Ok, alors disons que nous aurons tout de même éliminés les hypothèses les plus "probables".
Si ce n'était pas un dirigeable, c'est vraiment quelque chose que nous ne pouvons expliquer dans l'état actuel de nos connaissances.
Pour en revenir à l'erreur du Hind, les choses ne sont pas si simples.
L'organisation a déposé plusieurs plans de vol dans les pays concernés par la course, évidemment, tous les pays se rendent bien compte qu'un ballon ne peut pas déposer un plan de vol avec cap et horaire précis.
Cela parait évident, pourtant certains fonctionnaires "zélés" de Biélorussie demandent obstinément les heures d'entrée des ballons dans leur espace aériens.
Les suisses, organisateurs de la course (en fait, la Gordon Bennett n'est pas une course au sens propre du terme, il ne s'agit pas d'aller vite mais d'aller loin) ont envoyés 17 télégrammes informant la biélorussie du départ.
Dans la nuit du 11 au 12 septembre 1995, après deux jours et demi de vol, les premiers ballons franchissent la frontière Biélorusse.
La plupart ont de sérieux problèmes avec les controleurs aériens locaux qui persistent à parler...en russe !
(la réglementation internationale pour la sécurité aérienne prévoit l'anglais pour tous les échanges, quel que soit le pays, y compris l'ancienne URSS)
Personne ne comprend donc rien à ce qui se passe, les pilotes de ballons ne parlent pas russe, les controleurs aériens biélorusses ne veulent pas parler anglais.
L'équipage du D-Caribbean, composé de profesionnels confirmés, tient un livre de bord qui retrace scrupuleusement leur route, leur vitesse, leur cap, leurs échanges radios (ou plutôt, leur absence d'échanges radio).
A 5h25, le D-Caribbean passe la frontière séparant la Pologne de la Biélorussie.
A 6h00, l'un des occupants note sur le carnet de bord qu'ils sont a présent légèrement à l'ouest de Biazora. Altitude 2000 mètres, vitesse 30 noeuds.
Le ballon est équipé d'un transpondeur.
Les hommes à bord ne parviennent pas à joindre les controleurs biélorusses (et à quoi cela servirait-il, les autres ballons ne comprennent rien à ce que leur dit le contrôle de Minsk !) mais ne s'inquiètent pas pour autant, ils ont un plan de vol dûment déposé, un transpondeur qui fonctionne, rien d'alarmant.
A ce moment là, les deux hommes sont déjà morts, même s'ils ne le savent pas encore.
Plus tard, il leur sera reproché (à titre posthume, bravo) de ne pas avoir fait demi-tour suite au non contact avec le contrôle biélorusse. (un peu comme si l'on reprochait à un catamaran de ne pas faire demi-tour dans une course parce qu'il a une panne radio au moment où il arrive dans les eaux territoriales d'un pays, ridicule)
A 6h34, un officier de surveillance en poste le long de la frontière appercoit le D-Caribbean, il n'a absolument aucune information sur la Gordon Bennett (où sont passés les 17 télégrammes des suisses ? Pourquoi les plans de vol n'ont-ils pas été redirigés vers les postes frontières ?) il prévient ses supérieurs.
7 minutes après, toutes les forces aériennes biélorusses sont en alerte maximale.
Leur but ? Anéantir un objet volant non identifié.
10 minutes plus tard, le radar de l'AAD-CCP (commandement général de la défense anti-aérienne) détecte le D-Caribbean. Il vole toujours à 2000 mètres mais sa vitesse a chuté à 13 noeuds (23 km/h)
Voilà le premier non-sens.
Si le radar détecte le ballon a cette vitesse, et ce malgré l'effaceur d'echo fixe, c'est forcément que le transpondeur fonctionne.
Si il y a transpondeur, il y a vie humaine.
Mais au sol, c'est l'affolement, un désordre indescriptible, pour les officiers de garde, c'est une intrusion, rien d'autre. Ils vérifient qu'aucun vol biélorusse n'est susceptible de correspondre avec ce qu'ils ont détecté. Non, rien ne correspond, forcément, puisqu'il s'agit de vols internationaux avec plan de vols déposés mais qu'ils n'ont visiblement pas le temps de regarder !
Les recherches des officiers biélorusses durent jusqu'à...8h10 GMT.
Pendant ce temps, les deux américains se sont probablement endormis à bord du D-Caribbean.
A 8h18, selon les biélorusses, le ballon approche d'un site stratégique majeur.
Soyons sérieux, nous sommes en 1995, il n'existe rien de "majeur" en Biélorussie, les rares sites "stratégiques" (si tant est que l'on puisse encore leur donner ce nom) existants ont été photographiés des milliers de fois par les satellites occidentaux. En fait, le ballon n'approche de rien de spécial, mais les biélorusses commencent à avoir peur, ils ne savent pas ce qu'ils ont en face d'eux.
Plutôt qu'un appareil de reconnaissance, c'est un hélicoptère d'attaque que l'on fait décoller pour aller voir "en visuel" ce qui se passe vraiment.
Au sol, c'est la panique, en l'air, ce ne sera guère mieux.
En face d'un ballon sportif, les biélorusses envoit un Hind MI 24 B, une machine de guerre redoutable pesant 11 tonnes et étant équipée de missiles, roquettes mais aussi de deux mitrailleuses de 12,7 mm et d'un canon interne de gros calibre.
Goldorack est envoyé pour intercepter Candy !
L'approche est longue.
Pendant tout le temps de cette approche, qui pourrait être drôle si elle n'était tragique, l'officier contrôleur d'interception apelle l'ovni "ballon"...(est-il l'un des rares à avoir connaissance de la course, il dira plus tard que non)
Je passe les détails, mais le pilote du Hind est particulièrement peu "doué", il met un temps fou à repérer le ballon, puis il n'arrive pas à le garder en vue, il tente de faire un vol stationnaire, se ravise, repart, monte, descend, bref, si l'ovni avait été un appareil ennemi, le Hind aurait déjà été abattu depuis longtemps.
Finalement, pour une approche visuelle, le pilote du Hind décide de se placer...en dessous du ballon.
Jusque là on avait un pilote pas très doué, maintenant on a un débile complet. Non seulement, en dessous du ballon, il ne peut rien voir, ni la nacelle, ni le drapeau américain qui pend sur celle-ci, mais en plus, même s'il était en présence d'un "ennemi", se placer en dessous volontairement n'est pas très intelligent.
Le pilote réussi néanmoins (c'est un exploit vu son niveau apparant) à dire à l'officier d'interception qu'il apperçoit une nacelle.
Là, l'officier devrait tout stopper, une nacelle, donc présence humaine, ce n'est pas un ballon sonde.
Non, il demande si "une charge" est suspendue sous le ballon.
Evidemment, le pilote du Hind répond "oui" (il y a une charge, la nacelle).
Le pilote demande alors ce qu'il doit faire, l'officier décide: détruisez !
A cet instant, le Hind est 200 à 300 mètres plus bas que le D-Caribbean. Il ne peut rien voir de ce qui se passe à l'intérieur (peut-être les deux pilotes américains sont-ils éveillés ? Mieux vaudrait que non vu ce qui va suivre) mais il n'est pas non plus en position de tir.
Rien dans ce qui va se passer ne correspond à une interception classique. Pas de sommations, pas d'appel sur la fréquence de détresse, rien, nous avons deux autistes, deux crétins des alpes (ou de l'oural) en train de paniquer et de faire n'importe quoi.
L'ordre de détruire le ballon est répété quatre fois. (on a pas le temps de vérifier les plans de vols, mais on a le temps de s'assurer que les ordres sont bien compris en Biélorussie, sic)
Le pilote du Hind reprend alors un peu d'altitude (on se demande de toute façon ce qu'il pouvait bien foutre aussi bas pour un contact "visuel") et décide d'utiliser son canon.
Première salve d'obus incendiaires.
Le pilote du Hind rate sa cible.
C'est risible et tragique.
C'est horrible car maintenant, on est sûr que les deux américains sont réveillés ! Impossible de ne pas entendre le bruit du lourd canon du Hind.
Que font-ils ? Est-ce qu'ils prient ? Est-ce qu'ils hurlent ? Est-ce qu'ils font de vains signes en direction de l'agresseur ?
C'est comique parce que décidemment, le pilote ne brille pas par son adresse. Il a effectué une approche (avec bien du mal, au début il ne le trouvait même pas) d'un "ovni" par "en bas", ce qui est peu conseillé, maintenant, il vient de rater un ballon filant devant lui à 13 noeuds...en temps de guerre, ce n'est décidemment par sur lui qu'il faudra compter !
Le pilote procède à un nouveau tir, pour cela...il se met en vol stationnaire...(c'est bon ? ça bouge pas trop ? non ?) malheureusement, aussi nul soit-il, cette fois, il ne rate pas la cible. Il utilise les deux mitrailleuses de 12,7 mm (le canon, c'était trop difficile !)
Le ballon est touché, il tombe, mais la nacelle n'explose évidemment pas, au contraire, elle est ralentie dans sa chute par le ballon en flammes !
Histoire que les deux gars innocents savourent bien leur derniers instants...
Voilà, pour les Biélorusses, il s'agit d'une interception d'un ovni.
Pour les proches des deux américains, c'est un drame.
Pour n'importe qui ayant un minimum de connaissance aéronautique, même un simple élève-pilote d'aéroclub, c'est un meurtre.
Voilà pour le fin mot de l'histoire Dragon, c'est une histoire bien réelle et ayant fait l'objet d'enquêtes pointues, il ne s'agit pas d'un fait dont on "ne connaîtra" jamais l'issue, il s'agit d'un assassinat par idiotie.
Si le premier officier frontalier n'avait été qu'un simple passant, pour lui, cela aurait été une apparition d'ovni.
Dans ce cas précis, nous avons malheureusement l'explication, pas d'ovni mais deux innocents participant à une course en ballon...
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