La question est très intéressante Nili et il est bien difficile d’y répondre, surtout avec nos connaissances actuelles et surtout en s’efforçant de rester clair et accessible. Le simple fait de parler « d’avant » et « d’après » l’instant premier qu’incarne le big-bang montre la limite de notre conception du temps. Mais essayons.
Qu’est-ce que « le temps » ? Pour être plus précis, il faut tenter de cerner, à notre échelle, ce concept. Les physiciens désignent le temps comme une dimension, (en plus des dimensions d’espace), mais pour nous, très concrètement, de quoi s’agit-il ?
Plutôt que parler de « temps » (qui implique le continuum passé-futur), on pourrait parler de « perception de l’écoulement du temps ». De notre fenêtre, le temps semble s’écouler puisque nous constatons, grâce à notre perception, l’existence des mouvements, des cycles, etc. Sommairement, nous percevons en réalité une
augmentation d’informations. Pour pouvoir percevoir l’écoulement du temps, il nous faut deux instants, deux états. L’Etat 1 (je lance une balle) correspond à une quantité d’informations. L’Etat 2 (la balle retombe) offre des informations supplémentaires par rapport au précédent, nouvelles informations que je constate. Bref, entre E1 et E2 se produit, pour nous, une accumulation d’informations (les physiciens parlent de diminution d’entropie, ou néguentropie). Finalement, nous percevons l’écoulement du temps seulement grâce à cet enrichissement, accroissement d’informations.
On comprend que si E1 ≈ E2 alors le temps nous semble « figé » (le temps paraît toujours s’écouler plus lentement lorsque l’on s’ennuie…). Au contraire, lorsqu’il existe un enrichissement très important d’informations entre E1 et E2 (une expérience intense par exemple), le temps semble s’écouler plus vite de notre point de vue.
On comprend également que finalement le temps ne peut être considéré comme un continuum puisqu’il faut nécessairement deux états pour distinguer cet écoulement, cet enrichissement d’information. Même en rapprochant autant que possible E1 de E2, nous ne pourrons jamais concevoir un instant (aussi fugace soit-il) comme un point sur l’axe temporel. Bien sûr, cet intervalle entre E1 et E2 peut tendre vers zéro, mais il ne pourra jamais être aussi infime que nous le souhaiterions. C’est pour cette raison que l’on parle de temps « discret », synonyme de « discontinu », comme sur les barreaux d’une échelle. Quelle « taille » cet intervalle peut-il avoir au plus petit ? Les physiciens parlent de « longueur de Planck », considérée comme longueur la plus minimale qu’il soit possible de distinguer…
Revenons à l’instant premier, « avant » l’inflation due au big-bang. Si toute la matière était concentrée en un unique point hypermassique, alors il n’existait « pas encore » d’Etat 2. Si nous étions présents, nous aurions alors l’impression que le temps ne semble pas s’écouler ! Et donc qu’il n’existerait pas… C’est pour cette raison que le « temps » paraît bel et bien être né avec l’Univers, les deux étant indissociables.
Cela dit, s’il n’existait pas de temps « physique » à cet instant, les physiciens utilisent le concept d’un « temps imaginaire pur » (où la vitesse de la lumière est infinie), un temps « orthogonal » au temps physique, comme nous avions commencé à en parler, peut-être un peu crûment, sur
ce post.
Ce sujet rejoint le thème du « paranormal » dans le sens où le temps imaginaire pur, temps perpendiculaire au nôtre, peut être considéré par certains comme l’explication à de nombreux phénomènes inexpliqués (précognition, « élasticité » du temps lors des NDE, etc.)