Cher Uluter (et bonjour à tous les autres),
Je commence par te répondre, à propos du spiritisme, vu mon peu de connaissance sur le sujet je serais bien en peine de débattre, mais j’ai répété une hypothèse que j’ai lu quelque part. Je suis sceptique (et cette fois c’est vrai !) sur la communication avec les esprits. J’ai vu des livres qui échafaudaient de longues théories sur l’au-delà à partir de prétendues « conversations avec des entités psychiques » qui avaient parfois duré très longtemps. Encore une fois, je n’ai jamais pratiqué le spiritisme, alors rien ne m’autorise à nier que de telles conversations aient pu avoir lieu, mais si le fait est vrai, je suppose qu’il est possible qu’au lieu de dialoguer avec un être invisible, ceux qui pratiquent de telles activités ne font que fabriquer du texte, en quelque sorte, au moyen de leurs pulsions inconscientes. Ce seraient, dans cette optique, d’imperceptibles mouvements involontaires qui feraient bouger le verre sur une planche ouija, et pas l’intervention d’un revenant. Tu parles de « don médiumnique », en fait je voulais plutôt dire que si don il y a, c’est pour déplacer un verre sur une planche, pas pour communiquer avec l’au-delà. Mais ce n’est là qu’une théorie, à laquelle je n’adhère pas plus qu’à une autre mais qui aurait l’avantage d’expliquer que la connaissance humaine de l’après-vie ne soit pas plus développée (c’est vrai, si le système fonctionnait bien, les réponses obtenues seraient en parfaite cohérence les unes avec les autres !).
Comme je suis sur le forum « Témoignage », je n’attends pas davantage pour vous livrer les miens, assez incroyables je l'avoue mais authentiques. J’évacue rapidement une quatrième expérience, assez douteuse à vrai dire : j’étais en stage en Provence, j’ai passé le mois dernier à l’hôtel, et plusieurs nuits d’affilée vers deux heures du matin (je suis insomniaque) j’ai entendu des coups contre ma fenêtre, alors que je résidais au troisième étage ; de plus, la seconde nuit, la douche s’est déclenchée toute seule à très forte pression ; je me suis levé pour l’éteindre, mais environ dix minutes plus tard, elle s’est rallumée, toujours très fort, cette fois-ci je ne me suis pas levé et elle s’est éteinte au bout d’un moment. J’évacue très vite cette histoire qu’on peut toujours attribuer à des voisins bruyants et à un mauvais fonctionnement de la douche en question. Tout ce qui est certain, c’est que du coup, pour me renseigner je suis allé sur Internet, et que j’ai découvert ce site à cette occasion...
Les autres histoires sont plus intéressantes. La première est survenue alors que j’avais quinze ans (et non pas quatorze comme je vous l’avais écrit). C’était le 5 mai 1993, un mercredi je crois. J’étais en train de faire mes devoirs, une recherche pour un exposé, dans la chambre où je vivais depuis de nombreuses années, où j’ai vécu encore longtemps après, dans la maison où ma famille vit toujours, et jamais il ne s’est plus rien passé par la suite ni ne s’était passé quoi que ce soit avant. J’étais assis dans mon bureau, en fin de matinée, il faisait jour. Dans mon dos, une commode sur laquelle était posée une feuille de journal. J’ai d’abord senti un souffle de vent (fenêtre close), puis avant que je puisse réagir, j’ai entendu un bruit de papier froissé, je me suis retourné et j’ai vu la feuille de journal se froisser et se mettre en boule, comme ça, spontanément… Et immédiatement, j’ai senti quelque chose que je pris pour une main se poser sur ma cuisse… Pris de panique, je suis sorti de ma chambre en courant, laissant la porte ouverte derrière moi. Quelques minutes plus tard, j’ai tenté de revenir sur les lieux, je suis resté au seuil, entendant de légers bruits j’ai à nouveau pris la fuite et j’ai rejoint ma mère, au rez-de-chaussée, qui me trouva très pâle et à qui je ne me suis confié que bien plus tard. L’après-midi, je suis retourné dans ma chambre, tout était calme, j’ai fait une petite prière, et plus rien n’est arrivé par la suite.
Deuxième histoire, cinq ans plus tard, j’étais étudiant à Strasbourg et je vivais dans un foyer où je louais une chambre minuscule. Une nuit, après presque deux années parfaitement normales, je basculai dans un film d’horreur : le lit où je dormais se mit à se balancer comme dans le film L’Exorciste, et quelque chose tirait mon drap sous le lit, du côté du mur. Pour ma part j’étais bizarrement apathique, je me contentais de me battre contre cette force qui tirait mon drap derrière le lit et qui semblait se trouver juste en dessous de ce dernier ; pas un moment je ne songeai à m’enfuir (ce qui aurait été ma réaction en temps normal !), encore moins à jeter un œil sous le sommier (ce dont je n’aurais sans doute pas été capable !). Je crois encore me souvenir d’une silhouette noire qui, plus tard dans la nuit, se penchait sur moi et tentait de m’embrasser le visage, voire la bouche, mais là, j’étais à demi endormi. Le lendemain, je me dis que j’avais fait un terrifiant cauchemar, mais je sentais confusément qu’il s’était passé quelque chose, j’en ai même parlé à quelques amis qui se sont fichus de moi. C’était la veille des vacances (je ne sais plus lesquelles, mais c’était vers la fin de l’année scolaire, février ou Pâques), j’ai donc quitté Strasbourg pour la maison paternelle. A mon retour, quinze jours plus tard, j’eus un choc : mon lit avait été déplacé à vingt bons centimètres du mur qu’il longeait et auquel il était accolé à mon départ. C’est là que je me suis dit que je n’avais décidément pas rêvé. J’étais le seul à avoir la clé de l’appartement, mes parents mis à part mais ils n’avaient pas eu l’occasion de se rendre à Strasbourg dans l’intervalle ; il n’y avait pas eu de séisme à cette époque et le meuble était assez lourd. J’ai quitté la chambre peu de temps après les faits pour continuer mes études à Paris, mais durant les quelques semaines, mois à la rigueur qui ont suivi, il ne s’est plus rien passé et mes voisins ne se sont jamais plaints de quoi que ce fût.
Après le film d’horreur, le mauvais roman… Je vous restitue l’arrière-plan, même si je ne crois pas une minute à un quelconque rapport. Les faits ont eu lieu en juillet 2001 à Paris, dans le studio d’où je vous écris, et cette fois encore… rien avant, rien après, c’est cela ! A cette époque, ma meilleure amie était persécutée par une jeune femme de notre âge, une vraie légende dans son quartier parce qu’elle avait la réputation de faire de la sorcellerie. Peu de temps auparavant elle me harcelait aussi au téléphone, prétendant être amoureuse de moi, me racontant que la nuit elle se décorporait (elle appelait ça un « voyage astral ») et venait me voir dans ma chambre (qu’elle était d’ailleurs incapable de me décrire, n’y ayant jamais mis les pieds). En juillet, donc, ma meilleure amie, qui quant à elle habitait dans la même ville que la prétendue sorcière et se faisait embêter « en direct », vint se réfugier chez moi durant une semaine. La première nuit, au moment de se coucher, elle me prévint qu’elle était somnambule et que je ne devais pas m’effrayer si elle se levait et venait me parler à l’oreille, ce qui paraît-il lui arrive de temps en temps. Je m’endormis, pas trop rassuré (une pareille chose ne manquerait pas de m’effrayer, au cas où vous ne vous en seriez pas rendu compte, je ne suis pas franchement téméraire). Au milieu de la nuit, je vis une petite silhouette noire debout à mes pieds (elle tranchait sur la clarté de ma fenêtre, à Paris les nuits sont toujours très claires), je n’eus que le temps de penser « ça y est ! » avant de pousser un cri. Seulement voilà, la silhouette n’était pas mon amie, parce que celle-ci, réveillée en sursaut, se mit à crier à son tour « il y a quelqu’un dans l’appart, j’ai peur », etc. Je bondis sur l’interrupteur, la silhouette disparut dès la lumière allumée, et effectivement mon amie était couchée, elle n’aurait pas eu le temps de se recoucher, d’ailleurs je l’avais enjambée pour allumer la lampe. Pour information, la porte était verrouillée et la fenêtre donne sur quatre étages de vide. Quant à savoir si c’était la soi-disant sorcière, je n’y crois pas une seconde, il doit s’agir d’une coïncidence, le raccourci est tentant mais cette fille n’est jamais qu’une mythomane (même si j’ai constaté de visu qu’elle avait quelques petits dons, notamment celui de faire clignoter les lampadaires à distance).
Voilà, je me suis livré avec simplicité et en toute bonne foi, je ne sais pas si vous me croirez, toujours est-il que je n’invente rien. Ce qui est frappant dans ces histoires, c’est leur absurdité foncière, leur unicité dans le temps (jamais rien avant, jamais rien après... toujours en des lieux différents... on est loin d’un phénomène de hantise classique) et aussi la frousse qu’elles m’ont fichue, l’une après l’autre. A présent, j’attends vos commentaires !
Bien à vous, SOL INVICTUS
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