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 Sujet du message: Un cas de stigmatisation: Louise Lateau
MessagePosté: Lun Juillet 02, 2007 15:51 
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Le cas de Louise Lateau est le mieux étudié à ce jour. Les documents scientifiques de premières mains abondent sur cette mystique qui fut examinée à fond et à maintes reprises, et suivie jusqu'a sa mort par un grand nombre de savant ayant exactement toutes les compétences requises: les docteurs Lefebvre, professeur de pathologie, Hairion, chargé de la clinique des dermatoses, Van Kempen, professeur d'anatomie générale, tous trois de la Faculté de médecine de Louvain, Warlomont, de l’Académie royale de médecine de Belgique, Crocq, professeur à la Faculté de médecine de Bruxelles, plus tard recteur de l’University College de Dublin, Verriest de Leipzig etc…

Je me bornerai à recopier les documents les plus importants et résumerai le reste. Louise Lateau naît en 1850 dans une famille de paysans très pauvres du village de Bois d’Haine, dans le Haineaut, en Belgique. Les témoins de son enfance la décrivent comme une fillette aimable, dure au travail, très pieuse. A l’âge de treize ans, elle est piétinée et blessée par une vache. A dix-sept ans, elle est atteinte d’une maladie indéterminée de la gorge et on la croit mourante, mais elle se rétablit soudain pendant une neuvaine à N.-D de la Salette. Puis elle rechute trois semaines après, crachant du sang, puis une nouvelle guérison qualifiée de miraculeuse.

Ces épisodes se renouvellent plusieurs fois, puis, en 1868, à dix-huit ans, elle commence d’avoir des extases pendant lesquelles elle parle à d’invisibles visiteurs. Le vendredi 24 avril 1868, la jeune fille remarque qu’elle perd du sang par le côté gauche de la poitrine. Le vendredi suivant, l’écoulement se produit au même endroit, ainsi qu’à la face dorsale des pieds. Elle en parle à son professeur qui l’engage à attendre et à ne rien dire. Le troisième vendredi (8 mai 1868), les mains se mettent à saigner aussi. Le curé de Bois d’Haine lui conseille de consulter un médecin. A partir de ce moment, tous les vendredis, les mêmes phénomènes se reproduisent. Le 25 septembre, enfin, le sang se met à suinter au front.

Le Dr Lefebvre est alerté. Il observe d’abord les stigmates tels qu’ils se présentent quand il sont fermés, c’est-à-dire du samedi au jeudi matin : sur la face dorsale de chaque main, on trouve une surface ovalaire d’environ deux centimètres et demi de longueur. D’une teinte un peu plus rosée que le reste des téguments, cette surface n’est le siège d’aucune espèce de suintement. Elle est un peu plus lisse que la peau environnante. A la face palmaire e chaque main, on reconnaît aussi une surface ovalaire légèrement rosée, correspondant, centre pour centre, à la surface stigmatique de la face dorsale. Sur le dos de chaque pied, l’empreinte a la forme d’un carré long, à angles arrondis; ce carré a environ trois centimètres de longueur. Enfin, on trouve à la plante des pieds comme à la plante des mains des petites surfaces d’un blanc rosée. Suivent les mensurations de toutes ces apparences, puis l’auteur décrit ce que l’on voit quand on examine la peau sous un grossissement de vingt fois : l’épiderme est complet, mince, sans aucune éraillure. A travers l’épiderme, on reconnaît le derme avec ses caractères ordinaires ; ainsi, à la plante des pieds, on voit des pailles disposées suivant des séries linéaires et parallèles et séparées par des sillons droits. Ces papilles, examinées à la loupe, paraissent légèrement atrophiées, aplaties, ce qui donne à la peau l’aspect lisse déjà signalé. Le front ne conserve pas d’empreintes permanentes, en dehors du vendredi, on ne peut pas reconnaître les points par lesquels le sang s’est échappé.

Lefebvre décrit alors les premières symptômes qui annoncent la prochaine éruption : « Ils apparaissent dans la journée du jeudi, ordinairement vers midi, sur chacune des surfaces rosées des mains et des pieds dont j’ai nommé la description, on voit une ampoule naître et s’élever peu à peu ; lorsqu’elle est arrivée à son plein développement, elle forme à la surface de la peau une saillie arrondie hémisphérique ; sa base a les mêmes dimensions que la surface rosée sur laquelle elle repose. Cette ampoule est constituée par l’épiderme détaché du derme et soulevé en demi sphère par la sérosité accumulée. Cette sérosité est limpide, transparente. Cependant, il n’est pas rare qu’elle prenne une teinte d’un rouge plus ou moins foncé à la paume et à la plante des pieds. Cette circonstance tient à ce que, dans ces régions, l’épiderme épais et résistant ne se déchire pas assez tôt : le sang sourdant avant sa rupture se mêle à la sérosité.

La zone de la peau qui entoure l’ampoule n’est le siège d’aucune turgescence ni d’aucune rubéfaction. L’écoulement du sang commence d’ordinaire dans la nuit de jeudi à vendredi, presque toujours entre minuit et une heure. Il ne se produit pas tous les stigmates à la fois ; il s’établit successivement et sans ordre déterminé. Le plus souvent, c’est par le côté que le saignement débute successivement et à différentes heures, les stigmates des mains, des pieds et du front se mettent à saigner à leur tour. Au reste, voici comment le phénomène se produit : l’ampoule crève et la sérosité qui l’emplissait s’échappe. L’ampoule se rompt de différentes manières : tantôt c’est une fente longitudinale, tantôt c’est une division cruciale, d’autres fois une rupture triangulaire. Dans ce dernier cas, la déchirure de l’ampoule rappelle la piqûre q’une sangsue. Ce n’est qu’une simple apparence : pour le prouver, il suffirait de constater qu’ aucune époque on ne trouve à la surface des mains ou des pieds ces cicatrices triangulaires blanchâtres et indélébiles qui succèdent toujours à la piqûre des sangsues ; mais une observation plus décisive encore, c’est que cette déchirure triangulaire n’entame que l’épiderme : en effet si on l’enlève en le frottant avec un linge l’épiderme ainsi déchiré, la petite plaie triangulaire ainsi disparaît et on trouve le derme parfaitement intact. Immédiatement après que l’ampoule s’est déchirée en vidant sa sérosité au-dehors, le sang commence à couler sur la surface de derme mis à nu.

Presque toujours le flux de sang détache et entraîne les lambeaux de l’épiderme qui formaient l’ampoule, de sorte que l’on voit à nu la surface saignante du derme. Quelques fois pourtant, et spécialement à la paume des mains et à la plante des pieds où l’épiderme est fort résistant, le sang s’accumule dans l’ampoule incomplètement déchirée et s’y prend en caillot. Suit la description de la plaie au côté : le saignement se produit au niveau de l’espace qui sépare la cinquième de la sixième côte, en-dehors et un peu au-dessus du sein gauche ; au premier examen que j’ai fait, le 30 août 1868, la surface saignante n’offrait aucune trace d’ampoule : l’épiderme n’était pas détaché du derme ; la couleur de la peau était naturelle. On voyait sourdre le sang de trois petits points à peine perceptibles à l’œil nu ; ces trois points étaient disposés en trépied, à un centimètre l’un de l’autre. Aux trois autres inspections que j’ai faites, il s’y était formé une ampoule comme aux pieds et aux mains. Voici maintenant le saignement de la tête : sous les cheveux qui sont imprégnés de sang et agglutinés entre eux, il est difficile d’étudier l’état de la peau ; mais il est naturellement fort aisé de l’examiner au front. On n’y observe aucune dénudation du derme, aucun changement de couleur de la peau. On voit sourdre le sang par douze ou quinze points disposés circulairement sur le front. Un bandeau large de deux travers de doigt, couronnant la tête en passant par le milieu du front à égale distance des sourcils et de la racine des cheveux, couvrirait toute la région saignante. Cette zone est légèrement turgescente, elle est le siège d’une sensation douloureuse que la pression augmente. Quand on examine les points saignants avec un verre grossissant, on reconnaît que le sang filtre à travers de petites éraillures de l’épiderme. La plupart de ces éraillures ont une forme triangulaire : on dirait d’une piqûre de sangsue, mais d’une sangsue presque microscopique car ces éraillures sont presque invisibles à l’œil nu. D’autres éraillures sont semi lunaires, d’autres encore tout à fait irrégulières ».


Lefebvre essaie de mesurer la quantité de sang émise au cours d’une crise en le recueillant sur des pièces de linge absorbant. Il note d’abord que cette quantité tend à baisser du jeudi au vendredi :

« Mais la 30 août 1868, par exemple, je reste certainement au dessous de la vérité en évaluant la quantité totale de sang perdu à 250 grammes. Les premiers témoins l’évaluent à environ un litre. J’ai examiné le caractère du sang. Quant à sa couleur, ce n’est ni la teinte rutilante du sang artériel ni la teinte violacé du sang des capillaires. Sa consistance est normale : il se prend en caillot sur le linge et sur les bords de la plaie d’où il s’écoule : quelque fois même il se coagule à mesure qu’il sort des capillaires et forme à la place de la plaie de petites stalagmites qu’on prendrait facilement pour des bougeons charnus. J’ai vu des médecins commettre cette erreur. Il suffisait pour la reconnaître d’examiner ces petites productions à la loupe et de laver la plaie : le lavage les entraînant, on voyait à nu la surface du derme.

Avec deux de mes collègues de la Faculté de médecine habitués aux recherches micrographiques, M. le Professeur Hairion, chargé à l’université du cours d’hygiène, de la clinique des dermatoses, de l’ophtalmologie etc., et M. Van Kempen, professeur d’anatomie générale et spéciale, nous avons examiné le sang au moment ou il sortait des stigmates. Nous avons constaté les phénomènes suivants : le plasma est incolore et parfaitement transparent ; il ne contient donc en dissolution aucune trace d’hématies. Les globules rouges ont leur forme discoïde parfaitement régulière ; leur bord dont lisses, unis, nullement dentelés ou framboises. Les globules blancs nous ont paru en proportion normale, un sur 300 ou 400 globules rouges.

Pour terminer cet exposé, il nous reste à dire que ces stigmates sont le siège de douleurs. L’extrême discrétion de Louise ne m’a pas permis de constater précisément l’intensité et les caractères de cette douleur, mais en étudiant, en dehors de l’extase, le jeu de sa physionomie, son attitude et ses mouvements, je me suis convaincu qu’elle devait souffrir vivement. L’écoulement de sang s’arrête, comme nous l’avons dit, à des heures assez variables. Le lendemain samedi, les stigmates sont secs, un peu luisants ; par-ci, par-là, on voit quelques écailles de sang séché qui se détachent bientôt. Il est inutile d’ajouter qu’il n’y a aucune trace de suppuration ».


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MessagePosté: Lun Juillet 02, 2007 19:34 
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On se demande si elle aurait aussi saigné des mains, si à l'époque elle avait su qu'en fait on crucifiait les gens en les clouant par les poignets....

_________________
Doth thou desire the power? My fist is the divine breath! Blossom, o fallen seed, and draw upon thy hidden powers! ...


Dernière édition par Grahf-the seeker of power le Lun Juillet 02, 2007 20:05, édité 1 fois.

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MessagePosté: Lun Juillet 02, 2007 19:51 
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Grahf-the seeker of power a écrit:
On se demande si elle aurait aussi saigné des mains, si à l'époque elle avait su qu'en fait on crucifiait les gens en les clouant par les poignets....


C'est justement ça qui est "drôle", les stigmatisés avaient leurs blessures dans la paumes des mains et de pieds comme le montre "l'imagerie religieuse", et comme par "miracle" quand certains scientifiques ont prouvé que c'était physiquement impossible que les crucifiés soit cloués à ces endroit, mais que les clous devaient plutôt se planter dans les poignets et les chevilles que les stigmates ont commencer à paraître... devinez ou?
Dans les poignets et les chevilles... coïncidences?

Maintenant les dernières études montreraient que les clous étaient vraisemblablement plantés comme le montrent les crucifix, les jambes étant fléchies la plante des pieds posée contre sur la croix pour supporter le poids du corps. (En fait on ne sait pas vraiment comment les romains faisaient pour crucifier.)

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Cthulhu fhtagn (;,;)



http://www.facebook.com/DJ.Bu.all.stylles


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MessagePosté: Lun Juillet 02, 2007 21:01 
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Inscription: Mar Mars 07, 2006 15:17
Messages: 5430
Localisation: Paris-Strasbourg
Précision: le processus de la crucifixion visait à faire mourir à petit feu le condamné. La mort était très longue et douloureuse (une journée voire plus en moyenne) et le condamné mourrait par asphyxie. Effectivement on sait que les clous ne pouvaient se trouver dans les paumes car la peau se déchire dans une telle position. Pour que le corps tienne sur la croix il fallait que les clous transpercent les poignées. Le condamné se trouve alors dans une position inconfortable et est obligé de s'appuyer sur ses jambes pour respirer: geste qui le fait horriblement souffir en raison du mouvement des poignées qui accompagne ce geste. A la fin, le condamné se fatigue et meurt par étouffement.

_________________
"Nous sommes tous nés comme des originaux, mais beaucoup d’entre nous meurent comme des photocopies" . Bienheureux Carlos Acutis


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MessagePosté: Mar Juillet 03, 2007 14:38 
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Inscription: Dim Juillet 10, 2005 14:02
Messages: 2708
Localisation: Annecy
la plupart du temps, les condamnés à la crucifixion n'étaient pas cloués, mais liés,ce qui suffit amplement à faire durer le supplice, les bras passant autours du Tau. (la forme classique de la croix est apparue dans les tableaux, très tardivement).
mais il est avèré que certains condamnés eurent la "faveur' d'être cloués en raison de leur importance.

_________________
Je ne sais pas si Dieu existe, mais si il existe, j'espère qu'il a une bonne excuse. (W.Allen)


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MessagePosté: Mar Juillet 03, 2007 15:02 
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Inscription: Mar Juillet 03, 2007 14:51
Messages: 2
Localisation: Lille
Bonjour tout le monde,

Effectivement, les études scientifiques montrent que les condamnés étaient cloués par les poignets.
Seulement, il arrivait aussi souvent que les condamnés soient cloués par les mains et leurs bras attachés à la croix par des cordes pour soutenir le poids du corps, et faire ainsi durer le supplice plus longtemps encore.


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