Bonsoir je suis nouvelle et contente de trouver enfin un forum un tant soit peu sérieux sur le paranormal.
On dit que les humains habitent les maisons, mais parfois je me demande si ce ne sont pas les maisons qui finissent par nous habiter....
Il y a sept ans, ma famille et moi avons déménagé de province pour venir vivre en région parisienne.
La maison que nous habitions en province n'était pas vraiment une maison, mais une sorte de pavillon ouvrier datant des années cinquante environ. Cette maison, la première fois où nous sommes allés la visiter, nous a immédiatement fait une bonne impression : on est sept dans notre famille (famille nombreuse, famille heureuse
) on habitait un tout petit appart', et enfin on allait vivre dans une jolie grande maison... Bref, on a appris de l'agent immobilier que la maison avait appartenue à la même famille pendant trente ans. Un beau jour, le père décède d'un cancer, et la mère devenue veuve cède donc la maison, ses enfants étant partis depuis un temps...
On y a vécu heureux, très heureux...moi en particulier.
Il y avait, dans l'une des chambres, une peinture qui tenait sur le mur entier. C'était un des enfants du couple qui l'avait réalisée en 1985, en mars. Elle est plutôt jolie quand on la regarde au début...c'est une peinture à l'huile dans les tons violets qui représente un immense pierrot allongé sur une lune, dans un ciel violet sombre. Quand on la regarde plus longtemps, la peinture fait froid dans le dos. Ce pierrot a ce je-ne-sais-quoi de froid, presque cruel dans son regard fixe qui semble vous suivre dans toute la pièce...
Un de mes deux frères s'est vu assigner cette chambre. Il était déjà grand (quinze ans je crois). La première fois qu'il y a dormi, il a dit à mes parents qu'il haïssait cette chambre, qu'il y avait quelque chose de gênant dedans, qu'il ne voulait plus y dormir. Mes parents n'ont pas voulu l'écouter...ils lui ont expliqué qu'il était grand blablabla...le soir mon frère me propose de faire l'échange. Il me dit :
"si ma chambre te plaît, tu me dis demain et on échange ok ?"
Moi j'avais douze ans, je lui dit d'acc' car cette chambre je la trouvais jolie, et la peinture sur le mur me plaisait...
Le soir je dors donc dans sa chambre.
Au début tout va bien... puis je commence à regarder avec un orgueil naïf le Pierrot, "mon" pierrot, je suis contente, il sera à moi...
Puis je ne sais pas exactement, on dirait que le Pierrot me fixe...il me fixe...il me fixe...un regard froid, vivant dans la pénombre...je remonte la couette sur ma tête, et tremblante, je ne peux trouver le sommeil...
Je ne sais plus ce qui s'est passé ensuite, c'était il y a trop longtemps...je me souviens seulement cet instant avec précision, où Pierrot le Magnifique est devenu Pierrot le Lugubre..
Par la suite, mon frère reste dans cette chambre.
C'est une année pleine de succès pour chacun de nous. Mais inexplicablement, j'ai ce sentiment de malaise diffus, comme si je sentais que quelque chose d'horrible allait arriver à un membre de ma famille....
Cinq mois après, mon frère tombe malade...une maladie des yeux. Maladie inconnue, incurable. Déficient visuel grave. La famille entière s'effondre. Un coup dur pour lui, brillant élève, qui se destinait aux sciences... Mes parents doivent le placer dans un centre sépcialisé à Paris, mais les aller-retours paris-provinçe l'épuisent. Mes parents décident de faire le grand nettoyage de leur vie, et de partir à Paris. D'ici un an, ils espèrent trouver un logement. Après tout, Paris est une opportunité...
Deux ans auparavant, ma mère se retrouve seule pendant un moment dans la maison, car nous sommes tous absents pour une raison ou une autre. Quand nous rentrons, nous la trouvons en larmes. Elle fait sa première attaque panique, et doit être hospitalisée.
Peu de temps après, je fête mon premier anniversaire dans cette maison : le soir même, ma grand-mère, qui habite à Alger, décède.
Un jour, mon grand frère et moi sommes seuls dans la maison. Je vous plante le décor vite fait : Il ya le couloir d'entrée, long et pas très large, qui va directement vers la salle-à-manger, avec un escalier à gauche de la porte de la SAM.
Il me dit, à un moment : "Vas appeler A (A est mon petit frère), il est dans le couloir. Je lui dit : Mais, enfin, non, il est pas, là ! Papa et Maman l'ont emmenés aux courses avec eux."
"Ah bon ? Ben c'est qui qui est assis dans les escaliers ?"
Je me retourne (il faut savoir que mon frère à une vue un peu basse, mais pas trop non plus...presbitie je crois).
Je lui dis : "personne !"
Là, il se lève, et ne me crois pas. Il croit que je lui fait une farçe, cherche partout. "J'ai vu un gamin", jure-t-il, "ça peut être que lui ! Il est où ??! je suis pas fou quand-même !!"
Il ne me croie que quand mes parents rentre avec mon petit-frère, et lui assurent qu'ils l'on gardé avec eux tout le temps.
Un soir, mes deux grands frères, mon petit frère (quatre ans) ma soeur et moi sommes dans la chambre de M, mon plus grand frère, on joue à Secret of Mana (super RPG
). Maman est en bas, elle regarde la télé en tricotant (ou fait du chocolat si on en croit la comptine débile). Papa, ouvrier, doit se lever à quatre heure et dors déjà à poings fermés. Il a la "chambre du fond", la seule à être tout au fond de l'étage, là où on entend presque aucun bruit.
Et là, fait inhabituel, il se lève, vient nous voir. On croit qu'on a mis le son trop fort et nous nous excusons par anticipation. Mais il reste là, bouche bée, à fixer mon petit frère, dans les bras du plus grand, qui le surveille.
"Pourquoi est-il venu me revéiller ?"
"Quoi ?"
Il fixe le petit frère.
"Il est venu là, tout de suite, dans ma chambre...il est venu me réveiller et..."
"Il n'a pas bougé d'ici", affirme chacun de nous en regardant mon petit frère, sage comme un caillou.
Mais si, affirme mon père, un gamin, yen a qu'un ici, il est entré dans ma chambre là, tout de suite, et il a dit....
On le résonne : Papa, tu as du faire un mauvais rêve, c'est tout ... il est avec nous, tout va bien.
"Non, j'étais éveillé..."
Bref, il ne nous croit pas, mais va tout de même se rendormir quand ma mère le raisonne.
Un soir, la voisine et ses filles, qui sont amies avec maman et moi, viennent dormir chez nous. C'est soirée entre fille, les hommes ne sont pas là.
N, l'aînée de la voisine, va chercher à boire en bas dans la cuisine et remonte en courant. Elle dit avoir vu un homme avec une casquette rouge dans le garage (le garage est adjacent à la cuisine, on peut y entrer par une porte).
On lui dit qu'elle a dû rêver, il n'y a personne, les portes et fenêtres sont vérouillées...par sécurité, ma mère verrouille la porte de la chambre où nous sommes réunies, et son amie appelle son mari, pensant à un cambrioleur. Le mari rapplique avec les frères, on leur envoit les clés de la porte par la fenêtre...ils inspectent tous les recoins de la maison : rien.
Deux nuits plus tard, on est invité à notre tour. Ma soeur affirme avoir vu un homme avec une casquette rouge, mais sur le coup elle pense à un des fils de la voisine, qui en porte souvent. Elle le dit à ma voisine, qui nous dit que ce fils là est absent. Rebelote : inspection, rien.
Dans la maison, il ya avait un grenier, condamné. Et une cave. Deux ans après notre emménagement, mon père et mon oncle, en visite, décide d'inspecter celle-ci, où l'on a encore jamais mis les pieds, pour trouver l'éventuel nid que des souris y aurait fait (car on a des souris, fait nouveau...).
Une demi-heure après, ils remontent, perplexes : ils ont trouvé en bas une pièce sale et mal éclairée (normal), avec une porte condamnée. Après l'avoir forçée, ils découvre une pièce minuscule, avec un lit en fer forgé rouillé, une table et une sorte de gamelle au sol. Il ya des souris sous le lit. Et...un énorme trou au mur, qui communique avec la cave des voisins. Ceux-ci disent n'avoir jamais tenté d'ouvrir la vieille porte condamnée de leur propre cave, n'en éprouvant aucun besoins.
Un jour, ma mère se fait un brushing à l'étage. Il n'y a que moi et ma soeur. Ma mère est à l'étage, dans le couloir où un miroir en pied bien éclairé lui permet de faire sa coiffure à la perfection.
Elle nous appelle, brusquement, l'air paniqué.
On monte. Elle nous dit : "Vous vous êtes fait mal ?"
On se regarde perplexes. Quoi ??
Elle nous dit qu'elle avait fini de poser ses bigoudis depuis cinq minutes, quand elle a entendu une espèce de cri, comme de douleur. On se regarde, ma soeur et moi, les yeux ronds : non, rien. On ne chahutait pas, on discutait et elle nous a interrompu.
"C'est pas drôle ! dit-elle. Si c'est vous, dites-le moi...sinon ça veut dire qu'il y a quelque chose de mauvais ici !!"
Ma mère a l'air très en colère. Pas paniquée ou effrayée, en colère, juste...
On lui assure qu'on a rien fait. Elle dit, comme pour elle-même "On dirait quelqu'un qui souffre...beaucoup."
Un jour, je suis dans ma chambre, seule. Tout à coup, j'entends de légers bruits de sous mon lit...petits coups répétés, comme quelqu'un qui tambourinerait des doigts mais sur le carrelage...je regarde sous mon lit, croyant à une farce : rien. Dessous, c'est nickel, rien. Le son s'interrompe. Puis reprends. Je le réentendrai souvent par la suite dans différentes pièces de la maison, à des moment aussi divers que possible...sans explication....il y en a sûrement une, mais moi je ne la connais pas encore à l'heure actuelle d'ailleurs ça m'énerve).
Quatre ans après qu'on ai emménagé, la YYYY, organisme de gestion immobilier dans la région, rénove, selon sa tradition, entièrement les maisons et appartements loués.
Il y a, dans le couloir de l'entrée, qui est donc tout en longueur comme je vous l'ai dit, deux placards, à même le mur. Le premier est un simple placard à deux portes, sans rien de spécial (si ce n'est, comme nous l'a dit l'agent immobilier, que les enfants des précédents locataires y étaient enfermés lorsqu'ils étaient punis...j'hallucine, le placard est minuscule et ils y étaient enfermés pendant plusieurs heures...)
L'autre a des étagères, plusieurs, pour ranger et stocker objets ou conserves...
Lorsque les ouvriers de la YYYY viennent refaire l'électricité, ils doivent enlever des fils qui se situent au plafond, juste au-dessus des placards. Alors là, on fait une découverte : d'abord, notre deuxième placard à étagère avait une étagère dissimulée tout en haut (on croyait que c'était le "plafond" du placard, mais en fait il s'avère que c'est une étagère collée à celui-ci). Les ouvriers l'arrachent, et, ô surprise...une avalanche...de scalpels ! Ils sont tous dans des boîtes stérilisées, sauf un...ou il ya du sang sur la lame. C'est moi qui hérite de la corvée peu ragoûtante de tous les jeter...j'aurais préféré éviter y toucher, surtout celui où il ya du sang...Tous les adultes se perdent en conjectures sur ce que peuvent bien faire une centaine de scalpels inutilisés plus un dans un endroit pareille...
Un an avant qu'on déménage...un soir, je suis seule dans ma chambre. Je suis pas une fille qui aime se regarder dans un miroir à l'époque, je fais pas trop attention à mon style, mon poids, tout ça...
Je suis seule dans la maison. Je mange un paquet de chips, et là, je sens comme un froid qui commençe à me pénétrer. Je me couvre. Je me relève, je touche mes hanches...je trouve que ce serait bien si ce paquet de chips finissait pas direct dessus...je vais aux toilettes et je me fais vomir. Je sais ni comment au juste l'idée m'est venue, ni pourquoi. Plusieurs mois après j'entends parler de boulimie, c'est une maladie, etc...trop tard, la spirale infernale que j'ai enclenchée, je la subie encorr au moment où je tape ces lignes...
Enfin, voilà pêle-mêle un tas d'anecdotes sur cette maison pleine de promesses où nous avons emménagé un Onze Juillet, au Onze rue de T.
Il ya eu aussi de très très bons moments, gâchés par ces petits évènements qu'on ne s'explique...
Enfin, sept ans après y avoir emménagé, nous déménageons pour la Région Parisienne.
Les premiers jours, je pleure aux toilettes. Moi je ne voulais pas partir, c'était trop tôt, le moment était mal choisi (trois semaines avant le brevet), je n'aime pas cet appart minuscule de cette citée pourrie pleine de cafards où nous atterissons. Les premiers jours, donc, je pleure en cachette.
Une nuit, je rêve de "la" maison. La mienne, chez moi.
Je suis ravie...on a pas déménagé...tout n'était qu'un rêve, me voilà dans ma chambre... Je me réveille dans ma nouvelle chambre. Ô joie, une bestiole se balade vers mon lit. Quel bohneur, Paris, quand même.
Puis, nuit après nuit, je rêve de l'endroit...je me balade dans les pièces. Elles sont tantôt meublées bizarrement, tantôt entièrement vides et froides...
Petit à petit, je n'éprouve plus le même plaisir à rêver secrètement de l'endroit. Il se transforme : les murs se lézardent, les pièces changent d'ordre, les portes donnent sur des endroits aussi sombres et effrayants qu'imvraissemblables. Cela se transforme bientôt systématiquement en cauchemard.
Une nuit, je me balade dans la maison à nouveau. avec appréhension, je constate que tout est en ordre...les meubles sont certes bizarres, je ne les ai jamais vus, mais voilà ils sont normaux... je monte, je veux voir ma chambre...
Là j e vois un grand lit d'adulte. Tout à coup, j'entends un cri perçant retentir derrière moi. Je me retourne, volte-façe : une femme, vieille, avec une couverture pliée dans les mains, me regarde, le visage livide. Elle crie, elle dit avoir vu un "fantôme"...paniquée, je m'élançe au dehors...Je me mets à courrir dans tout G-C, ma ville natale...mais ce n'est plus G-C...les routes sont sombres, les gens bizarres, j'ai peur, enfin, je parviens à m'extraire du cauchemard en m'éveillant.
Désormais c'est dvenu mon calvaire de toutes les nuits. Aussi, je veille à ne pas dormir trop, surtout les W-e où c'est tentant, pour ne pas rêver. J'ai trop peur de me retrouver "là-bas"...les cauchemars sont désagréables.
Récemment, j'ai à nouveau rêvé de l'endroit. Là, nous étions tous réunis dans une drôle de chambre. On était assis sur un grand lit. Mon père m'en voie chercher quelque chose. Je réalise alors que la chambre est installée dans le garage, devenu plus grand. La buanderie adjacente est installée en chambre elle aussi., et il y en a d'autre beaucoup d'autres...je m'enfonçe dans ce labyrinthe, les voix de ma famille s'éteignent, c'est le silence, la pénombre...
Ouf, je m'éveille.
Bref, j'ai l'impression bizarre que cette maison me hante désormais, qu'elle ne me laisse plus tranquille. J'en ais ras-le-bol, c'est pas cool de sa part
Vilà mon témoignage à moi...