Les Américains ne retourneront pas sur la Lune d'ici à 2020
LE MONDE | 30.01.10 | 14h33 • Mis à jour le 30.01.10 | 14h34
Selon des fuites publiées dans plusieurs quotidiens américains, Barack Obama devrait proposer au Congrès, lundi 1er février, un budget pour la NASA, qui met fin au programme de reconquête humaine de la Lune, lancé en 2004 par son prédécesseur, George W. Bush. L'effort financier à mener a été jugé démesuré dans le contexte actuel.
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Baptisé Constellation, ce programme prévoyait un retour des astronautes américains avant 2020 sur le sol lunaire, où ils devaient établir une base. Il incluait notamment la construction d'une fusée, Arès 1, pour le transport des astronautes qui auraient pris place dans une nouvelle capsule, Orion, et d'un autre lanceur beaucoup plus lourd, Arès 5, pour le convoyage du matériel. L'idée était d'habituer de nouveau les Américains à s'aventurer au-delà de la basse orbite terrestre, qu'ils n'ont pas dépassée depuis la dernière mission Apollo en 1972. Avant de viser, dans un effort lointain et non budgété, la planète Mars.
Constellation a très vite connu des déboires. La guerre en Irak et la crise économique ont mis à mal son financement. Le programme est déjà en retard d'une douzaine de milliards de dollars sur un tableau de marche fondé sur un coût total - lui-même sous-évalué dès l'origine - de 104 milliards de dollars (74,6 milliards d'euros). A moins de déborder largement de l'enveloppe allouée, ces délais ne permettaient plus à la NASA de commencer la construction de la base lunaire avant 2030. Des estimations issues du rapport d'une commission d'experts indépendants remis en septembre à Barack Obama, qui avait demandé l'étude de plusieurs scénarios pour débloquer la situation.
La Maison Blanche semble avoir choisi la solution la plus radicale : interrompre Constellation, qui a déjà coûté environ 9 millions de dollars, notamment pour la construction de la fusée Arès 1 et de la capsule Orion. C'est loin d'être la première fois qu'une administration arrête un programme en cours. Dans les années 1990, Bill Clinton avait mis fin au projet de station spatiale Freedom, qui avait englouti 11 milliards de dollars en études préalables.
Ce précédent ne devrait pas suffire à calmer la colère des partisans de Constellation, à en juger par la virulence des réactions suscitées par une décision non encore officielle. Au Congrès, la bataille du budget de la NASA s'annonce d'autant plus rude que la commission concernée a imposé récemment que toute modification du programme lunaire ne puisse avoir lieu sans son approbation. Nombre d'élus, pas seulement républicains, des Etats du Sud, où se trouvent les principaux centres spatiaux, tenteront tout pour sauver les emplois menacés par cette décision.
Navettes à la retraite
L'administration Obama n'entend pas leur laisser dire que la mort de Constellation enterre l'exploration humaine de l'espace. Mais il faudra convaincre que les Américains ne désertent pas les cieux. Pour la première fois, leur accès à l'espace devrait être assuré par le secteur privé. Six milliards de dollars doivent être consacrés, sur cinq ans, à stimuler les firmes qui construiront les fusées capables de remplacer les navettes spatiales, qui prendront leur retraite à la fin de l'année. Et de transporter hommes et matériels vers la Station spatiale internationale (ISS) en voie d'achèvement. Celle-ci apparaît comme la gagnante de l'opération, puisque sa durée d'utilisation est prolongée de cinq ans, jusqu'à 2020.
Mais elle ne peut constituer un but en soi. La NASA devrait se voir attribuer une gamme d'objectifs ambitieux et "souples", selon les préconisations de la commission d'experts : des visites de plus en plus lointaines à des astéroïdes ou à des points stratégiques de la lointaine banlieue terrestre, qui n'excluent pas un saut de puce vers la Lune, mais qui ne l'imposent pas non plus, avant le grand voyage vers Mars.
http://www.lemonde.fr/planete/article/2 ... L-32280184