En voilà un drôle d'animal d’environ 1 mm, mais qui est-il?
Je vous laisse le découvrir.
Le tardigrade : un paradoxe de l'évolution
Découvert au XVII iéme siècle, ce petit animal continue encore aujourd'hui de surprendre par ses caractéristiques de résistance exceptionnelles.
Le tardigrade est un petit animal ubiquitaire ne dépassant pas les 2 mm, qui représente un embranchement à lui seul tant sa classification pose des problèmes aux biologistes, il serait actuellement raproché à l'embranchement des arthropodes.On en connait actuellement plusieurs espèces.
C'est une espèce dulçaquicole dont les diverses études ont montrés des résultats stupéfiants qui nous permettent de lui octroyé à ce jour le titre très disputé du superchampion de la résistance animale. En effet, dans des conditions très défavorables, il est capable de se vider de son eau, de se momifier en quelque sorte, et passant en cryptobiose. Dans un état d'anhydrobiose presque absolu, suspend quasi totalement son métabolisme au point que les instruments les plus puissants dont nous disposons actuellement, ne peuvent en déceler la moindre traces.
Le tardigrade en cryptobiose prend une forme de tonnelet très compact (presque opaque au microscope) ce qui lui permet de diminuer sa surface d'évaporation et ainsi de limiter les pertes en eau qui pourraient être fatales aux organites très sensible à la dessiccation. L'animal produit alors un sucre qui prend lieu et place de l'eau de son corps ce qui permet de limiter l'altération des membranes suffisamment pour qu'elle puissent être réparées lors de la réhydratation. Ce phénomène existe aussi chez un crapaud et un écureuil des neiges, qui produisent une sorte de glycérol qui remplace leur eau et qui joue le rôle d'antigel. On sait en effet que ce sont les cristaux de glace qui se forment lors de la congélation qui endommagent les membranes cellulaires, condamnant la cellule.
Le composé qui prend lieu et place de l'eau ne forme pas de cristaux et permet à la cellule de survivre à la congélation Seuls les rotifères, les nématodes (qui s'enkystent), quelques insectes et crustacés sont capable à l'instar du tardigrade d'entrer en cryptobiose. Le tardigrade peut maintenir cet état quiescent pendant des siècles voire des millénaires, avant que les conditions ne redeviennent favorable et qu'il ne recouvre miraculeusement la vie. Des spécimens de tardigrade ont été découverts dans une calotte glaciaire dont l'age a été estimée à plus de 2000 ans et sont revenus à la vie.Cette forme de résistance lui permet non seulement de suspendre le cours du temps mais aussi de survivre aux agressions des températures extrêmes et de nombreuses agressions chimiques.
Il peut en effet supporter des amplitudes thermiques énormes, des expositions à -272,9 °C pendant 20 heures, ou dans l'air liquéfié à -190 °C pendant 25 mois, ou au contraire à des températures supérieures à plus de 150° c ils survivent sans problème dans le vide absolu, ou, à l'inverse, à une pression hydrostatique de 600 mégapascals, soit 6 fois la pression exercée au fond de l'océan à -10 000 mètres de profondeur, alors que, normalement, dès 30 mégapascals, soit 300 fois la pression atmosphérique, les membranes cellulaires, les protéines et l'ADN subissent des dommages irréversibles). Ils resistent également à des rayonnements ionisants extrêmement durs (ultraviolets,....) mais aussi à des bombardements aux rayons X ainsi qu'à des substances chimiques toxiques et des poisons qui auraient immanquablement la plupart des organisme de sa taille. De plus, dans ce domaine le tardigrade est loin d'avoir livré tous ses secrets.
Comme nous l'avons vu, le tardigrade est un animal suréquipé pour résister à tout, il est même suradapté.
Certains animaux sont connus pour vivre dans des milieux extrêmes, comme les riftias ou les bactéries thermophiles par exemple, qui vivent au proche voisinage des sources hydrothermales, sous des températures et des pressions énormes.
Les vers de glace quant à eux, peuvent résister à des froids extrêmes et une portion très faible d'oxygène. Ces animaux sont parvenus à s'adapter à ces milieux extrêmes que par un procédé évolutif très long et très sensible. Cette adaptation est si fine et si élaborée, que les organismes qui en bénéficie sont très sensibles aux variations même faible de son milieu. Ils sont généralement adaptés très efficacement aux conditions de leur milieu mais pas du tout aux conditions à l'extrême opposé.
Le froid, le chaud, le manque ou l'absence d'o2, la présence de co2, le manque d'eau, de substances nutritives, la présence de substances toxiques, toutes ces conditions défavorable à la vie, ont engendrer des organismes qui sont parvenus à s'adapter spécifiquement à ces dernières. Cependant l'adaptation spécifique, bien que très efficace et forcement bien élaborée, ne peuvent permettre aux organismes qui l'on développée, de supporter des conditions de vie différentes de celles de leur biotope respectif, du fait même de la spécificité de leur adaptation. Cela rejoint le concept darwinien selon lequel les niches écologiques les plus développées et les mieux adaptées sont aussi les plus fragiles. L'adaptation spécifique est soumises aux éternels compromis de la vie, d'une certaine manière elle est très efficace et d'une autre elle est très restreinte pour les mêmes raisons. Le compromis semble être un grand dogme de la vie, qui fait que chaque avantage octroyé est associé un inconvénient.
Le tardigrade quant à lui semble se soustraire de ces inévitables compromis. Les conditions extrêmes que nous avons évoquées précédemment paraissent très défavorable à la vie, mais aucune ne semble incompatible avec la survie du tardigrade.
Le tardigrade est capable de résister à des conditions que l'on ne rencontre même pas sur terre, où finalement elles semblent clémentes à l'échelle de celles que l'on rencontre ailleurs dans l'univers. La nature ne faisant jamais rien au hasard, on peut alors se demander à quoi lui sert d'être si résistant, puisque sur terre il est véritablement suréquipé. Comment la sélection naturelle a t'elle pu agir sur les caractéristiques du tardigrade pour lui permettre de conserver des attributs qu'elle n'a pas pu tester?
La sélection naturelle par son action sélective tend à conserver toutes les variations qui apparaissent utiles à l'animal, mais pour que son action soit efficace, faut-il encore que ces variations puissent être testées par les conditions d'un milieu et qu'elles présentent un avantage quelconque. La tardigrade est résistant à des conditions que l'on ne peut pas rencontrer sur terre, donc soit la sélection naturelle, lui a fait conserver ces caractéristiques extrêmes sans pouvoir les sélectionner réellement, en supposant qu'une suradaptation ne puisse pas être défavorable à l'animal. Soit la sélection naturelle n'a conserver que certaines de ses caractéristiques qui lui sont indispensables, et ces super-résistances n'auraient été conservées que par hasard.
On peut également penser que le tardigrade aurait subit une sélection naturelle ailleurs que sur terre où des conditions extrêmes auxquelles il est résistant se rencontrent.
Cette réalité a incités certains biologistes à avancer l'hypothèse selon laquelle la provenance du tardigrade pourrait être extérieure au globe terrestre. L'hypothèse de l'origine extra-terrestre du tardigrade. Quoi qu'il en soit et quelle que soit son origine , le tardigrade reste tout de même un animal surdoué de l'adaptation, un organisme exceptionnel qui a encore beaucoup de secrets à nous livrer et dont nous ne possédons à l'heure actuelle que très peu d'informations en comparaison à l'intérêt qu'il peut susciter au sein de la communauté scientifique. Il montre à lui seul le pouvoir infini de la nature à concevoir des êtres vivants extraordinaires d'ingéniosité, de diversité, et d'adaptabilité à toutes les conditions que les lois de la physique et de la chimie ont imposés dans l'univers.
Anatomie du tardigrade
Le tardigrade présente quatre paires de moignons terminées par des griffes (ce qui lui a valu son nom de tardigrade), un corps incolore ou légèrement pigmenté ne masquant rien de son anatomie interne malgré sa carapace chitineuse, deux petites taches oculaires sur ce qui lui tient lieu de tête. Les tardigrades ne possèdent ni antennes, ni pièces buccales, ni organes respiratoires; leur corps, à symétrie bilatérale, vaguement annelé, en cinq segments, est doté de quatre paires de pattes, le plus souvent terminées par des griffes et de nombreux appendices (papilles, cirres, expansions filamenteuses, etc.) à fonction probablement sensorielle. Le système nerveux métamérisé comprend un cerveau plurilobé, des ganglions et des chaÎnes ganglionnaires. L'appareil circulatoire est absent et la respiration s'effectue par des échanges gazeux ou fluides à travers la paroi de la cuticule qui recouvre le corps (respiration cutanée) . Le tube digestif rectiligne comporte une bouche qui permet la fixation de l'animal sur un substrat ; cette bouche est le plus souvent équipée de deux styles calcaires qui lui servent à perforer les cellules des végétaux ou des micro-organismes (nématodes, rotifères, collemboles ou autres tardigrades) dont il se nourrit. Les sexes sont différenciés mais la reproduction, ovipare, peut indifféremment être sexuée ou asexuée.
Hypothèses sur l'origine du tardigrade
Suradapté à resister à toutes les conditions, le tardigrade possède toutes les caractéristiques pour survivre à un voyage spatial même très long, par le biais d'un météorite par exemple. Il possède également les caractéristiques qui lui permettraientt de résister à l'atterrissage peu délicat, du météorite sur l'écorce terrestre. Supposons que la surface d'une planète soit percutée par un astéroïde, qui par le choc inhérent à son contact, fragmente cette surface en petits morceaux dont certains envoyés dans le cosmos se transforment à leur tour en météorite, ou bien par le biais de tout autre processus qui ferait devenir une partie de l'écorce de cette planète, un météorite. Supposons aussi que cette partie de la couche superficielle qui est devenue un météorite, contienne également des tardigrade en cryptobiose. S'ils résistent aux contraintes mécaniques, physiques et thermiques subies lors de ce choc, il pourraient " aisément " résister au manque d'oxygène, au vide absolu et au froid de l'espace pendant une longue période.
Si ces tardigrades sont présents dans une couche qui n'est pas tout à fait superficielle, mais un peu plus en profondeur du météorite, ils pourraient ainsi résister à la chaleur intense, et à l'altération de la couche superficielle du météorite qui découlent de son passage à grande vitesse dans l'atmosphère terrestre et aux frictions et frottements de l'air contre le météorite. Il suffit ensuite que le météorite tombe dans une région favorable à sa réminiscence, ou de l'érosion et autres phénomènes pourrait altérer la surface du météorite jusqu'à parvenir à l'endroit où il se trouvent, les libérant ainsi de leur prison minérale. Si les conditions sont suffisamment clémente le tardigrade pourra surgir de sa longue léthargie et revenir miraculeusement à la vie. Cette théorie est tout à fait plausible et n'a rien de fantastique ou de surnaturelle. Elle rejoint celle des nanobactéries en particulier qui pourraient également avoir une origine extra-terrestre et dont les particularité de structure sont aussi étonnantes. Elle rejoint également l'hypothèse selon laquelle les premières matières organiques apparues sur terre seraient en provenance de l'espace, sachant qu'a l'heure actuelle il n'a pas été clairement démontré, et loin s'en faut, la façon dont elles ont été élaborées originellement et comment elles l'ont été malgré les travaux très intéressants des scientifiques qui se sont penchés sur la question comme Stanley Miller ou Sydney Fox par exemple.
Quoi qu'il en soit, le tardigrade comme tout être vivant à besoin d'eau pour vivre ou du moins sortir de son état cryptobiotique, donc il vient de toutes façons d'un endroit où l'or transparent de la biologie est présent ou a été présent. Le tardigrade serait-il l'ancêtre commun de toutes les espèces actuelles ?
Il serait presque " arrangeant " que cela soit le cas, car cela nous permettrait d'expliquer en partie une des plus grandes questions de l'humanité : Comment sont apparues les premières cellules vivantes sur terre? Le tardigrade étant un organisme eucaryote, la biodiversité qui découlerait de son évolution pourrait être d'autant plus importantes. Il se peut également que les protistes découlent tous de l'arrivée de bactéries, nanobactéries, ou cellules procaryotes en provenance de l'espace et que les eucaryotes découlent de l'arrivée sur terre d'un animal tel que le tardigrade. En poussant cette hypothèse à l'extrême, on pourrait imaginer qu'ils auraient fait le voyage ensemble et que leur évolution respectives soient dues à une symbiose par exemple. Pour vérifier ou infirmer cette hypothèse, il faudrait connaÎtre ou estimer l'époque d'apparition du tardigrade sur terre, et à ce sujet les données manquent. Il faudrait également étudier le caryotype et le génotype du tardigrade pour évaluer son lien de parenté et des analogies avec d'autres espèces. Or, il semblerait que sa taxonomie déjà, pose de sérieux problèmes aux biologistes qui ne savent pas trop à quel embranchement l'associé, ce qui pourrait confirmer le coté mystérieux de son origine. Toutes ces données qui nous permettraient de pousser cette hypothèse plus loin nous font malheureusement défaut. La spécificité cryptobiotique du tardigrade, par contre, pourrait nous aider à expliquer plus facilement la raison pour laquelle une partie des tardigrades n'a pas ou peu évoluée. En effet, le fait que certain individus puissent subsister pendant de longues périodes avec un taux métabolique très faible, ne joue pas en la faveur de leur évolution et de leur éventuelle mutations. Son habitat étant tellement ubiquitaire qu'il est possible que certains environnements favorisent son évolution alors que d'autres peuvent, au contraire, le suspendre en le faisant entrer en cryptobiose.
Nous ne savons pas encore à l'heure actuelle qu'elle est la provenance véritable du tardigrade, un jour sûrement, les moyens techniques et intellectuels nous permettrons de percer ce mystère, en attendant, on ne peut que supposer et réfléchir à ce mystère dont la nature a le secret, et toutes les théories doivent être entendues et respectées jusqu'a ce que nous obtenions certaines convictions par la faiblesse de certaines et par le caractère plausible d'autres.
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Le tardigrade : un paradoxe de l'évolution