Quelques souvenirs, un peu décousus, de caserne, se situant en 1984-85, à Bitche, en Moselle, des suites d'une discussion au cours de laquelle avait été évoquées quelques notions basiques de physique quantique, puisque était présent un futur enseignant (affecté aux transmissions) en cette matière.Un léger dérapage avait fait que nous nous étions retrouvés autour d'une table à tenter d'invoquer les esprits, ce premier soir sans aucun résultat. Après deux ou trois échecs, nous nous sommes, allez savoir pourquoi, légèrement déplacés...
Cette fois, à la question posée de savoir "s'il" était présent, un coin de la table s'est soulevé légèrement pour retomber aussitôt.Ce plusieurs fois, non sans que j'ai pris la précaution de jeter un oeil sous la table, histoire de vérifier que mon camarade qui se tenait assis au plus près de ce coin ne s'amusait pas à jouer du genou. Sceptique de nature, j'ai fait lever tout le monde, ai demandé à ce que les mains soit situées au-dessus de la table, légèrement, et pas sur celle-ci. Au lieu de se soulever en guise d'acquiescement, le meuble se déplaçait cette fois légèrement vers la droite en guise de "oui". Le jeu qui suivit avec verre et bouts de papiers portant chacun une lettre de l'alphabet, mena au nom de l'esprit, "Udeb". Se disant "esprit inférieur", je lui demandais s'il pouvait nous mettre en relation avec un esprit "supérieur", ce qu'il fit, puisque débarqua un dénommé "Satan". Avec lequel la discussion a tourné court, vues l'incohérence des réponses fournies et le peu de maîtrise que nous avions de la situation, la séance est partie en vrille, la table finissant par s'agiter sans que rien ne soit demandé.
Décision prise de nous déplacer à nouveau, vers une autre pièce, contigüe à la précédente, nous eûmes droit cette fois à "Lucifer". Avec lequel le calme revint et avec ce dernier les expériences les plus intéressantes, puisqu' "Il" était capable, par exemple, une cigarette tenue par moi par son filtre, à la verticale, d'en vriller, d'en entortiller le cylindre de papier sans que celui ne se déchire.
Et la seule fois où j'ai vraiment eu peur, c'est lorsque après avoir posé un clope sur un verre renversé, je lui demandais s'il pouvait déplacer le verre de manière à faire tomber la cigarette. Je ne sais pas s'il s'est vexé, mais rien ne s'est produit pendant de longues secondes, jusqu'à ce que la table se soulève des quatre pieds, et se mette à se balancer... Forcément le clope est tombé du verre. Nous étions sept ou huit à appuyer sur la table, à essayer en vain de la faire retrouver terre. Elle est redescendue seule, sans précipitation. Là j'avoue que je me suis mis à bredouiller (j'étais le seul à poser des questions), pendant que je sentais contre la mienne la jambe gauche de mon voisin être prise de légers tremblements...
Pour faire court et finir, sauf à me souvenir de ce soir où un sous-officier (un "margi", ou "maréchal-des-logis") qui avait tenu à participer à une de ces séances n'a pas osé parcourir en pleine nuit, après ladite séance, les quelques centaines de mètres le séparant de son appartement et s'était résigné à dormir sur place. Ou de ce soir où fatigués d'entendre des coups frappés dans un placard nous nous sommes résignés à dormir lampes allumées. Pour finir donc, un lundi matin, au rapport de retour de permission, le lieutenant de batterie s'est avancé vers moi et m'a dit: "Maintenant, vous arrêtez vos co***ries.Vous irez voir l'officier de permanence". Pendant le week-end, cet officier avait entendu claquer des portes verrouillées, et avait vu s'allumer les néons d'un seul couloir (celui qui longeait les portes de nos chambres en l'occurrence: en principe une pression sur l'interrupteur allumait les lampes des quatre couloirs de l'étage).
Par la suite, je me suis retrouvé de garde ou de permanence plus souvent qu'à mon tour...
Évidemment les premiers essais, du point de vue formel, étaient calqués sur ce que nous avions vu sur le petit écran, ou dans les salles obscures: mains à plat sur la table, grande concentration (...), etc. Par la suite, ces séances tenaient plus de la discussion à bâtons rompus que du cérémonial; jusqu'à solliciter notre "interlocuteur" de bien vouloir se représenter après une pause cigarette, ce qu'il faisait quasi-instantanément (sa présence était d'ailleurs perceptible avant toute manifestation "visible").
Notez que j'ai eu en tête cette question concernant les noms de Satan/Lucifer, qu'on m'a appris à appréhender comme étant le même personnage. Bien que l'ambiance était nettement "différente" selon que se présente l'un ou l'autre (la sociabilité du second étant préférable au caractère chaotique du premier). Après tout, je serais bien incapable de dire à quoi nous avions précisément affaire: étiquetter ces faits selon des schémas préétablis ( pourquoi réduire cela au discours religieux, au discours judéo-chrétien, ou je ne sais quoi) n'est probablement pas la meilleure façon de comprendre. Et je ne suis pas certain d'être capable de penser autrement, hors ces schémas.
Cordialement.
