Sinthome a écrit:
Bonjour sam.gray,
Ton témoignage semble troublant au premier abord avec, il est légitime de le reconnaître, des épisodes malencontreux (scoliose, problème hormonal…)
Toutefois, en écartant prudemment mais sagement les hypothèses appelant un «triste karma», «mauvais œil» ou autre «esprit diabolique», il n’est pas malvenu de pointer ce que nombreux «primitifs» craignent le plus, c’est-à-dire les forces de
l’inconscient.
Plusieurs éléments de ton témoignage paraissent révéler une prise de risque occultée mais présente venant signer un mécanisme latent bien connu en psychanalyse et que Freud a nommé «pulsion de mort». Le concept apparaît en 1920 dans «
Au-delà du principe de plaisir» où l’auteur est forcé d’admettre, comme l’indique le titre, qu’il existe autre chose que le principe de plaisir venant gouverner les lois de l’inconscient. Il met en évidence ce qu’il appelle la «compulsion à la répétition» où un individu vient répéter inconsciemment
en actes une tendance, un schéma, une orientation qui le détermine et qui vient le signer de façon unique. D’ailleurs, dans un autre livre : «
Psychopathologie de la vie quotidienne» (1904), Freud consacrait déjà tout un chapitre au «Déterminisme Psychique», montrant que le hasard n’existe pas dans l’inconscient à travers son influence dissimulée mais persistante dans la vie d’une personne. Si, en plus, viennent se surajouter quelques événements fâcheux dans l’existence d’un individu, alors il devient courant de se tourner vers l’hypothèse de diverses «forces occultes et malignes» renforcées par des fatalités mineures.
La puissance de la pulsion de mort est telle, que Jung relate l’histoire de l’un de ses patients lui narrant depuis plusieurs mois des rêves sur sa propre mort, se voyant happer par le vide. Après plusieurs semaines d’absence, Jung a fini par apprendre la fin tragique de son patient où un guide de haute montagne racontera que celui-ci tomba dans un précipice, comme s’il s’était laissé tomber…
Citation:
Etonnement, je ne vis pas si mal ces enchainements de mauvais coups du sort. Je dirais que mes proches le vivent nettement moins bien que moi !
Je me dis que toutes ces malchances ont fait de moi la personne que je suis aujourd'hui, et dans le fond, c'est une bonne chose, je crois.
[…]Ca parait bien triste comme ça, à lire, effectivement... Mais je vous assure, dans le fond, ça ne me pèse pas tant que ça !
Le fait d’appréhender la plupart de ces événements avec une certaine «désinvolture», voire une «satisfaction relativiste» semble aller en faveur de la thèse psychologique. Tu expliques d’ailleurs très clairement que ces enchaînements «ont fait de toi la personne que tu es aujourd’hui». On pourrait même dire que ces enchaînements :
c’est toi.
Merci pour ta réponse Sinthome !
Je découvre avec toi quelque chose que je ne connaissais pas du tout ! J'en avais vaguement entendu parler de loin, tout au plus !
Effectivement, au premier abord, je comprends que tu penses cela, et peut-être as-tu raison.
Mais laisse-moi étoffer et complémenter mon témoignage.
Tu parles de prises de risques occultées mais bel et bien présentes.
Soit.
Laisse-moi donc préciser et détailler les faits, histoire d'avoir toutes les cartes en main.
Je commencerais par dire que tout ce qui se passe avant 1998, voir 2000, est plutôt "anecdotique". En tout cas, cela n'a rien d'exceptionnel.
Ensuite, voici les prises de risques :
- En ce qui concerne mon pouce fracturé à ski, je te concède bien volontier qu'il y a un risque. Une fois cela dit, je tiens à préciser qu'il s'agit d'une fracture de "froid", qui s'est produite à l'arrêt, juste en bas de la toute première pente de la piste. J'ajoute également que je viens de Suisse, où j'habite au pied des Alpes, et que donc le ski est pour nous quelque chose que tout le monde pratique, et ce n'est donc pas, à mon sens, une grosse prise risques de ma part. (J'espère que tu comprendras ?!)
- Continuons avec le skate. Ok, il y a réellement là prise de risque.
- En ce qui concerne la scoliose et la maladie hormonale, aucune prise de risque... Les 2 sont totalement idiopathiques... Il n'y a même pas de génétique là-derrière !
- Pour l'accident de roller, c'est un peu plus compliqué.
Ok, le roller représente une prise de risque, mais j'étais protégée de tout part par casque, genouillères, gants, coudières. Et c'est la voiture qui se déporte qui me renverse. Donc, je ne sais pas vraiment quoi en penser.
- Pour l'échafaudage, et bien, non, aucune prise de risque. Ou alors autant que pour tout les gens qui marchaient sur le trottoir avant ou après moi. Je signale par là que cela s'est produit dans la rue, sur le trottoir, effectivement, et non pas dans un chantier à risque ou autre !
- La moto, ok, grosse prise de risque.
- Mon orteil, pas de prises de risque. J'étais dans une cafèt, et un mec recule son tabouret (avec ses grosses fesses dessus
) et m'écrase ainsi l'orteil, qui se fracture. Pas de prises de risques folle en allant manger dans une cafèt, non ?
- Pour le serpent en Grèce. Prise de risque ? Non aucune ! Cela s'est passé dans le parc de l'hotel dans lequel j'étais (un 5 étoiles qui plus est !!!)
- Pour le coude, il s'agit d'une chute dans les escaliers de chez moi, en hiver avec sol glissant de neige et verglas. Tous les autres habitants de chez moi ont pris ces escaliers (pas le choix pour sortir de chez nous !), j'estime donc qu'il n'y avait pas là de prise de risque démesurée !
- Pour l'accident sur l'autoroute, je dirais que je prenais le même risque que n'importe quel autre conducteur ! Je n'allais ni trop vite, ni n'étais pas concentrée, etc.
- Le souffle au coeur, bon ben là, on se passe de commentaires...
- Pour mon radius droit, je prenais le train, et je me suis bêtement cogné le bras, pile avec le mauvais angle, et boum ! fracture ! Donc pas de prise de risque non plus.
- Et finalement, la vertèbre. Je suis tombée de cheval. Alors oki, l'équitation représente un risque, effectivement.
Récapitulons donc maintenant.
Les seules grosses prises de risques sont le skateboard, la moto, le roller et l'équitation, à mon avis... Ce qui n'explique que 4 de mes nombreux accidents !
Deuxième point important que tu soulèves. Tu parles de satisfaction relativiste ?
Je ne suis pas sûre de bien comprendre ce que cela veut dire.
La désinvolture, je comprends ce que tu entends par là, en revenche.
Pour ma part, je ne parlerais pas de désinvolture. Je dirais que c'est plutôt un mécanisme de défense, qui me permet de relativiser les choses, plutôt que de sombrer dans la déprime.
Quant au fait que cet enchainement m'a fait tel que je suis, oui. Mais que ces enchainements, c'est ce qui me définit, non. D'ailleurs, mis à part ma mère (et vous !), je crois que personne de mon entourage n'est au courant de tout, tout, tout !
Je n'aime normalement pas en parler, car je ne veux pas que l'on s'apitoie sur mon sort.
J'espère que cela te permettra de mieux cerner mon "cas"
!
Je suis ouverte à toute questions, alors n'hésite(z) pas !