries mondiales, retraçant l'évolution des stocks de morue, espadon, flétan, carrelet, requins notamment.

"Depuis 1950, avec l'émergence de la pêche industrielle, nous avons réduit rapidement les stocks à moins de 10%, pas seulement dans certaines zones, pas seulement pour certaines espèces, mais pour toutes les espèces de ces grands poissons, des tropiques aux pôles", a commenté M.Myers dans un communiqué.

Les auteurs ont exploré les quatre plateaux continentaux, particulièrement soumis à la pêche côtière, mais aussi neuf océans, à partir des données de la pêche japonaise de 1952 à 1999. La flotte japonaise, très industrialisée, couvre tous les océans avec des chaluts pélagiques qui capturent un très grand nombre d'espèces. "Là où ils attrapaient 10 poissons, ils ont de la chance aujourd'hui s'ils en capture un", remarque Myers dans le communiqué.

Les auteurs concluent que les océans, où l'homme pensait conserver des réserves plus importantes qu'à proximité des côtes, sont également touchés par le déclin massif des stocks. Ce déclin pourrait " entraîner une réorganisation complète des écosystèmes océaniques, avec des conséquences inconnues" pour la flore et la faune des océans.

"L'existence même des pêcheries est compromise à terme au niveau mondial", estiment les deux auteurs, rappelant l'appel des pays membres des Nations Unies à restaurer les stocks mondiaux à leur niveau "maximum" d'ici 2015, lors du sommet de Johannesburg en août 2002. Leur étude peut contribuer à qualifier ce niveau de souhaitable, espèrent les chercheurs canadiens.

Les solutions existent : réduction de l'effort de pêche, baisse des quotas, diminution des subventions à la pêche etc., mais "elles sont très difficile à mettre en pratique", conviennent les auteurs. Ils estiment nécessaire "une réduction minimum de 50% de la mortalité des poissons pour les espèces les plus exposées" au déclin. Faute de quoi"les grands poissons disparaîtront comme en leur temps les dinosaures".