Inscription: Ven Février 28, 2003 18:49 Messages: 208 Localisation: Auvergne 63
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Bonjour à tous, J'ai un peu hésité avant de poster dans la catégorie "apparitions", mais ce serait comme me désavouer moi-même, puisque vous le verrez, je n'ai aucune certitude sur ce que j'ai pu voir, et que sceptiques de nature, nous privilégions toujours, ma compagne et moi, les explications rationnelles. Néanmoins, j'ai beau ne plus vraiment croire au paranormal, je n'en aime pas moins le frisson, les petits événements de la vie qui font parfois douter, genre un jeu de clefs égaré il y a quelques semaines et qui réapparaît là où on l'avait dix fois cherché, genre les coïncidences qui nous arrivent parfois et qui comportent des caractères merveilleux, les rêves prémonitoires... Je fréquente ce forum depuis son ouverture (quasiment) et j'ai été étonné de voir combien il m'avait aidé à façonner mes jugements. Non pas que j'étais un fou enclin à voir de l'irrationnel partout avant cela, mais disons que j'étais un peu plus crédule, avide d'histoires croustillantes, etc. Et... l'âge aidant, la découverte de la zététique, l'expérience aussi, m'ont amené à comprendre que si le merveilleux existe, il n'est que dans les petites choses de la nature. Oh, ça ne s'est pas fait sans mal ! J'ai été moi aussi [déçu par la normalité des choses] (je cite un post du forum bien connu). Mais disons que je pense qu'il est possible de ne plus croire aux ragots de base tout en se laissant une porte ouverte sur les faits surprenants, inexplicables. Je pense d'ailleurs que nous en sommes tous là, sinon, je ne vois pas pourquoi nous continuerions à nous intéresser au sujet et fréquenter le forum Bref, dans ma vie, il m'a été donné de voir des choses surprenantes, inexplicables, et à chaque fois je suis venu les relater ici. Nous venons d'acheter ma compagne et moi une maison à Vodable, près d'Issoire, dans le Puy de Dome. Il s'agit déjà d'une coïncidence marrante, puisque lorsque j'étais enfant, et que je dévorais les ouvrages sur le paranormal, je m'étais juré de visiter ce village suite à la lecture de "les maisons hantées" de Flammarion. Une brève recherche m'avait permis de situer Vodable à seulement 6 km du village de mes grands parents, où je passais mes vacances en Auvergne. Si j'avais pu me douter que non seulement 30 ans plus tard j'y achèterais une maison, mais en plus, juste à côté du Château de Malsaigne !  Une rapide recherche sur Google vous donnera invariablement ce même récit, tiré du livre de Flammarion. Bien que démenti par les actuels propriétaires du château avec qui j'ai pu en discuter, il n'y a à Vodable aucune autre demeure bâtie sur les ruines d'un château féodal que la leur. Les actuels propriétaires sont âgés, ils tiennent à une certaine tranquillité et sont eux mêmes très rationnels. Je suis en très bons termes de voisinage, mais je les ai vu afficher un petit sourire circonspect et poli. "Oh, nous ne croyons pas à ces balivernes !" Voici donc ce fameux récit : M. Georges de Dubor, l'érudit auteur des Mystères de l'Hypnose (1920), a publié la description suivante d'une maison hantée qu'il tient de personnes absolument honorables, intelligente, et dont la sincérité ne peut être suspectée. Le chef de la famille, M. Boussoulade, occupe au ministère des Finances une importante situation. C'est un homme posé, sérieux, estimé de tous. Voici les faits, d'après une déclaration écrite de Mme Boussoulade, certifiée exacte par les autres membres de la famille, témoins des phénomènes:
Le 1er juillet 1914, je quittais Paris pour le village de Vodable, en Auvergne, avec une de mes cousines, ses enfants et mes deux jeunes filles âgées de neuf et douze ans. Nous avions loué une propriété dans un site ravissant; nous dominions une riche vallée. La maison, bâtie sur les reste d'un château féodal, avait au rez-de chaussée des murs épais et de solides voûtes. Habitée de longue date par la même famille, elle était remplie de vieux meubles et de portraits. En voici la disposition : au rez-de chaussée, salon-bibliothèque, salle à manger; au premier étage, antichambre meublé et orné de portraits, trois chambres, les miennes, puis deux autres occupées par les domestiques.
- Le mois de juillet s'écoula dans le calme; août nous apporta les angoisses de la guerre, et le 1er septembre, ma soeur arriva, fuyant Paris menacé, accompagnée de son fils âgé de dix-neuf ans, garçon grand et robuste.
- Ils étaient à peine remis des fatigues de leur long et pénible voyage, que commencèrent à se produire les phénomènes qui font l'objet de cette lettre. Le 7 septembre, vers 8 heure et demi du soir, réunis dans la chambre rouge du premier étage, celle de ma soeur, nous entendons sonner la cloche, située dans l'antichambre. Personne n'avait tiré le cordon de cette sonnette, qui se trouvait sous nos yeux.
- Le 8 septembre, nouvelle sonnerie, à plusieurs reprises, à la même heure que la veille. Ensuite, dans l'antichambre, un portrait tombe sur la tête de mon neveu. Nous remettons à leur place clou et tableau.
- Le lendemain matin 9, un sabre provenant d'une panoplie fixée au mur de la bibliothèque, au rez-de chaussée, est trouvé sur le sol, sans sa gaine, les clous le retenant au mur étaient intacts. Le soir de ce jour, la sonnette du premier étage recommence son tintement; le tableau tombe à la même heure que la veille.
- Le 10, rien. Le 11, sonneries fréquentes, le soir, entre 9 heures et 9h30. Impatientés, nous mettons du papier dans la sonnette; ce papier tombe et le tintement recommence. Je prie alors mon neveu d'arracher ce battant insupportable; la chose est faite, non sans peine. Un instant après, un des portraits du vestibule s'agite violemment, allant de droite à gauche, dans un mouvement de balancier.
- Le 12, les tableaux de la salle à manger sont trouvés penchés. À 7 heures du soir, un cache-pot de cuivre, placé sur une fenêtre de l'escalier, à mi-étage, descend avec fracas, sur son fond, les marches de pierre et ne s'arrête qu'au rez-de-chaussée. Remis à sa place, il redescend à nouveau.
- Le 13, en voulant pénétrer dans ma chambre, au second étage, vers 7 heures du soir, je constate avec terreur que ma porte est fermé à double tour, la clef étant resté en dedans; il en est de même pour la porte du couloir, qui commande la seconde chambre; impossible donc de rentrer chez moi. On arrive à crocheter la serrure et à pénétrer dans les pièces.
- Le même soir, réunis tous dans la bibliothèque avec deux visiteurs, nous voyons un portrait se détacher du mur et tomber au milieu de la pièce; le clou est au mur, le cordon intact. Nous montons visiter nos chambres; derrière nous, une malle tombe du haut d'une armoire, une porte est fermé à clef; la clef cachée par ma soeur dans un tiroir connu d'elle seule, a disparu.
- Le 14, un grand feu s'allume dans la cheminée du salon; un tableau de l'antichambre est projeté au-dessus de la tête de la femme de chambre, son clou est au mur, son cordon intact. En nous mettant à table le soir, nous voyons s'abaisser le cordon de la sonnette de la salle à manger et celle-ci se met à sonner. Dans la bibliothèque, sous nos yeux, un tableau tombe, violemment arraché du mur avec les clous qui le retenaient.
- Le matin du 15, ma cousine est enfermée dans sa chambre comme dans une prison; les clefs des portes ont disparu et nous les cherchons vainement. Le serrurier arrive et aussitôt les clefs tant cherchées sont retrouvées très en évidence. Depuis ce jour, nos clefs resteront toujours sur nous et nos chambres demeureront fermées en notre absence pour éviter toutes nouvelles plaisanteries, et pourtant chaque soir, ma cousine, ma soeur, mon neveu, trouveront dans leur lit en se couchant, des plants de navet, des pincettes, des assiettes, des chardons et jusqu'au buste de l'ancien propriétaire du logis.
- Le 16, le cache-pot de cuivre remonte au premier étage; le sabre tombe à terre, hors de son fourreau.
- Le 17, une assiette caché dans le lit de mon neveu, puis posée sur un autre meuble, est violemment projetée à terre; en face, sur un autre meuble, un chandelier est jeté aussi.
- Le 19, je pars avec mes enfants pour Bordeaux où se trouvait mon mari; heureuse de fuir cette maison inhospitalière, mais mon départ ne devait pas arrêter le cours de ces facéties, qui se continuèrent en mon absence. Le 20, mon neveu, près de s'endormir, se sentit soulevé par une force invisible avec son lit fort lourd en acajou presque verticalement. Ma soeur, ma cousine, accourues à ses cris, ont été témoins du fait.
- En présence de ces phénomènes, aussi étranges que troublants, le départ pour Paris est décidé; alors, les facéties, se multiplient. Le buste de l'ancien propriétaire est trouvé dans le lit de la chambre rouge, la tête sur l'oreiller, les couvertures remontées sous le menton et, plus tard, dans le lit de mon neveu. Un cache-pot de cuivre, placé dans l'antichambre, fait un bond prodigieux pour retomber au milieu de l'escalier; replacé sur la fenêtre, il descend les marches comme la première fois sous les yeux des assistants. Un pot de grès bondit à travers la cour de la remise où il se trouvait et vient se briser sur la table de la salle à manger, en passant par la fenêtre ouverte.
- Le 24, jour du départ, on replace les tableaux tombés précédemment; ils retombent à nouveau. Les meubles du salon - pièce où rien encore ne s'était passé - sont renversés; on les relève; ils tombent une seconde fois; il en est de même, aucun siège ne reste debout. Réunis pour le dernier repas autour de la table de la salle à manger, les convives voient cette table s'agiter, se soulever et se diriger du côté de ma soeur.
- Rentrés à Paris, ma soeur, ma cousine et mon neveu ont retrouvé le calme dont je jouissais moi-même à Bordeaux, oublieuse des événements fantastiques dont j'avais été témoin.
- Dans le courant de décembre, je reviens à Paris avec mon mari et mes enfants. Le 17 de ce mois, nous nous trouvons réunis chez ma cousine, pour un dîner de famille, à la veille du départ de mon neveu pour l'armée. A peine étions-nous assis autour de la table que celle-ci s'agite et se soulève. Le bois fait entendre des craquements ininterrompus. Nous questionnons la table - un coup, oui; deux coups, non - les réponses sont ridicules ou incohérentes. Nous achevons de dîner à grand-peine. Durant la soirée, trois sonnettes électriques tintent d'elles-mêmes.
- Le lendemain, nouvelle réunion chez moi pour déjeuner. La table fait de véritable bonds dès que nous sommes assis autour d'elle et s'agite plus fortement encore que la veille à tel point qu'il faut, pour la maintenir, toutes nos forces réunies. Dans le salon, après le repas, un cache-pot de bronze quitte son support sous nos yeux et bondit au milieu de la pièce à trois reprises; un fauteuil est jeté à terre par trois fois aussi. Au moment du départ, nos convives cherchent longtemps leurs chapeaux disparus et les retrouvent dans les lits ou derrière les meubles.
- Ma cousine part, et le calme se rétablit; elle revient une heure après et, de nouveau, la table s'agite, les objets sont lancés à travers la pièce, tout cesse après son départ.
- Sur ces entrefaites, mon neveu est parti pour l'armée (il a été tué au mois de mai 1915) et, depuis lors, nous n'avons plus eu aucun fait de ce genre à enregistrer.Maintenant que vous voici bien imprégnés du récit, qui ressemble ni plus ni moins à n'importe quel autre récit de poltergeist, voici ce que nous avons, ma compagne et moi pu observer cet hiver. Lorsque je sors mes trois chiens, j'emprunte 9 fois sur 10 une petite route dite "route des dauphins d'Auvergne" passant sur les anciens remparts du château. Ce qui fait que je passe devant les grilles de la demeure qui sont fermées tous les soirs vers 19h. En général, je sors les chiens avant d'aller me coucher, et ce soir là il était 0h45, début décembre. A cette heure ci, dans le village, autant dire qu'il n'y a pas âme qui vive. Mes seuls voisins immédiats sont donc les propriétaires du château et je sais qu'ils vont se coucher vers 23 h. Je lâche deux de mes chiens, et au bout de quelques pas, ils se figent en grognant. Apeuré à l'idée qu'ils prennent en chasse un chat ou un chien errant, je les rappelle en me rapprochant d'eux, et c'est à ce moment, que levant les yeux pour suivre la direction de leur regard, je vois nettement une ombre très grande, noire, se déplacer derrière la grille du château. ça a été rapide, fugace, je dirais que ça n'a pas duré plus de trois secondes. Je n'y ai pas prêté grande attention sur le moment... sauf que je connais mes chiens, et que leur attitude m'a étonné. Pas d'aboiements, le poil hérissé, des grognements sourds, l'oeil fixe... Ils n'ont pas cherché à "courser" l'ombre derrière la grille comme ils le font lorsqu'ils surprennent un promeneur. Et puis, à bien y penser, à respectivement 87 et 90 ans, je vois mal les propriétaires se promener dehors à une heure aussi tardive... Et puis, ils ne sont pas si grands. Je me dis que c'est bizarre, et en revenant de la balade des chiens, je redouble de vigilance en pensant -on ne sait jamais - à un cambrioleur. Mais là, encore, ça ne colle pas. Mes chiens surpris de voir quelqu'un se faufiler à une heure aussi tardive auraient dû hurler et lui foncer dessus. J'en parle donc à ma compagne en rentrant. Nous hésitons un peu à ameuter les gendarmes, puis nous nous ravisons... Et nous sommes bien soulagés le lendemain de croiser l'un des propriétaires devant son jardin. Je me garde de lui parler de ce que j'ai vu la nuit, sans doute pour ne pas l'effrayer. Cela fait 80 ans qu'il occupe ce château et il na jamais été cambriolé, alors pourquoi le serait-il soudain ? La seconde fois, c'était la semaine dernière, et il était un peu plus de 23h. Comme les températures sont un peu plus clémentes, ma compagne m'accompagnait pour la sortie des chiens. Même scénario : nous sommes sur le point de rentrer de la balade et nos chiens se retournent brusquement vers la grille du château, comme surpris, sans aboyer... Nous nous retournons tous les deux et apercevons la même chose : une ombre qui se déplace vers la gauche, une masse sombre qui masque un instant le lampadaire situé de l'autre côté de la cour du château. Nous hâtons le pas sur les quelques mètres qui nous séparent de notre maison. Arrivé chez nous, je demande à ma compagne "Tu as vu quoi ? ". Et nous tombons d'accord sur la grande silhouette sombre qui n'avait rien à faire là à cette heure là et sur l'attitude bizarre de nos chiens. Du coup, nous faisons un peu le point, et il me revient en mémoire un autre fait bizarre survenu au tout début de notre installation, au mois de novembre. Commençant très tôt le matin, je sortais les chiens à l'aube, vers 5h15, et il faisait encore très sombre à cette période de l'année. Je prenais le fameux chemin des dauphins d'Auvergne, une charmante petite route de campagne, bordée d'un côté du mur d'enceinte du château, et de l'autre par les champs. Mes chiens courraient devant moi, et soudain ils se sont arrêtés en grondant de façon bizarre. J'ai regardé au loin devant moi, et je me souviens avoir aperçu une silhouette toute grise qui avançait sans bruit, à environ 150 mètres. Ayant peur que les chiens prennent en chasse un éventuel promeneur, j'ai rebroussé chemin et ils m'ont suivi... J'ai cogité très vite, et je me suis dit que quand même, un mec qui se promène ici à cette heure là, c'était pas banal, et ...Lorsque je me suis retourné, quelques secondes après, il n'y avait plus personne derrière moi : alors soit la personne avait décidé de couper à travers champs, soit elle avait sauté le mur d'enceinte du château qui fait bien deux mètres ! Vous admettrez qu'il n'y a pas une solution moins étrange que l'autre. Voilà pour la petite histoire. Il peut y avoir des tonnes d'explications rationnelles, à bien y penser. Rien de bien extraordinaire ne nous est arrivé, mais ces brèves apparitions ont le don de nous intriguer vraiment, et je suis heureux que ma compagne partage mon engouement pour ces mystères.  ça fait du bien de revivre un peu les frissons qu'on avait oubliés, vous savez, genre lorsqu'on lisait un livre du Club des Cinq en étant môme. Et il est vrai que le village de Vodable, érigé sur une pointe volcanique, affublé d'une légende sur les fameux templiers, naguère haut lieu culturel empli de troubadours et quasiment détruit par la peste au XIV ème siècle, ajoutez à ça les ruines de villages anciens, les tombes de la chapelle de Colamine, le tellurisme, les sources... Nous sommes heureux d'habiter un endroit qui ne cesse de nous surprendre et de titiller notre imagination ! 
_________________ fish - "I want to believe, but..."
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