Minia a écrit:
Est-ce que l'on t'a fait mal physiquement là bas ? "Juste" moralement ? Si ça te mets mal à l'aise, on en discute en MP...

Effectivement, j'ai été blessée physiquement et moralement, et je n'arrive pas vraiment à en parler ouvertement, car c'est assez personnel...
Cela dit, je pense que cela peut vous aider à comprendre le lien avec ma maladie hormonale.
Alors, je vais en parler, pas de problème.
Nous faisions un tour opérator en Capadocce.
Nous étions le matin de cette fameuse journée dans les souks à Antalya, quand nous nous sommes subitement retrouvés en plein coeur d'un double attentat...
Je n'ai été que très légèrement blessée à la jambe, mais 8 personnes sont mortes, juste devant mes yeux... Et une dizaine d'autres ont été grièvement blessés.
Premier choc de la journée...
Deuxième choc, dans la soirée. Pire...
Je cherchais mes amis dans l'hotel (multiples bars...

) et je suis tombée sur le guide de notre tour opérator. Je lui demande donc s'il sait où ils se trouvent. Réponse positive de sa part, et me propose de me conduire à eux.
Je le suis donc, et me retrouve au bout de quelques minutes dans un bar vide, avec seulement lui et le barman (très louche, et qui avait déjà eu quelques "mots" avec le mari d'une des autres filles du voyage, mais à ce moment-là, je n'étais pas encore au courant de cela).
Il me promets pourtant qu'ils étaient encore là il y a quelques minutes.
Je ne me doute donc de rien.
Il m'offre un verre, que j'accepte, et nous discutons quelques minutes.
Il ne croit pas que j'ai juste 17 ans et veut vérifier ma carte d'identité...
Pendant ce temps, le barman commence à baisser les lumières du bar, et la pénombre commence à envahir la pièce...
Puis il se rapproche de notre table, et finalement les 2 hommes se jettent sur moi en coeur. Je me débats, mais rien n'y fait, ils sont 2 hommes costauds... Ils m'emènent par la sortie arrière, le barman me tient fermement, je n'arrive pas à me libérer de son emprise. On arrive sur un parking, et le guide ouvre la porte arrière d'une camionette dans laquelle le barman me jette.
Le guide sort un "caniff" de sa poche et me dit qu'il revient dans quelques minutes, et qu'il va m'emmener dans un endroit où je ferai le bonheur de pas mal d'hommes en manque d'amour, tout en me menaçant de son arme. Il me fait ensuite signe de me taire sinon il me coupe la gorge (tout cela en signes bien clairs), puis il referme la porte. Le barman et lui retournent ensuite sur leur pas, et re rentrent dans l'hotel.
A ce moment-là, je cherche à sortir de la camionette. Mais la porte arrière n'a pas de poignée à l'intérieure, et les portes d'avant sont fermées.
Je commence donc à hurler, à plein poumons... Le parking est désert, personne pour m'entendre.
Je ne sais ensuite d'où j'ai eu cette force, mais avec plusieurs coups de pieds, j'arrive à briser la vitre arrière (sûrement l'adrénaline) et je cours tout ce que je peux. Je ne me retourne pas, je fonce.
J'arrive finalement à rejoindre ma mère dans notre chambre d'hotel, en larmes, à bout de souffle.
On verouille toutes les portes, fenêtres, et on cherche tout ce qui pourrait nous servir d'arme, c'est-à-dire ciseaux et autres ustensiles... Inutile de dire que nous n'avons pas fermé l'oeil du restant de la nuit, et avons pris le premier vol à l'aube pour Francfort (premier vol de la matinée, et pas trop loin de la suisse, donc...)
La pression tombe dès notre arrivée sur le sol allemand.
Par la suite, j'ai appris qu'il y a beaucoup de "traite des blanches" en Turquie, et qu'apparement j'y ai échappé de justesse (info donnée par le consulat suisse de Turquie).
Je ne sais toujours pas aujourd'hui à quoi j'ai réellement échappé ce soir-là, et je ne sais toujours pas non plus d'où m'est venue cette force et cette "rapidité", mais je pense avoir échappé de justesse à un bien mauvais sort...
Voilà dans les grandes lignes et sans tous les détails ma malencontreuse mésaventure en territoire turc.