Arjen Anthonny Lucassen est ce qu'on peut appeler un démiurge, un réel créateur musical comme il en existe peu.

Ce grand hippie hollandais, issu de la New-Wave of British Heavy-Metal (l'époque des Black Sabbath, Motorhead, Iron Maiden...) a tenté un coup de poker en 1995 : enregistrer un concept-album sans groupe, en invitant uniquement des musiciens et chanteurs (euses) triés sur le volet : "The Final Experiment".

Ayreon tire son nom du personnage de ce premier album, le terme "concept" est parfaitement adapté : chaque chanson est une partie de l'histoire à la manière d'un opera-rock.

L'histoire : en 2084, la Terre succombe à une dernière guerre mondiale, l'ultime espoir de l'humanité est "The Final Experiment", consistant à envoyer un message télépathique à travers le temps et l'espace pour prévenir les Hommes de leur avenir.
C'est Ayreon, un ménestrel aveugle, qui le reçoit comme une vision. Il entre au service du roi Arthur, chargé de chanter pour les chevaliers et la douche Guenievre.
Mais sa mission est de transmettre le message, même s'il ne le comprend pas réellement ; avec ses prédictions, Merlin prend ombrage (jalousie !) et maudit Ayreon avec un sort d'oubli : personne ne doit se souvenir de l'existence du pseudo-devin aveugle.
Mais, se rendant compte de son erreur, il annonce que le nom d'Ayreon ne sera oublié que jusqu'à la fin du XXeme siècle.

La musique est essentiellement prog, teinté d'un arrière-plan un peu "écolo" aux couleurs médiévales. Les morceaux sont élaborés, les mélodies étudiées et les arrangements magnifiques. Les paroles sont écrites dans un style vieil anglais ("Sing ye, courtyard minstrel boy !" "O'dance thee 'round the table", "Let thyne eyes reveal the madness"...) et les musiciens proviennent tous de formations renommés (ne serait-ce que Fish, ex-Marillion).

Chaque album est basé sur ce concept : un album --> une histoire, et un nouvel ensemble.
Des musiciens tels Erik Norlander (Lana Lane), Fabio Lione (Rhapsody), Timo Kotipelto (ex-Stratovarius), Bruce Dickinson (Iron Maiden), Fish (ex-Marillion), Floor Jansen (After Forever) et sa soeur Irene, Sir Russel Allen (Symphony X) ou James Labrie (Dream Theater) ont fait partie de l'aventure.

Le site officiel retrace la carrière et les différents projets : http://www.ayreon.com/home/index.php

Ca a l'air pas mal du tout tout ça...

J'allais oublier d'évoquer Star One ! Qui explique et justifie la présence de cette présentation dans le topic Films et Livres.

L'influence d'Ayreon est essentiellement la Science-Fiction, la littérature d'Arthur C.Clarke est la première référence à laquelle on peut penser tant le mélange science "réelle" et SF sont présents dans les textes.

Star One est un autres projet d'A.A Lucassen, sur le même principe de membres invités. En revanche il n'y a pas de réel fil conducteur comme pour le projet Ayreon.
Cette fois, le genre est essentiellement Heavy-Metal et chaque chanson est inspirée d'un film (ou livre, s'il s'agit d'une adaptation) ou d'une série télévisée. Sur certains sites de fans, les amateurs jouent à retrouver le film correspondant, certains (pour les séries, surtout) n'ayant pas été diffusés partout.

Les "nouveaux fans" ont une chance assez exceptionnelle : la réédition de l'intégralité du projet "Ayreon". Lucassen étant un perfectionniste sonore, il a ré-échantilloné, remixé voire ré-enregistré les précédents albums pour arriver au rendu 5.1.
Pour éviter de tomber dans la simple ré-édition, "The Final Experiment" est disponible avec un cd-bonus : la version "semi-acoustique".

Ayreon...
Je l'ai eu entre les mains, et c'est vraiment excellent. L'histoire, les textes, la musique...Y a vraiment rien à jeter dedans! Merci Fred'x de mentionner ces CD qui passent trop souvent inaperçus!

C'est pour ça que je parle de "chance".
Je l'ai découvert par hasard, c'était les deux derniers albums qui restaient, au fond d'un bac à la Fnac et je me demandais ce que pouvait bien vouloir dire "Ayreon" (c'est un mot inventé) avec qui chantaient mes interprètes préférés.
Les autres albums étaient épuisés depuis longtemps, j'ai dû les télécharger et le miracle s'accomplit : un "peer" connaissait une boutique qui les avait tous (Gibert Joseph, à Paris). J'y suis allé, j'ai tout acheté. Maintenant la plupart sont réédités.

L'album que j'ai dévouvert (je ne l'ai acheté que quelques années plus tard, il était toujours là à m'attendre ) et j'ai découvert le double-album "Universal Migrator".

Le premier volet "The Dream Sequencer", raconte l'histoire du dernier être humain, colon martien ayant survécu à l'ultime expérience (tiens, un souvenir ?) qui a détruit la Terre.
Pour adoucir ses derniers instants, il utilise le "Dream Sequencer", une machine lui permettant de revivre divers évènements. C'est ainsi qu'il va revivre son enfance, attendant son père parti lutter, il revit les premiers pas d'Armstrong sur la Lune, il incarne un notable d'Amsterdam posant pour Rembrandt mais aussi un ménestrel aveugle nommé Ayreon ou encore un druide se changeant en pierre à Stonehedge.

Dans la machine, son corps meurt mais lui continue à vivre, transcendé.

Cette première partie est essentiellement teintée rock progressif mélodique, très ambiant (le solo d'ouverture est extraordinaire). Le deuxième volet est plus orienté métal :

Ayant délaissé son corps sans vie, l'âme du colon se retrouve peu de temps avant la naissance de l'Univers et il assiste à celle de la toute première âme, se divisant en entités partant à la recherche de formes de vie à habiter.
Dans cette quête, il traverse les âges et les astres en suivant "Universal Migrator", le migrateur universel qui finit par s'adresser à lui pour lui annoncer qu'il est le nouveau migrateur.