Manon a écrit:
J'ai récemment vu une émission très intéressante sur un anthropologue qui avait retrouvé à Venise lors de fouilles archéologiques dans ce qui semblait être une fosse commune un crâne avec une pierre enfoncée dans la bouche. C'était un rituel pour éviter que les avérés vampires ne se réveillent une fois la tête coupée.
Nous en avions parlé ici.Manon a écrit:
D'abord, il découvrit que c'était une femme, ayant vécu à l'époque de la peste comme tous les autres squelettes retrouvés dans la fosse commune. Cette femme était en fait très vieille pour l'époque; elle avait entre 60 et 70 ans.
Hum, je ne me souviens pas de ce détail... et ça me surprendrait un peu que la femme ait été aussi vieille,
son crâne n'évoque pas du tout celui d'une personne âgée (mâchoire inférieure en bon état avec toutes ses dents, notamment, et l'absence de déformation des orbites).
Manon a écrit:
Les gens devaient donc penser qu'elle était "sorcière" ou plutôt "vampire"; pas beaucoup de différence alors à cette époque et dans l'esprit de ces gens.
Si. La différence entre ces deux créatures étaient très nette dans les croyances populaires : la sorcière était une personne pratiquant un commerce quelconque avec le diable pour en tirer un avantage, tandis que le vampire était un « revenant en corps » (un mort-vivant, si vous préférez).
En revanche, la frontière était souvent très floue entre le vampire, le loup-garou et le fantôme. On a même certaines créatures folkloriques qui sont un peu tout ça à la fois (comme le
kallikantzaros ou le vrykolakos grec).
Manon a écrit:
Un livre fut donc écrit pour expliquer comment "tuer" définitivement ces "morts-vivants"; entre autres, leur enfoncer une pierre dans la bouche.
En fait, un grand nombre d'ouvrage ont été publiés dans l'ancien temps sur les vampires et les méthodes les plus appropriés pour les détruire... La plus grande partie d'entre eux datent du XVII-XVIIIème siècle, comme ceux de Dom Calmet (
Traité sur les apparitions des anges, des démons et des esprits et sur les revenants, et vampires de Hongrie, de Bohème, de Moravie et de Silésie) ou de Michael Ranft (
De masticatione mortuorum in tumulis).
La femme vampire a été enterrée en 1576, durant la grande épidémie de peste à Venise. Ça correspond au tout début de la mode des vampires de la Renaissance, et aux premiers procès de vampirisme (celui de
Johannes Cuntius, notamment).
J'en profite pour nuancer quelques petites choses :
- les vampires des croyances traditionnelles européennes sont bien différents des vampires actuels - et en toute rigueur, ils se rapprocheraient davantage des zombies ou des
jiang shi. Il ne se nourrissaient pas uniquement de sang, très loin de là, mais de n'importe quel fluide corporel (excréments compris...), de « l'énergie vitale » de leur victime, ils dévoraient les animaux domestiques et les autres cadavres du cimetière... L'association exclusive
vampire = sang est une invention des écrivains romantiques du XIXème siècle.
Voir
l'article sur les vampires de l'Encyclopédie du Paranormal.
- la brique dans la bouche n'était pas destinée à tuer le vampire, mais à l'empêcher de mâcher son linceul... La mastication du linceul et les mouvements dans le cercueil étant des signes caractéristiques qui, pensait-on, annonçaient la transformation du cadavre en vampire.
Voir
l'article sur les morts mâcheurs de l'Encyclopédie du Paranormal.